André Parant, ambassadeur de France en Egypte
«Depuis l’attaque contre Charlie Hebdo en janvier dernier, il y a eu un certain nombre de tentatives d’attentats qui ont été avortées. On savait qu’il y avait un risque important pour que de nouveaux attentats soient commis sur le sol français. Le niveau d’alerte des services de sécurité était très élevé. En même temps, personne ne s’attendait à des attaques d’une telle importance », explique S.E. M. André Parant, ambassadeur de France au Caire. Il affirme que plusieurs facteurs font de la France un pays exposé aux dangers du terrorisme. « Nous sommes un pays important qui est engagé dans un certain nombre de conflits et très engagé dans la lutte contre le terrorisme que ce soit en Afrique, au Proche-Orient ou ailleurs dans le monde ».
Mais il y a aussi le fait qu’un nombre important de jeunes Français quittent le territoire pour combattre en Syrie. « On sait qu’ils se radicalisent làbas et qu’à leur retour ils seront susceptibles de commettre des actions terroristes », estime le chef de la mission diplomatique française en Egypte. D’où le renforcement de la surveillance autour de ces personnes. « On savait donc que la menace était élevée, mais bien sûr, on ne pouvait pas savoir où ni quand les attaques allaient se produire ». La France a connu des attaques terroristes depuis les années 1980, mais ces dernières attaques ont une nouvelle forme. « Il n’y a jamais eu en France d’attaques d’une telle ampleur, faisant autant de victimes. Il n’y a jamais eu non plus d’attaques suicides sur le sol français », explique S.E. M. Parant. Alors si la France est plus visée que d’autres pays, c’est parce qu’elle est engagée depuis bien plus longtemps que ces derniers dans la lutte antiterroriste. Il reste confiant que le gouvernement français ne se soumettra pas « au chantage » des terroristes en arrêtant de combattre Daech. « Au contraire, cela ne fait que renforcer notre détermination de combattre le terrorisme dans la région », dit-il.
Il explique que le terrorisme actuel est peut-être lié à la Syrie, mais qu’il ne date pas de l’apparition de la crise syrienne. Reste qu’il existe une nécessité de trouver une solution politique. D’après lui, il y a eu des progrès lors des réunions sur le conflit syrien tenues récemment à Vienne, notamment « un accord sur les grandes lignes d’une éventuelle solution », mais la principale divergence porte sur le rôle de Bachar Al-Assad dans un règlement politique. « On espère que le processus de rapprochement se poursuivra pour trouver une solution acceptable, car l’alternative est que la guerre se poursuive avec son lot de victimes supplémentaires, ces flux migratoires incontrôlés vers l’Europe et cette vague de terrorisme qui risque de s’amplifier », estime l’ambassadeur français. A la question de savoir si le monde victime du terrorisme ne fait que payer le prix de l’invasion de l’Iraq, S.E. M. André Parant pense qu’une partie du problème remonte à cette période mais « qu’il n’est pas raisonnable de tout ramener à cela, car entre-temps, d’autres facteurs sont intervenus et ont contribué à cette déstabilisation ».
« La société française est tolérante »
En ce qui concerne les conséquences des attentats, notamment les craintes de la communauté musulmane en France sur d’éventuelles représailles à son encontre, l’ambassadeur français estime que « globalement, la société française est une société éduquée et tolérante » et que mis à part « des réactions individuelles isolées, les Français ont su jusqu’ici faire la part des choses en évitant les amalgames entre musulmans et terroristes, islam et extrémisme islamiste ». Pour les mesures prises par la France à la suite des attentats, S.E. M. André Parant dément formellement que la France ait fermé ses frontières. « Ce sont des rumeurs qui sortent de l’imagination et qui ne correspondent pas à la réalité », dit-il. Il explique qu’il y a un « rétablissement provisoire » du contrôle terrestre de l’entrée en France. Car depuis la mise en place de l’espace Schengen, il n’y a plus de frontières intérieures terrestres entre les différents pays, mais seulement des frontières aériennes. Autrement dit, les contrôles d’entrée terrestre se font jusque-là seulement aux frontières extérieures de l’espace Schengen. « Ce qui a été décidé en France en application de l’état d’urgence, c’est le retour du contrôle aux frontières terrestres et ce, pour une période provisoire, aussi longtemps que l'état d’urgence sera en vigueur et autant que la situation sécuritaire le nécessitera ».
L’ambassadeur français dément également les rumeurs selon lesquelles les visas Schengen ne seraient plus valables pour une entrée en France. Pour les personnes qui entrent par les frontières aériennes, il n’y a donc pas de changement. De même, il explique qu’il n’existe pas non plus de mesures restrictives concernant l’octroi de nouveaux visas. Et pour les dernières informations concernant les attentats, S.E. M. Parant estime qu’il faudrait rester « extrêmement prudent face aux informations et aux pseudo-informations diffusées un peu partout ». Il faudra attendre « les conclusions de l’enquête et ce que dira le procureur général de Paris ».
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