Les manifestations de l'opposition ont dégénéré cette semaine en violents affrontements entre forces de sécurité
et manifestants.
(Photo : AFP)
De mal en pis. Telle est la situation au Venezuela, un pays enlisé depuis avril dernier dans une profonde crise politique entre le président socialiste Nicolas Maduro — attaché au pouvoir — et l’opposition de droite qui déclenche des manifestations quasi quotidiennes afin de le destituer. Un bras de fer qui a fait 92 morts en trois mois lors d’affrontements entre forces de sécurité et opposants. Et pourtant, les deux parties ne semblent pas disposées à rebrousser chemin coûte que coûte. Vendredi dernier, les manifestations ont dégénéré en violents affrontements entre forces de sécurité et manifestants de l’opposition à Caracas au lendemain d’une violente attaque du parlement — unique institution du pays contrôlée par l’opposition — par des militants favorables au président Maduro. Sept députés ont été blessés lors de cette attaque durant laquelle 300 élus et journalistes ont été séquestrés dans le bâtiment pendant neuf heures. De quoi susciter une vague de condamnations par l’Union Européenne (UE), les Etats-Unis, la France et l’Organisation des Etats Américains (OEA). « Cette violence est un assaut contre les principes démocratiques chéris par les hommes et les femmes qui se sont battus pour l’indépendance du Venezuela », a fustigé la porte-parole du département d’Etat américain, Heather Nauert, appelant le gouvernement vénézuélien à protéger le parlement. Pour se disculper de toute complicité dans cet assaut, Nicolas Maduro a promis une enquête rapide.
« Le président socialiste ne veut plus reconnaître que 80 % de son peuple exige son départ à cause de la crise économique qui secoue le pays. Dos au mur, il s’accroche au pouvoir et recourt à la politique du bâton car il a peur de subir le sort de son homologue brésilienne de gauche, Dilma Roussef, destituée en août dernier pour maquillage de comptes publics. En Amérique latine, l’opposition de droite saisit l’occasion des crises économiques pour discréditer la gauche aux yeux du peuple et prendre le pouvoir », explique Dr Hicham Mourad, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire.
Sûr du soutien de l’armée, Maduro défend sa chaise bec et ongles, menaçant de recourir à la force pour réprimer les manifestations. « Si le Venezuela se retrouvait plongé dans le chaos, nous irions au combat et ce qui n’a pas été possible avec les votes, nous le ferions avec les armes », a mis en garde le président, accusant les dirigeants de l’opposition d’encourager la violence pour permettre une intervention américaine dans son pays. Relevant de plus en plus le défi à l’opposition, le président socialiste a convoqué pour le 30 juillet l’élection d’une assemblée constituante, censée se substituer ensuite au parlement, dominé par son opposition. Une option rejetée par l’opposition qui la considère comme une manoeuvre pour s’accrocher au pouvoir.
Dans cette même optique, l’Eglise catholique vénézuélienne a accusé le gouvernement de Maduro d’être une « dictature » qui sera renforcée avec l’élection d’une assemblée constituante. « Il ne s’agit plus d’un conflit idéologique entre la droite et la gauche, mais d’une lutte entre un gouvernement devenu une dictature et tout un peuple qui réclame la liberté », a critiqué Diego Padron, président de la Conférence épiscopale vénézuélienne.
Une opposition incassable
Parallèlement, l’opposition ne montre aucune intention de fléchir. Elle a riposté à l’attaque du parlement, en perpétrant cette semaine une agression contre la Cour suprême, accusée de servir les intérêts du gouvernement. Dans le même temps, la célèbre procureure générale Luisa Ortega — voix dissidente du camp Maduro — a défié le pouvoir récemment en refusant de comparaître devant la Cour suprême qui devait décider de l’ouverture d’un procès à son encontre, pouvant mener à sa destitution. « Je ne vais pas me soumettre à ce tribunal inconstitutionnel et illégitime », a-t-elle déclaré. Dans un nouveau signe de défi, Mme Ortega a empêché l’entrée au ministère public de Katherine Haringhton, avocate chaviste nommée par le pouvoir comme vice-procureure et appelée à la remplacer si elle était destituée, qualifiant la nomination de Mme Haringhton d’« inconstitutionnelle, illégale et illégitime ».
Pour réprimer une opposition de plus en plus indomptable, Maduro a assigné samedi à résidence chez lui Leopoldo Lopez, l’un des plus emblématiques opposants, libéré après plus de trois ans d’incarcération. « Ni Maduro ni l’opposition n’ont l’intention de céder le pas. Pourtant, la tension ne peut pas rester plus longtemps. Deux scénarios sont possibles : le premier est que Maduro réussit à réprimer l’opposition et continue au pouvoir. Le second est que le président se trouve vendu par ses partisans et surtout par l’armée qui est son plus important soutien. Si l’armée trouve que la crise est hors contrôle, elle va vendre Maduro, car elle ne pourra pas tuer tout un peuple pour sauver un président », conclut Dr Mourad l Maha Al-Cherbini p Kenya Shebab Au moins neuf personnes ont été tuées par des djihadistes shebab présumés dans deux villages du sudest du Kenya proches de la frontière somalienne, ont annoncé samedi les forces de sécurité locales. Les attaques menées, selon la police, par des Shebab se sont déroulées dans les villages de Jima et Pandaguo, dans le comté de Lamu, théâtre fréquent des activités des djihadistes somaliens, affiliés à Al- Qaëda.
La semaine dernière, trois policiers avaient été tués dans l’attaque d’un poste de police à Lamu, attribuée par les autorités aux Shebab. Les Shebab ont juré la perte du fragile gouvernement central somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 22 000 hommes de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom). p Sénégal Campagne électorale La campagne électorale pour les élections législatives du 30 juillet prochain a été lancée dimanche 9 juillet avec un parterre de candidats ayant la lourde tâche de convaincre les électeurs. Le scrutin est marqué par la participation de 47 listes, contre 24 en 2012. Il vise à renouveler l’Assemblée nationale dont le nombre de sièges va passer de 150 à 165 après une révision constitutionnelle adoptée en mars 2016 et créant 15 députés pour représenter la diaspora. La campagne électorale, qui durera 18 jours, risque d’être mouvementée en raison de la crise de leadership au sein de partis politiques.
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