Accentuant les divisions dans un Venezuela au bord du gouffre, la nouvelle assemblée constituante, dotée de pouvoirs illimités, qui aura pour mission de réécrire la Constitution au profit du président socialiste Nicolas Maduro, s’est mise au travail samedi, au lendemain de son inauguration critiquée de toutes parts. La séance inaugurale de la controversée assemblée a eu lieu vendredi 4 août en présence de quelque 545 membres, et ce, malgré les critiques internationales et le rejet de l’opposition qui manifestait simultanément, laissant craindre de nouvelles violences. Surnommée « la tigresse » par le président Maduro pour sa défense passionnée de la « révolution bolivarienne », l’ex-cheffe de la diplomatie vénézuélienne, Delcy Rodriguez, a été élue présidente de la constituante. « Je promets de défendre la patrie de toute agression ou menace. La constituante ne vise pas à anéantir l’adversaire », a assuré la présidente de l’assemblée, affirmant que la constituante siégerait pour une durée maximale de deux ans. Une promesse que la constituante n’a pas tardé à enfreindre puisqu’elle a adressé un grand coup à l’opposition dès le début de ses travaux samedi en limogeant la procureure générale Luisa Ortega, une des principaux adversaires du président. « C’est une dictature ! Non seulement ils arrêtent les gens arbitrairement, mais ils les font juger par la justice militaire, et maintenant ils ne laissent pas entrer la procureure générale dans son bureau », a-t-elle assuré. Selon les experts, il est largement prévu que la constituante dissout le parlement dans le plus proche avenir pour en finir avec l’opposition. « Nous n’allons pas céder », a défié la coalition de l’opposition (MUD), appelant à des manifestations massives de par le pays. Déjà, une marche de l’opposition a été organisée dans tout le pays vendredi à l’inauguration de l’assemblée. « La lutte continue. La fraude que représente cette constituante met le pays sur la voie d’une explosion sociale. Ce processus est nul », a déclaré Henrique Capriles, l’un des chefs de l’opposition.
Tollé international
Loin de la colère de l’opposition, l’élection de la constituante, entachée par des violences qui ont fait dix morts, a suscité un grave tollé international, dont la condamnation inhabituellement ferme du Vatican. Outre la colère des Etats-Unis et l’Union européenne, les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de l’Argentine, de l’Uruguay et du Paraguay ont décidé cette semaine de suspendre politiquement le Venezuela du Mercosur, le Marché commun sud-américain, « pour rupture de l’ordre démocratique ». Le Venezuela est déjà mis à l’écart du Mercosur depuis décembre, pour des raisons commerciales, mais le Marché commun a cette fois invoqué la « clause démocratique » afin d’obtenir une plus grande répercussion politique. Cette clause n’avait été utilisée qu’une seule fois auparavant, en 2012, pour sanctionner le Paraguay après la destitution du président Fernando Lugo. Les pays fondateurs ont conditionné la levée de cette suspension à la libération des prisonniers politiques, la restauration des compétences du pouvoir législatif, la reprise du calendrier électoral et l’annulation de l’assemblée constituante.
Défiant les pays de l’Amérique du Sud, Maduro a assuré : « Le Venezuela ne sera pas exclu du Mercosur. Jamais. Notre âme, notre coeur, notre vie sont Mercosur ». Alors que la présidente de la constituante a défié : « Pour la communauté internationale, le message est clair : nous, les Vénézuéliens, résoudrons notre conflit, notre crise, sans aucune sorte d’interférence étrangère, sans aucune sorte de mandat impérial ». Selon les experts, il est vrai que le camp du président Maduro avait adressé un coup dur à l’opposition, pourtant, son pouvoir reste fort menacé à cause de ce déluge de pressions externes et internes .
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