Les manifestations ont éclaté tout au long du pays contre la présence des Houthis.
(Photo:Reuters)
Un soutien au président yéménite contre les Houthis. Voilà en bref ce qui est sorti de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’Onu sur le Yémen. Sans plus. La communauté internationale a une fois de plus fait preuve d’impuissance face au chaos qui règne au Yémen. Dans une déclaration unanime à l’issue d’une réunion d’urgence à New York, le Conseil de sécurité a réitéré dimanche soir son soutien au président Abd Rabbo Mansour Hadi, retranché à Aden, et brandi une vague menace de sanctions contre les Houthis.
Les 15 membres ont réaffirmé « leur engagement ferme en faveur de l’unité et de la souveraineté » du pays. Ils ont également appelé « tous les Etats membres à s’abstenir de toute ingérence qui attiserait le conflit et aggraverait l’instabilité », une référence apparente, mais implicite à l’Iran accusé de soutenir les Houthis. Le Conseil a « condamné les actions unilatérales menées par les Houtis » et les a menacés, s’ils ne relâchent pas l’emprise qu’ils ont désormais sur une bonne partie du pays, de « prendre de nouvelles mesures », un euphémisme pour désigner des sanctions, sans plus de précisions.
Dans une déclaration diffusée à l’issue de la réunion, l’ambassadrice américaine, Samantha Power, a averti que la population yéménite allait « subir les conséquences » d’une poursuite des hostilités : « près de 16 millions de personnes, soit 61 % de la population du Yémen, ont déjà grand besoin d’une aide humanitaire ».
Au-delà de ces paroles, rien de concret qui puisse calmer la situation au Yémen. La communauté internationale se contente de montrer à quel point la situation dans ce pays est grave. S’adressant au Conseil par vidéoconférence depuis le Qatar, l’émissaire de l’Onu Jamel Benomar a prévenu que le Yémen s’acheminait vers « une guerre civile » et risquait la « dislocation » avec « une division croissante entre le nord et le sud ». Il est « illusoire », a-t-il affirmé, de penser que les Houthis puissent s’emparer de l’ensemble du pays ou que le président Hadi puisse reprendre par la force le contrôle de la situation. Continuer les hostilités mènera « à un scénario libyen ou syrien » et la seule solution est politique, a-t-il ajouté.
Mais lors de consultations à huis clos, M. Benomar n’a pas suggéré de mesures — sanctions ou autres — susceptibles d’amener les belligérants à négocier, selon des diplomates cités par l’AFP.
Taez aux mains des Houthis
Or, pour le moment, la solution politique semble plus que jamais lointaine. Car sur le terrain, les miliciens chiites progressent vers le sud. Ils se sont emparés de l’aéroport de Taez, troisième ville du pays située sur la route entre la capitale Sanaa (nord), où ils ont pris le pouvoir en début d’année, et Aden, la principale ville du sud où est retranché M. Hadi.
Dans un discours télévisé, le chef de la milice chiite Abdel-Malek Al-Houthi a invité « le grand peuple du Yémen (...) à la mobilisation générale » et à s’enrôler dans sa milice, justifiant l’avancée de ses combattants vers le sud au nom de la lutte contre les extrémistes sunnites d’Al-Qaëda et du groupe Etat Islamique (EI). M. Houthi a également tiré à boulets rouges sur le président Hadi, l’accusant d’être « une marionnette aux mains des forces du mal, conduites par les Etats-Unis » et de fomenter un complot « financé par l’Arabie saoudite et le Qatar ». Dans son discours diffusé par Al-Masirah TV, la chaîne de sa milice, Al-Houthi a menacé de se retirer du dialogue politique parrainé par l’Onu et rejeté implicitement une offre de dialogue à Riyad, proposée par l’Arabie saoudite à la demande du président Hadi. « Le dialogue ne peut se poursuivre indéfiniment. C’est une mascarade et cela est inacceptable », a-t-il dit, avant de prévenir que « le peuple va se prendre en charge et laisser les forces politiques poursuivre leur dialogue improductif ». En outre, « le dialogue ne peut pas être placé sous le patronage d’une quelconque partie qui alimente les tensions au sein du peuple yéménite », a-t-il ajouté dans une allusion à l’Arabie saoudite.
Forts du soutien de militaires restés fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh (au pouvoir de 1978 à 2012), les Houthis semblent bien décidés à avancer vers Aden, où est retranché M. Hadi depuis sa fuite en février de Sanaa. La conquête de Taez permettrait aussi aux Houthis d’avancer vers le détroit stratégique de Bab Al-Mendeb, à l’embouchure du Golfe d’Aden et de la mer Rouge, une importante voie maritime pour le commerce international.
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