A la dernière minute, Netanyahu a présenté son nouveau gouvernement au président Shimon Pérès.(photos: AP)
C’est seulement 48 heures avant la visite de Barack Obama à Tel-Aviv (du 20 au 22 mars) que le nouveau gouvernement israélien a prêté serment devant la Knesset.
Après 40 jours d’âpres négociations, le premier ministre, Benyamin Netanyahu, a présenté samedi 16 mars, à la dernière minute, son nouveau cabinet, après la prolongation forcée de deux semaines du délai initial de 28 jours.
En fait, « Bibi » n’a pu former son cabinet qu’après avoir réglé un ultime désaccord avec ses partenaires de coalition : le Yesh Atid (centre droit) et le Foyer juif (droite nationaliste religieuse). « Nous allons travailler ensemble dans ce nouveau gouvernement pour tous les citoyens d’Israël », a promis « Bibi », après avoir présenté son nouveau gouvernement au président Shimon Pérès.
Désormais, la prochaine majorité gouvernementale (68 députés sur 120) comprendra l’alliance Likoud-Israël Beiteinou (31 élus), Yesh Atid (19), le Foyer juif (12) et le parti centriste HaTnouha (6) de l’ancien chef de la diplomatie, Mme Tzipi Livni, qui a obtenu le ministère de la Justice.
Aux termes de ce pacte gouvernemental, les ministères-clés des Finances et de l’Education ont été attribués au Yesh Atid, qui récolte les fruits de sa spectaculaire percée aux législatives du 22 janvier, avec 19 élus sur 120. Le Foyer juif se voit attribuer le portefeuille du Commerce et de l’Industrie et celui du Logement, qui supervise les constructions dans les colonies juives dans les territoires palestiniens occupés.
Le Likoud devrait s’arroger les portefeuilles de la Défense et de l’Intérieur, et M. Netanyahu gérer les Affaires étrangères en attendant la fin du procès du sortant Avigdor Lieberman, son allié électoral et leader du parti Israël Beiteinou.
Face à une telle coalition qualifiée de « cauchemardesque » par la presse israélienne, les analystes prédisent un troisième mandat difficile pour « Bibi », sorti affaibli après d’âpres négociations avec ses collaborateurs. Netanyahu a en effet dû renoncer à ses « alliés naturels » : les ultra-orthodoxes du Shass (11 députés) et le judaïsme unifié de la Torah (7 députés) pour des partenaires plus turbulents.
« Ce n’est pas le gouvernement que voulait Netanyahu », résume le quotidien Haaretz, car « Netanyahu ne pourra pas acheter ses nouveaux alliés comme dans les coalitions précédentes », expliquent les analystes israéliens qui prédisent des temps difficiles pour la nouvelle coalition.
Obama s’annonce pessimiste
A la veille de sa visite en Israël, Obama a exprimé son désir de « travailler étroitement » avec le nouveau gouvernement israélien « pour régler les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés et faire avancer notre intérêt commun pour la paix et la sécurité », a affirmé la présidence américaine.
Mais Barack Obama entretient des relations tendues avec « Bibi » et a récemment fait part de sa crainte sur l’avenir des relations bilatérales. Le gouvernement de centre gauche américain est en effet très idéologiquement éloigné du nouveau gouvernement israélien, très conservateur. « La relation entre les deux pays et les deux peuples est si forte que les divergences finissent toujours par être surmontées », a néanmoins assuré le président américain.
Au coeur de la visite de Barack Obama se trouvent les ambitions nucléaires iraniennes. Avant de se rendre à Tel-Aviv, Obama a tenu à calmer « Bibi », estimant que la possession de l’arme nucléaire par l’Iran serait une « ligne rouge » pour les Etats-Unis. Il a ajouté qu’il estimait à « un peu plus d’un an » le délai nécessaire à l’Iran pour se doter de l’arme nucléaire.
« Nous ne voulons pas attendre le dernier moment. Toutes les options sont sur la table », a menacé Obama. Le président américain doit s’entretenir avec Netanyahu et le président palestinien, Mahmoud Abbas, pour tenter de relancer un processus de paix gelé, gel qui constitue un revers pour Obama qui en avait fait une priorité lors de son premier mandat.
Mais pour les analystes, le processus de paix a de fortes chances de ne pas reprendre, notamment après la nomination, dimanche 17, de l’ancien chef d’état-major, Moshé Yaalon, au poste de ministre de la Défense. Ce dernier, considéré comme un partisan d’une ligne dure sur la colonisation, est un farouche opposant à tout gel des constructions. Il a déjà annoncé qu’il allait renforcer la colonisation, selon les déclarations de son adjoint.
La composition du nouveau cabinet israélien est de mauvais augure pour le processus de paix. Il semble que les efforts de Barack Obama lors de sa visite resteront sans conséquence sur une éventuelle reprise d’un dialogue.
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