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Quand la Chine aspire à porter le flambeau

Abir Taleb avec agences, Jeudi, 08 juin 2017

Coïncidence des agendas, le sommet annuel UE-Chine s’est tenu vendredi à Bruxelles au lendemain de l’annonce américaine du retrait des accords de Paris sur le climat. L’occasion pour Pékin de se présenter comme un acteur prêt à prendre l’initiative dans le domaine du climat, comme dans d’autres.

Il l’avait promis au cours de sa campagne électorale, il l’a bel et bien fait. Le président américain, Donald Trump, s’est retiré des accords de Paris sur le climat, signés fin 2015 par 195 pays. Un retrait qui a largement déplu aux Européens, auxquels le président américain s’en est pris, les accusant de vouloir affaiblir l’économie américaine.

Et l’Administration Trump a tenu à se défendre avec acharnement suite à la vague de critiques qui a suivi l’annonce du président américain. « Le président a pris une décision très courageuse (…) Nous n’avons aucune raison de nous excuser », a défendu Scott Pruitt, administrateur de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), au moment où les pays européens s’affichaient, avec la Chine, comme les nouveaux porteurs de flambeau de la « diplomatie climat ». « La raison pour laquelle les dirigeants européens veulent que nous restions dans l’accord est qu’ils savent que cela va continuer à brider notre économie », a avancé M. Pruitt, dénonçant par ailleurs ceux qu’il a qualifiés d’« exagérateurs du climat ».

Mais au-delà des critiques internationales et des justifications américaines, la décision américaine risque de chambouler non seulement le climat de la planète, mais aussi, dans une certaine mesure du moins, l’ordre mondial. En effet, le retrait américain est tombé à pic pour la Chine, qui s’affiche désormais, avec l’Union Européenne (UE), comme les nouveaux porteurs de flambeau de la diplomatie climatique. Coïncidence ou non, l’UE et la Chine étaient réunies en sommet vendredi 1er juin, au lendemain de l’annonce du président américain. L’occasion pour les deux partenaires de clamer haut et fort leur engagement commun. « Aujourd’hui, nous accroissons notre coopération sur le changement climatique avec la Chine », a assuré le président du Conseil européen, Donald Tusk, à l’issue du sommet annuel UE-Chine.

« Notre partenariat (avec la Chine) aujourd’hui est plus important que jamais », a assuré le patron de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Et la lutte contre le changement climatique, « plus importante aujourd’hui qu’hier », a avancé le chef de l’exécutif européen en guise d’introduction. La Chine, plus discrète que l’UE sur le sujet vendredi à Bruxelles, s’est tout de même dit prête à « chérir le résultat chèrement gagné » à Paris. Toutefois, une déclaration conjointe et attendue n’a pas pu être signée en raison d’un désaccord sur le contentieux commercial, a confirmé une source européenne. Mais « il n’y a pas de problème ni avec le climat ni avec l’accord de Paris », a insisté cette source, citée par l’AFP.

Cela dit, de nombreux analystes se demandent aujourd’hui si Washington ne serait pas en train de pousser l’UE dans les bras de la Chine. Au-delà des questions relatives au climat et au commerce, le vide laissé par les Etats-Unis permettra à la Chine de prendre les devants sur la scène internationale. Ainsi, selon le New York Times, « les Chinois considèrent le comportement rude de M. Trump à l’égard de l’Europe comme un cadeau dont il faut profiter ». « Cela va aider Pékin à concrétiser son projet à long terme d’une alliance géostratégique entre la Chine et l’UE contre les Etats-Unis », analyse le journal. Cité par le journal, un professeur de relations internationales à l’Université de Pékin y voit même l’amorce possible d’une importante réorientation dans les relations triangulaires entre l’UE, les Etats-Unis et la Chine.

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