A la veille du sommet, la Maison Blanche avait indiqué que Barack Obama n’avait pas prévu de rencontre bilatérale avec le chef de l’Etat turc, une sorte de rebuffade de la part de Washington envers Recep Tayyip Erdogan sur fond de tensions liées aux droits de l’homme, à la liberté de la presse et surtout à la crise syrienne, notamment depuis qu’Ankara a attaqué des combattants kurdes soutenus par Washington dans le cadre de sa lutte contre Daech. La rencontre entre les deux chefs d’Etat a finalement eu lieu, mais dans un climat des plus tendus. Et pour cause, Washington et Ankara se heurtent en premier lieu sur la crise syrienne.
Au lendemain de la rencontre, M. Obama a dénoncé en des termes forts « le chemin très inquiétant » pris par son homologue turc et allié, Recep Tayyip Erdogan, en matière de liberté de la presse en Turquie. Et son homologue de se dire « attristé » par ces propos. « Je suis attristé par le fait que ces commentaires ont été faits en mon absence », a déclaré dimanche M. Erdogan à des journalistes turcs à Washington, alors que se terminait sa visite aux Etats-Unis.
En fait, les relations entre Ankara et Washington sont tributaires de questions cruciales, loin des prétextes des droits de l’homme avancés par le président américain. Car en toile de fond, c’est surtout la Syrie qui est en question. Le président turc s’était rendu à Washington pour appeler la communauté internationale à soutenir l’action de son gouvernement contre les séparatistes kurdes, estimant que le terrorisme kurde est aussi dangereux que Daech. Alors que Washington soutient les combattants kurdes à l’intérieur de la Syrie. Ce sont donc des visions opposées qui se font face au moment où se profilerait une entente russo-américaine sur le règlement de la crise syrienne, dont les contours ne sont pas encore clairs.
Ainsi, au moment où les relations entre Ankara et Washington sont perturbées à cause de la crise syrienne, la Russie a accusé cette semaine la Turquie d’armer Daech en Syrie à travers des ONG turques qui passeraient de l’équipement en contrebande. Pour calmer ses relations perturbées avec son allié américain et se disculper des accusations russes, Ankara a bombardé samedi des positions de Daech en Syrie près de la ville d’Azaz, au nord.
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