Des milliers de Nord-Coréens ont célébré le tir nucléaire malgré la misère et la faim. (Photo : Reuters)
Jusqu’où peuvent aller les tensions qui résultent des essais nucléaires de la Corée du Nord ? Personne ne souhaite pour l’instant prononcer le mot « guerre ». La Corée du Nord, soucieuse de s’afficher en tant que puissance nucléaire, vient en effet d’effectuer un troisième essai nucléaire la semaine dernière (après ceux de 2006 et 2009), un essai fermement condamné par la quasi-totalité de la communauté internationale.
Pyongyang a par ailleurs laissé entendre samedi 16 février qu’il procéderait à un nouveau tir de missile à longue portée très prochainement, avant d’autres tirs cette année. L’analyse d’images satellites publiées vendredi 15 par le site web spécialisé « 38North » montre une activité sur un site de lancement de fusées qui semble indiquer que des préparatifs sont en cours pour un nouveau lancement.
Le dernier essai effectué la semaine dernière était d’une puissance bien supérieure aux deux précédents. De quoi exacerber les inquiétudes de la communauté internationale qui, dans un concert de condamnations, a annoncé plusieurs sanctions.
Sanctions peu dissuasives
La Corée du Nord affirme que ces sanctions ne la feront pas céder, prévenant ouvertement que son récent essai n’était qu’une « première » étape. Elle a menacé d’actions « plus fortes » si davantage de sanctions étaient prises à son encontre. « Si les Etats-Unis compliquent la situation avec leur hostilité persistante, nous n’aurons pas d’autre choix que de mener de nouvelles actions », a lancé le ministère nord-coréen de la Défense. Selon les experts, la Corée du Nord recourt à ces essais afin de montrer ses muscles pour forcer les Etats-Unis à revenir à la table de négociations sur le programme nucléaire et les obliger à renoncer à leur politique, considérée par Pyongyang comme visant à faire changer le régime en place. Il s’agit aussi d’une sorte de chantage auprès de la communauté internationale, afin d’obtenir certains avantages en échange d’un ralentissement de ces essais. L’économie nord-coréenne étant en ruine, le nucléaire est la seule carte dont dispose actuellement le régime stalinien pour faire pression sur l’Occident.
Soutenant leur régime, plus d’une centaine de milliers de soldats et de civils nord-coréens se sont rassemblés vendredi 15 à Pyongyang pour célébrer l’essai nucléaire et fêter le courage « sans pareil » du dirigeant Kim Jong-Un.
Washington parle de provocation
Dans une tentative d’empêcher de nouveaux essais nucléaires, le gouvernement américain a demandé samedi 16 à la Corée du Nord de s’abstenir de tout nouvel acte de provocation, selon la porte-parole du Département d’Etat, Victoria Nuland. En outre, les deux Chambres du Congrès américain ont adopté vendredi dernier une résolution condamnant le gouvernement de la Corée du Nord pour son dernier essai nucléaire. Face aux provocations nordcoréennes, Séoul a, pour la première fois, dévoilé le fait de disposer d’un nouveau missile de croisière capable de frapper « n’importe quelle cible » chez sa voisine du Nord avec précision. « Ce missile est suffisamment précis pour cibler la fenêtre des bureaux du haut commandement au Nord », a défié le porte-parole du ministère, Kim Min-Seok.
Par ces déclarations, Séoul fait d’une pierre deux coups : d’une part, il menace ouvertement Pyongyang, et d’autre part, il calme les craintes de son peuple inquiet de voir le Nord dépasser de loin Séoul sur le plan militaire. Réuni en urgence la semaine dernière, le Conseil de sécurité de l’Onu — dont la présidence tournante est assurée par la Corée du Sud en février — a « fermement condamné » ce nouvel essai.
Sur le même registre, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a assuré Séoul du soutien américain et a « réitéré l’engagement américain » de le défendre contre toute agression. « Nous allons continuer à effectuer des exercices, nous allons continuer à déployer des forces dans la région », a assuré Panetta.
La Chine « fermement opposée » au test
Ces essais nucléaires ont déjà valu à Pyongyang toute une série de sanctions internationales depuis 2006 : gel d’avoirs appartenant à des entreprises nord-coréennes ou interdiction de voyager pour des responsables du régime. Une décision sur de nouvelles sanctions dépendra largement de la Chine, seul allié de poids de Pyongyang, qui s’est toujours efforcée de protéger son voisin car elle redoute un effondrement du régime stalinien.
A rude épreuve, l’alliance Pékin- Pyongyang devient avec les jours une épine dans le pied de la diplomatie chinoise. Bien que celle-ci ait réitéré cette semaine sa « ferme opposition » au test, elle a évité d’utiliser le terme de « condamnation ».
Tant que Pyongyang est sûr du soutien chinois, nul ne pourra l’obliger à stopper ses menaces nucléaires et le scénario de l’embrasement de la péninsule sera toujours à craindre.
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