Les craintes d’escalade vont crescendo dans la péninsule coréenne, après que le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-Un, a ordonné cette semaine des préparatifs en vue de frappe de missiles vers le continent américain et les bases des Etats-Unis dans le Pacifique, en réponse à des vols d’entraînement de bombardiers furtifs B-2 américains à capacité nucléaire au-dessus de la péninsule coréenne. Dans une démonstration de soutien massif à cette éventuelle frappe contre les Etats-Unis, des dizaines de milliers de militaires et de civils nord-coréens ont défilé vendredi dans le centre de Pyongyang. « Ressortons les armes et les bombes pour notre très respecté leader Kim Jong-Un ! », ont scandé les manifestants, incitant les troupes nord-coréennes à lancer une « frappe sans pitié » sur le continent américain.
Mettant de l’huile sur le feu, la Corée du Nord a annoncé samedi qu’elle était « en état de guerre » avec le Sud. « A partir de maintenant, les relations inter-coréennes sont en état de guerre et toutes les questions entre les deux Corée seront traitées selon un protocole de temps de guerre », a déclaré Pyongyang.
Le Nord avait annoncé plus tôt ce mois-ci qu’il annulait l’armistice et les autres traités bilatéraux de paix signés avec Séoul pour protester contre les exercices militaires conjoints de la Corée du Sud et des Etats-Unis. Le communiqué du Nord avertit aussi que toute provocation militaire près des frontières terrestres ou maritimes entre le Nord et le Sud de la Corée entraînerait « une guerre totale et un conflit nucléaire ». Pyongyang a par ailleurs menacé de fermer le complexe industriel de Kaesong, une zone de coopération économique et industrielle entre les deux Corée. Selon les observateurs, ce n’est pas la première fois que la Corée du Nord annonce la fin de l’armistice. C’est pourquoi la plupart des experts minimisent ces menaces qui n’annoncent pas d’affrontement concret. « Mais que tout léger dérapage pourrait entraîner potentiellement une escalade rapide », mettent en garde les experts.
Le monde s’inquiète
Ces nouvelles menaces étaient en fait prises au sérieux par la communauté internationale, surtout Washington, Moscou, Berlin, Paris et Séoul qui ont appelé Pyongyang à cesser de jouer avec le feu. « Ce n’est pas vraiment une nouvelle menace — seulement un élément dans une série de menaces de provocation », a réagi le ministère sud-coréen de l’Unification. Pour sa part, le secrétaire d’Etat américain à la Défense, Chuck Hagel, a souligné que Washington ne se laisserait pas intimider par ces menaces et était prêt à faire face « à toute éventualité ».
Depuis début mars et l’adoption de nouvelles sanctions par l’Onu à l’égard de Pyongyang après un 3e test nucléaire, la Corée du Nord a menacé régulièrement Séoul et Washington de « frappes stratégiques » et de « guerre totale ».
Seule alliée de Pyongyang, la Chine a appelé samedi à des efforts conjoints pour réduire les tensions dans la péninsule coréenne. « Nous appelons les parties concernées à faire des efforts conjoints pour détendre la situation », a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei.
Dans une tentative d’apaiser les inquiétudes internationales, les experts ont estimé cette semaine très peu probable une guerre véritable — que le Nord est assuré de perdre — mais s’attendent à un geste de mécontentement du Nord, semblable au bombardement d’une petite île sud-coréenne en novembre 2010.
« Les Coréens du Nord sont aussi loin de fabriquer des têtes nucléaires qui pourraient équiper un missile intercontinental balistique », pronostiquent les experts.
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