Les chefs des partis de l'extrême droite, avec à leur tête la Française Marine Le Pen, ont été les premiers à se réjouir de la victoire de Trump.
(Photo:Reuters)
C’est notre tour ». Tel est le refrain que semble aujourd’hui fredonner l’ensemble des partis de droite, voire d’extrême droite, européens. En effet, le succès inattendu de Trump aux élections présidentielles américaines du 9 novembre dernier arrive à point nommé pour les partis populistes européens, partageant la même vision que ce dernier, surtout à l’approche des échéances électorales dans des pays comme la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche.
D’ores et déjà, nombre d’analystes ont estimé que l’extrême droite sort dopée par la victoire de Trump, aujourd’hui jugée comme l’accélérateur du populisme européen. Les premières réactions ont d’ailleurs été bien franches. En France, où l’on estime que l’élection américaine aura sans doute un impact d’envergure sur la primaire à droite (20-27 novembre) et sur la prochaine présidentielle, la chef de file de l’extrême droite, Marine Le Pen, présidente du Front national — qui a toutes les chances d’être au deuxième tour de la présidentielle de 2017 — s’est félicitée d’une « bonne nouvelle ». Elle a été la première personnalité politique en Europe à féliciter l’élection de Trump, cela avant même l’annonce officielle des résultats. En Italie, Matteo Salvini, le jeune chef de la Ligue du Nord, parti anti-euro et anti-immigré proche du Front national français, a déclaré : « Trump nous a montré que l’on pouvait gagner contre tout et contre tous. C’est notre moment ». Ce pays s’apprête en effet à organiser un référendum constitutionnel crucial le 4 décembre prochain, le jour même où l’Autriche pourrait se choisir un président d’extrême droite. Quant à la Hongrie, elle avait clairement souhaité une victoire de Donald Trump, lequel, pendant sa campagne, a cultivé sans attendre sa proximité avec la droite dure européenne et l’extrême droite, et n’a cessé d’évoquer le Brexit.
Les dirigeants européens sont donc inquiets. « Les même forces populistes et nationalistes, que ce soit sur l’immigration ou le libre-échange, ont une expression politique très forte au sein de l’Europe », souligne ainsi Heather Conley, du Center for Strategic and International Studies, cité par l’AFP, rappelant les nombreuses échéances électorales à venir. En effet, ces forces-là se voient confortées par l’arrivée au pouvoir d’un leader protectionniste et anti-migrants, au moment où le vieux continent peine à réguler l’arrivée des réfugiés et des migrants clandestins.
Un monde enclin aux extrêmes
Tout comme pour le Brexit, l’Europe ne s’était pas préparée à ce vote. Dans une réunion extraordinaire tenue dimanche soir à Bruxelles, sous la forme d’un « dîner informel », convoquée par la chef de la diplomatie de l’Union Européenne (UE), Federica Mogherini, les ministres européens des Affaires étrangères se sont certes efforcés de dédramatiser les relations avec la future Administration Trump, plaidant pour un « partenariat très fort » avec Washington et réaffirmant leur volonté de faire entendre la voix de l’Europe ; mais leur inquiétude était palpable. D’ailleurs, Mme Mogherini a aussi souligné avec ironie l’absence du Britannique Boris Johnson, qui avait plaidé pour le Brexit, et dont la ressemblance avec Trump est visible.
L’élection de Trump, qui fait suite au Brexit, pourrait donc être une aubaine pour l’extrême droite européenne, qui a tout intérêt à voir la vague anti-multiculturaliste et altermondialiste déferler. Déjà, Marine Le Pen a déclaré que ces deux grands événements marquent la décadence des élites politiques et l’émergence d’un « monde nouveau », qui serait enclin aux extrêmes. Dominique de Villepin, ancien premier ministre et ministre français des Affaires étrangères, a déclaré que la victoire du candidat républicain représentait « l’effritement des démocraties classiques » et « la montée des populismes, des mécontentements et d’un vote anti-système ».
Ce qui est sûr, c’est que le choix britannique pour une sortie de l’UE et le choix américain sont des phénomènes politiques de même nature : un vote contre la mondialisation sous sa forme actuelle. Mais c’est aussi et surtout un vote anti-immigration, un vote raciste qui risque de pousser le reste du monde vers davantage de radicalisation, alors que l’extrémisme islamiste prolifère également. Une montée de tous les extrêmes qui n’est pas sans rappeler l’ambiance de l’entre-deux guerres .
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