Lors des célébrations, Ahmadinejad a soutenu la position du Guide suprême sur le nucléaire.
(Photo: AP)
Ni la crise économiqueécrasante qui frappe le pays ni la tension persistante avec Washington autour du nucléaire n’ont empêché des centaines de milliers d’Iraniens de célébrer, dimanche, en pompe, à Téhéran et dans toutes les villes, le 34e anniversaire de la Révolution islamqiue. Relevant les drapeaux iraniens, les manifestants ont scandé également des slogans : « Mort àl’Amérique ! » et « Mort àIsraël ! ». En fait, l’anniversaire de cette année intervient dans un contexte particulier en pleine crise économique à cause des sanctions, et alors que la crise nucléaire est à son comble entre Téhéran et Washington.
Ce qui n’augure rien de bon pour le nouveau round de discussions entre Téhéran et l’Agence internationale de l’énergie atomique, le 13 février, et pour la nouvelle réunion entre Téhéran et les six puissances, le 26 février au Kazakhstan.
Ces deux rencontres sont désormais vouées à l’échec après le rejet catégorique, vendredi, par le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, de l’offre de dialogue bilatéral présentée « pour la première fois » par Washington. Cette offre faite par le secrétaire d’Etat américain, Joe Biden, a été imprévisiblement rejetée par le régime iranien qui a tant souhaité un dialogue direct avec Washington. Réaction inattendue qui a choqué la communauté internationale, en premier lieu Washington. Soutenant la position du Guide en matière nucléaire, le président iranien, Ahmadinejad, a appelé dimanche les Iraniens à rester unis derrière le Guide suprême qui a le dernier mot sur les activités nucléaires.
« La proposition américaine pour un dialogue bilatéral avec l’Iran sur le dossier nucléaire est un changement de ton nécessaire mais pas suffisant. Vous avez tout fait pour nous empêcher de devenir un pays nucléaire et vous avez échoué», a défié Ahmadinejad, tout en appelant à un dialogue « dans le respect » et non « sous la pression ». Selon les analystes, ce refus iranien puise ses sources dans la méfiance traditionnelle de Téhéran qui pense que l’administration américaine veut lui tendre un piège par une telle offre.
« Il n’est pas possible d’entamer des discussions directes avec les Etats-Unis, alors que depuis trente-quatre ans ils exercent des pressions sur notre pays », a déclaré le numéro un du régime, Ali Khamenei. Plus important encore, ce refus se justifie par la récente dualité de la politique américaine vis-à-vis du régime des mollahs : Washington a alourdi cette semaine ses sanctions économiques contre l’Iran quelques jours seulement après une « offre sérieuse » de Joe Biden sur un nouveau round de négociations interrompues depuis juin 2012 entre Téhéran et le groupe 5+1 (Etats- Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne).
En fait, l’offre de Washington est une première depuis plus de trois décennies, même s’il y a eu, dans le passé, des rencontres bipartites entre les représentants des deux pays sur des questions régionales, comme celles posées par la guerre de 2003 avec l’Iraq de Saddam et celle de l’Afghanistan. Justifiant sa position catégorique, le Guide suprême a affirmé cette semaine que seuls les naïfs pourraient croire à la sincérité des Américains alors que le régime des sanctions pèse lourdement sur l’économie iranienne.
« L’Iran n’acceptera pas de négocier avec celui qui nous menace par des pressions », a affirmé Khamenei sur un ton inflexible estimant que Washington donne des « signaux contradictoires et incompréhensibles ». Avec ces signaux contradictoires, il semble que l’administration américaine suit la même tactique iranienne, adoptant une stratégie à « double voie » consistant à imposer des sanctions économiques de plus en plus dures contre Téhéran, tout en essayant de l’amener à la table des négociations.
Sanctions plus lourdes
Confirmant l’alourdissement des sanctions contre Téhéran, le Trésor américain a affirmé que ces nouvelles sanctions visaient à restreindre, un peu plus encore, l’accès de l’Iran aux revenus pétroliers. « Tant que l’Iran ne répondra pas aux inquiétudes de la communautéinternationale sur son programme nucléaire, les Etats-Unis renforceront leurs sanctions et intensifieront leur pression économique », affirmet- on. Ces nouvelles sanctions devraient empêcher les autorités iraniennes d’utiliser les revenus pétroliers détenus dans des institutions financières et surtout de « rapatrier » ces fonds en Iran.
Le Trésor a également annoncé avoir inscrit sur sa liste noire quatre entités et un individu, accusés de « restreindre la libre circulation de l’information » en Iran et dont les éventuels avoirs et activités aux Etats-Unis seront gelés. La cyberpolice iranienne a elle aussi été ajoutée à la liste noire américaine. En fait, ces sanctions américaines et internationales plongent le pays dans une grave crise économique et ont réduit les exportations pétrolières à un niveau historiquement bas.
L’inflation est fabuleuse et la monnaie iranienne perd chaque jour de sa valeur. Malgré ces menaces économiques, une récente enquête réalisée depuis les Etats-Unis a affirmé cette semaine que 63 % des Iraniens interrogés ressentaient les effets des sanctions, notamment le manque de médicaments, mais continuaient à soutenir le programme civil nucléaire de Téhéran.
Lien court: