«
j’accepte avec humilité et gratitude votre nomination pour la présidence des Etats-Unis », a déclaré Donald Trump. En effet, sa nomination en tant que candidat du Parti républicain aux élections présidentielles américaines a été acceptée officiellement jeudi dernier. Il s’agit désormais du rival officiel du Parti démocrate représenté par Hillary Clinton. Trump a abordé des sujets tels que la loi et l’ordre, la sécurité nationale, l’immigration, le commerce, la réduction des impôts et la menace terroriste. Concernant l’immigration, l’attentat de Nice a constitué une nouvelle occasion pour Trump de se présenter comme un homme à poigne. Il en a profité également pour dénoncer le laxisme ou l’incompétence supposé du président Obama face à la menace djihadiste.
Si son slogan « Make America Great Again » résonne sur tous les plateaux de télévision, ondes radio et réseaux sociaux, son site de campagne manque cependant de contenu concernant des positions précises et développées au sujet de la politique étrangère. Ses propos restent évasifs même si le ton reste convaincant. La vision de Trump ouvre la porte à une réflexion quant à la tenue actuelle de la politique étrangère. Son attitude face à certains dossiers de politique étrangère pose également la question quant à la profondeur de son analyse et à ses éventuelles politiques dans l’avenir. Concernant le Moyen-Orient, il préconise l’envoi de 20 000 à 30 000 militaires pour combattre l’organisation de l’Etat Islamique (EI). Si sa vision de l’Iraq paraît difficilement contestable, le flou et l’incohérence de certains de ses propos laissent songeur. En outre, sur son site de campagne, Donald Trump prétend qu’il restera aussi neutre que possible dans le cadre des négociations entre Israël et Palestine, tout en répétant aux Israéliens qu’il est « very pro-Israël ». Trump a par ailleurs ouvertement critiqué l’Administration Obama et l’Onu, estimant qu’un accord imposé par l’organisation au sujet du conflit israélo-palestinien serait un désastre total, s’engageant à y poser son veto s’il devient président. Pour lui, l’accord doit se faire uniquement entre Israéliens et Palestiniens avec l’aide éventuelle des Etats-Unis comme facilitateur des négociations. Cependant, il ne donne pas de stratégie concrète quant à la résolution du conflit.
Il a également souligné que l’Arabie saoudite est le plus grand fondateur de terrorisme dans le monde et qu’il souhaite démanteler le plus grand réseau de terreur qui prend source au Moyen-Orient.
Il existe donc bel et bien un programme de politique étrangère dans les déclarations de Trump, peu développé soit-il. Si la popularité de Trump ainsi que sa légitimité en tant que candidat véritable à l’investiture ne sont plus à démontrer, sa crédibilité longtemps jugée douteuse, voire risible, a finalement joué en sa faveur. Ses chances d’accéder à la présidence deviennent de plus en plus grandes. C’est une crainte exprimée par plusieurs analystes qui aura des conséquences non négligeables sur la politique internationale.
Outre le contexte mondial dont tente de tirer profit Trump, les bavures des Démocrates jouent en sa faveur. Mais la révélation de messages de responsables critiquant Bernie Sanders, perdant des primaires, a bouleversé la méticuleuse organisation, poussant la présidente du parti à la démission.
En effet, un scandale a éclaté juste avant la tenue du congrès des Démocrates, lundi dernier, après la publication par le site Wikileaks de près de 20 000 messages échangés de janvier 2015 à mai 2016 et piratés des comptes de sept responsables du Parti démocrate, dont le directeur de la communication et le directeur financier. Déjà sur la sellette, Debbie Wasserman Schultz, présidente du parti, n’a pas résisté à la controverse et a annoncé dimanche dernier sa démission à compter de la fin de la convention, poussée dehors au nom de la paix au sein du parti.
Robby Mook, directeur de campagne d’Hillary Clinton, s’est dit « troublé » que des « experts estiment que les Russes diffusent ces courriels dans le but d’aider Donald Trump », sous-entendant que Moscou essayait d’influencer les élections américaines. Il a fait le lien avec la déclaration de Donald Trump sur l’Otan, la semaine dernière, lorsqu’il a dit que sous sa présidence, les Etats-Unis n’interviendraient pas automatiquement pour protéger les Etats baltes en cas d’agression. La polémique pourrait continuer dans les prochains jours, risquant d’assombrir l’investiture d’Hillary Clinton, qui prononcera son grand discours le dernier soir, ce jeudi. Cette instabilité dans le Parti démocrate permettra au candidat républicain encore une fois d’en profiter pour gagner des points face à sa rivale.
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