Le bras de fer entre la Corée du Nord et la communauté internationale s’est gravement durci cette semaine, suite aux nouvelles sanctions élargies imposées par le Conseil de sécurité de l’Onu après le tir nord-coréen du 12 décembre. Dans cette nouvelle résolution, le Conseil de sécurité s’est déclaré résolu à prendre des mesures décisives en cas de nouvelle infraction nordcoréenne. Pour sa part, Washington a pris de nouvelles mesures de rétorsion à l’encontre des entités ou individus que les Etats-Unis accusent de contribuer au programme nucléaire militaire de Pyongyang. Le gouvernement américain précise que ces mesures découlent de la mise en oeuvre de la résolution 2087 du Conseil de sécurité votée après le tir nord-coréen du 12 décembre. Ce texte est le fruit d’intenses tractations entre Washington et Pékin qui l’a voté bien qu’il ait plaidé pour une simple déclaration.
L’approbation de ce texte par Pékin était un coup dur à Pyongyang, car la Chine est le principal partenaire économique du régime stalinien, et elle est considérée comme le seul pays à avoir une influence sur le régime de Pyongyang. Selon les analystes, l’approbation de la Chine de ces nouvelles sanctions traduit la lassitude et l’impuissance de ce pays à influer sur son allié et ses ambitions nucléaires qui peuvent embraser la péninsule et toute la région. Désormais, Chinois et Américains sont d’accord sur le fait qu’un nouvel essai nucléaire serait inquiétant et un pas en arrière dans les efforts entrepris pour dénucléariser la péninsule coréenne. Bien que la Corée du Nord ne survive économiquement que grâce au soutien chinois et à l’aide internationale, elle a bafoué cette semaine ces nouvelles menaces, annonçant samedi son intention de procéder à un nouvel essai nucléaire « de haut niveau » « à la demande du peuple », en signe de défi aux Etats-Unis, son « ennemi juré », et en réponse aux nouvelles sanctions. « Ces sanctions sont une déclaration de guerre contre nous », a estimé de hauts responsables nord-coréens.
« Les satellites à longue portée que nous continuerons de lancer et l’essai nucléaire de haut niveau auquel nous procéderons visent notre ennemi juré, les Etats-Unis », a annoncé la Commission nord-coréenne de défense nationale, alors que le jeune dirigeant Kim Jong-Un a affiché, dimanche, sa résolution de prendre des mesures importantes au regard de la situation grave sur la péninsule, en allusion au nouvel essai nucléaire. Pourtant, la date à laquelle cet essai sera réalisé n’a pas été encore fixée. Selon les experts, le terme « essai de haut niveau » pourrait signaler que la Corée du Nord entend faire exploser une bombe à l’uranium hautement enrichi, alors que les précédentes étaient composées de plutonium. Si Pyongyang procède à un nouvel essai nucléaire, ce serait le troisième, après ceux de 2006 et 2009 qui répondaient déjà à l’époque à des sanctions votées à l’Onu après des tirs de fusée.
« Représailles physiques »
Mettant de l’huile sur le feu, Pyongyang a menacé samedi sa voisine du Sud de « représailles physiques » si elle s’associait aux sanctions votées la semaine dernière par le Conseil de sécurité. « Si les traîtres du régime fantoche en Corée du Sud participent directement aux soi-disant sanctions des Nations-Unies, de sévères représailles physiques seront prises », a prévenu le Comité nord-coréen pour la réunification pacifique de la patrie. Rejetant ces défis, Washington a immédiatement dénoncé les menaces nordcoréennes, les qualifiant de « provocation inutile », soulignant qu’un nouvel essai nucléaire constituerait une sérieuse violation des sanctions des Nations-Unies et isolerait davantage encore Pyongyang. Le secrétaire à la Défense, Leon Panetta, a souligné, de son côté, que les Etats-Unis étaient « pleinement préparés » pour faire face à un tel test.
Partageant la colère américaine, la Chine a lancé une rare mise en garde à Pyongyang, prévenant qu’elle n’hésitera pas à réduire son aide à la Corée du Nord si elle procède à un nouvel essai nucléaire. La Chine a bien plus appelé toutes les parties à la retenue, afin d’oeuvrer à la reprise des pourparlers à six, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hong Lei. Selon les experts, les critiques de la Chine à l’égard de la Corée du Nord, assez inhabituelles, démontrent la volonté de Pékin de se démarquer des agissements d’un Etat paria, même si le géant asiatique ne fera probablement rien qui puisse mettre en danger le régime de Pyongyang. Les sanctions élargies du Conseil de sécurité ne suffiront pas à infléchir la détermination de la Corée du Nord à poursuivre la voie nucléaire, mais Pyongyang risque de tiquer devant le soutien que leur a apporté la Chine. « Elles ne sont qu’une petite tape sur la main. Mais le Nord pourrait être contrarié que la Chine ait cédé à la pression des membres du Conseil de sécurité et ait accepté la résolution », estime Kim Yong-Hyun, professeur à l’Université sud-coréenne de Dongguk.
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