Les négociateurs sont d'accord sur le fait qu'il n'y a pas d'avenir pour une solution militaire en Lybie.
(Photos : reuters)
C’est sous l’égide de l’Onu que les négociations interlibyennes se tiennent actuellement à Skhirat, au Maroc, entre des représentants du parlement internationalement reconnu siégeant à Tobrouk (est) et ceux de l’Assemblée sortante, le Congrès Général National (CGN), que le gouvernement installé par la coalition de milices «
Fajr Libya » a réhabilitée à Tripoli. Entamé vendredi dernier, ce cycle de pourparlers a été prolongé de quelques jours et doit prendre fin ce mercredi.
Les deux rivaux doivent s’entendre sur des documents concernant un gouvernement d’unité nationale, les arrangements de sécurité et les mesures de confiance, selon Bernardino Leon, l’émissaire de l’Onu. La reprise du dialogue politique entre factions rivales en Libye a été saluée par des puissances européennes et les Etats-Unis. « Nous appelons les responsables politiques libyens à prendre leurs responsabilités, à énoncer clairement leur soutien au dialogue, et à exercer leur autorité sur les chefs des armées et des milices », a indiqué un communiqué conjoint publié samedi dernier par la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Le texte appelle les participants à faire preuve de bonne volonté pour parvenir à un accord sur un gouvernement d’union nationale et des arrangements pour un cessez-le-feu dès que possible.
Si la prolongation du dialogue a été perçue comme un signe positif, sur le terrain, la situation n’incite pas à l’optimisme. Des combats opposent, depuis vendredi dernier, les milices de la coalition Fajr Libya, à celles du gouvernement libyen internationalement reconnu, dans un secteur situé à 80 km au sud de Tripoli. Fajr Libya, qui contrôle la capitale depuis août dernier, a indiqué sur des réseaux sociaux que ses hommes avaient combattu un groupe hostile s’étant infiltré à Al-Aziziya. Les miliciens ont affirmé avoir saisi des équipements militaires et capturé « un certain nombre » d’assaillants. Le gouvernement de Tobrouk a annoncé de son côté que ses forces menaient des combats dans le cadre d’une « opération visant à libérer Tripoli ».
Pas de solution militaire
« Les négociations ont eu lieu sous la pression de l’Onu. Les camps rivaux ont été en quelque sorte contraints de s’asseoir autour d’une table de négociations, même si rien n’est réalisé. Cela dit, les discussions sont évidemment intrinsèquement liées à la donne militaire. C’est-à-dire que la partie la plus faible, militairement parlant, sera obligée de faire des concessions », explique Ziyad Aql, chercheur et spécialiste dans les affaires libyennes. Et d’ajouter : « Dans toute négociation, aucun progrès ne peut être réalisé sans concessions. C’est pour cela que les tentatives menées l’année dernière par les voisins de la Libye d’entamer des discussions n’ont pas abouti : aucun camp n’a voulu présenter la moindre concession ».
En fait, l’objectif de la communauté internationale à l’heure qu’il est est de privilégier le dialogue pour éviter le pire. Lors d’un entretien accordé au quotidien espagnol El Pais et diffusé samedi dernier, l’envoyé spécial de l’Onu pour la Libye, Bernardino Leon, a déclaré : « Dans les deux camps il y a des durs et des modérés. Les modérés souhaitent parvenir à un accord tandis que les durs préfèrent la solution militaire, ils veulent s’imposer à l’autre partie par la force ».
Livrée aux milices depuis la chute de Moammar Kadhafi en 2011 au bout de huit mois de révolte, la Libye est le théâtre de combats entre les différentes factions, mais aussi entre milices et forces pro-gouvernementales. Malgré cette situation compliquée, Leon précise que les négociateurs sont d’accord sur le fait qu’il n’y a pas d’avenir pour une solution militaire en Libye. « La Libye n’est pas divisée en deux camps, la Libye est morcelée », a-t-il indiqué.
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