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Afghanistan: Obama et Karzaï discutent l’après-2014

Maha Al-Cherbini avec agences, Lundi, 14 janvier 2013

Lors de ses entretiens avec son homologue afghan Hamid Karzaï aux Etats-Unis, le président américain Barack Obama a décidé de changer la mission de ses « boys » dès ce printemps. Reste à préciser le nombre de soldats américains qui resteront dans le pays après 2014.

Obama
Les deux présidents ont décidé de restreindre la mission des soldats américains dès ce printemps. (Photos: Reuters)

Dans la perspective du retrait des troupes de l’Otan du « cimetière afghan » fin 2014, le président afghan Hamid Karzaï s’est rendu cette semaine aux Etats- Unis pour discuter avec son homologue américain de la question cruciale du nombre de soldats américains amenés à rester dans le pays avec le début 2015. A la veille de sa rencontre avec le président Obama vendredi, Hamid Karzaï s’est entretenu avec la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, et le chef du Pentagone, Leon Panetta, qui a fait état de « très bons progrès sur toutes les questions-clés concernant l’avenir de l’Afghanistan », assurant à son hôte l’engagement complet des Etats-Unis aux côtés d’un Afghanistan « souverain » qui puisse « assurer seul sa sécurité » après 2014. Passant au point d’orgue de sa visite, le président afghan a rencontré son homologue américain, vendredi pendant plus de deux heures et demie à la Maison Blanche.

Les deux présidents ont discuté de la possibilité d’une présence militaire américaine après 2014, qui soit tenable, qui soutienne une armée afghane capable et efficace et qui continue à maintenir la pression sur ce qui reste d’Al-Qaëda et de ses groupes affiliés. A ce propos, une décision importante a été prise : la mission des soldats américains en Afghanistan changera dès ce printemps pour se concentrer sur la formation et l’entraînement de l’armée afghane, a annoncé le président Obama lors d’une conférence de presse commune avec son homologue afghan. « A partir de ce printemps, nos soldats auront une mission différente : former, conseiller, assister les forces afghanes. Ce sera un moment historique et une nouvelle étape vers une souveraineté pleine et entière pour les Afghans », a précisé M. Obama, rajoutant que l’armée afghane doit désormais se défendre seule face aux talibans. Car l’Otan et les forces afghanes n’ont jamais réussi à mater l’insurrection islamiste, et beaucoup d’observateurs redoutent le retour au pouvoir des talibans après 2014. Pourtant, les analystes voient dans cette décision une tentative de la part d’Obama pour retirer ses « boys » des opérations militaires pour les protéger contre les attentats talibans. Obama n’a-t-il pas avoué il y a quelques jours : « A quoi bon les soldats américains perdent leur vie alors que les forces afghanes sont capables de protéger leur pays ? ».

Se félicitant de cette décision américaine, Hamid Karzaï y a vu une occasion de donner enfin la chance aux forces afghanes de prendre la relève. « Je suis très heureux car les forces afghanes seront enfin pleinement responsables de la sécurité et de la protection du peuple afghan et que les forces internationales, les forces américaines ne seront plus présentes dans les villages », s’est félicité Karzaï, promettant que les progrès accomplis en Afghanistan grâce à l’aide des Etats-Unis dans la décennie écoulée seraient protégés après la fin de la mission de combat de l’Otan en 2014. L’Otan compte 100 000 soldats en Afghanistan, dont les deux tiers sont des Américains.

Un accord très proche

Alors que des responsables des deux pays laissaient entendre depuis quelques jours qu’une décision pourrait effectivement être annoncée à l’issue de la visite sur le nombre exact des soldats qui vont rester après 2014, M. Obama a affirmé vendredi que l’étendue et la nature de toute possible présence américaine après 2014, les protections juridiques pour les forces américaines et la coopération de sécurité entre les deux pays devraient être « très prochainement » précisées dans « un accord de sécurité bilatéral ». Selon les experts, M. Obama, qui va entamer dans une semaine son second mandat de quatre ans à la tête de la première puissance mondiale, doit élaborer très rapidement cet accord. « Je suis sûr que l’Afghanistan et les Etats-Unis trouveront les modalités d’un accord bilatéral sur la sécurité, qui défendent les intérêts des deux pays », a affirmé le président afghan qui souhaite le maintien de troupes américaines dans son pays afin d’appuyer les forces afghanes.

En fait, le Pentagone, qui doit faire face à de sérieuses coupes budgétaires, prévoit de réduire à 3 000, 6 000 ou au maximum 9 000 hommes sa présence en Afghanistan après 2014, avançait il y a quelques jours le Wall Street Journal. Samedi, M. Obama a justifié ces estimations par le fait que l’objectif des Etats-Unis en Afghanistan, qui est d’empêcher des attaques d’Al-Qaëda depuis ce pays, est à « portée de main ». « Notre objectif central est maintenant à portée de main : s’assurer qu’Al-Qaëda ne pourra plus jamais utiliser l’Afghanistan pour lancer des attaques contre les Etats-Unis », a déclaré samedi M. Obama. Evoquant l’option « Zéro soldats américains » après 2014, le président Obama a prévenu cette semaine qu’une éventuelle présence de soldats américains sur le sol de l’Afghanistan après 2014 « n’était envisageable que si Kaboul acceptait de leur accorder l’immunité juridique ».

Cette immunité devra être inscrite dans l’« accord de sécurité bilatéral » qui reste à conclure entre les Etats-Unis et l’Afghanistan, a précisé M. Obama. Comme il l’a fait pour l’Iraq, M. Obama veut clore la plus longue intervention militaire américaine et étudie la possibilité de ne laisser « aucun soldat » en Afghanistan après 2014, a lancé le conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Ben Rhodes. Au moment où le retrait international se profile à l’horizon, le défi taliban se radicalise en Afghanistan. Samedi dernier, l’un des chefs de l’insurrection afghane, Gulbuddin Hekmatyar, a mis en garde les troupes de l’Otan contre des attaques qui leur « serviront de leçon » avant leur retrait. « Avant le retrait des troupes d’invasion, les moudjahidines voudraient assister à une scène qui servira de leçon aux envahisseurs pour qu’ils ne pensent plus jamais revenir. Les troupes étrangères ont largement échoué en Afghanistan », a défié Gulbuddin Hekmatyar.

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