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Quatre ans après, la Syrie dévastée

Maha Salem avec agences, Lundi, 02 mars 2015

Malgré le refus de l'opposition, le médiateur de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, poursuit ses efforts afin de finaliser un accord sur une suspension des coj'ai mbats à Alep. En espérant l'étendre à d'autres régions du pays.

En Syrie, la politique des petits pas
La Syrie a été dévastée par 4 ans de conflit. (Photo:Reuters)

Une fois n’est pas coutume, l’opposition syrienne a infligé un véritable camouflet à l’émissaire de l’Onu. L’opposition militaire et politique dans la province d’Alep a ainsi rejeté dimanche dernier le plan du médiateur onusien en Syrie pour une suspension des combats à Alep, la grande ville du nord ravagée par la guerre. Elle exige un plan de règlement global du conflit.

Le médiateur de l’Onu s’était rendu à Damas pour une nouvelle mission destinée à finaliser un accord sur une trêve à Alep. Option refusée par l’opposition. « Nous refusons de rencontrer M. Staffan de Mistura si ce n’est pas sur la base d’une solution globale du drame syrien, qui passe par le départ d’Al-Assad et de son état-major et le jugement des criminels de guerre ». Ce sont les termes plutôt sévères du communiqué de la Commission des forces de la révolution d’Alep. Cette Commission, réunissant opposants et membres de la société civile d’Alep, s’est constituée en Turquie en présence du chef de l’opposition en exil, Khaled Hoja, pour annoncer sa position sur l’initiative de Mistura. Elle estime que « les idées de M. de Mistura ne constituent pas une solution à la crise humanitaire de notre peuple, qui souffre de l’utilisation par le régime d’armes chimiques et de barils d’explosifs bannis par la communauté internationale ».

Ainsi, au moment où Staffan de Mistura quittait Damas avec en poche l’accord du régime à l’envoi d’une délégation à Alep (nord-ouest) pour y évaluer la situation, s’assurer de l’accroissement substantiel de l’aide humanitaire une fois la trêve annoncée et surveiller les violations éventuelles du cessez-le-feu, ses espoirs ont été douchés par l’opposition. Nommé en juillet dernier comme le troisième émissaire onusien depuis le début de la crise syrienne en 2011, l’émissaire de l’Onu avait choisi — à l’inverse de ses prédécesseurs — la diplomatie des petits pas. Il avait proposé un accord sur une trêve provisoire permettant l’entrée de l’aide humanitaire à Alep, l’ancienne capitale économique coupée en deux depuis juillet 2012 entre quartiers tenus par le régime à l’ouest et secteurs rebelles à l’est. Une politique qui n’a pas porté ses fruits.

A l’issue d’une précédente mission début février, M. de Mistura avait indiqué que le président syrien Bachar Al-Assad était prêt à suspendre les hostilités à Alep pendant six semaines. Mais l’opposition a été ulcérée par les récentes déclarations du médiateur, qui avait affirmé le 13 février à Vienne que le président syrien faisait partie de la solution. « Les idées et les déclarations de Staffan de Mistura vont à l’encontre des résolutions internationales déjà adoptées et qui stipulent un pouvoir exécutif intérimaire avec des compétences complètes et le départ du régime d’Al-Assad », affirme le communiqué de l’opposition, faisant allusion à la déclaration de Genève de l’été 2012. Alors que le gel localisé à Alep des combats est l’idée phare de M. de Mistura, l’opposition assure que « la Syrie et son peuple sont un et indivisible et que le sang de nos frères à Deraa (sud), dans la Ghouta (province de Damas) et à Homs (centre) n’est pas moins important que notre sang à Alep », selon le communiqué de l’opposition.

Toutefois, la position de l’opposition n’est pas sans risques. Selon Mme Rabha Allam, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire, « l’opposition risque de s’attirer les foudres du peuple syrien ». Selon elle, « le peuple a perdu confiance en l’opposition en raison de sa faiblesse, mais aussi de son entêtement et de son obstination à ne pas profiter des opportunités présentées par les médiateurs de l’Onu ou par le régime du président syrien Bachar lui-même ». Aujourd’hui, dit l’analyste, « l’idée qui domine chez le peuple syrien est que chaque camp cherche à préserver ses propres intérêts, sans plus ».

Outre le mécontentement des Syriens, et en l’absence d’espoir de règlement global, la politique adoptée par de Mistura est peut-être la seule qui puisse marcher à l’heure actuelle.

« Bachar s’accroche au pouvoir bec et ongles et campe sur ses positions. L’opposition est présente sur le terrain aussi. Les deux parties comptent sur une politique de longue haleine, car les deux parties n’ont rien à perdre ou à craindre. Et c’est cet état des lieux qui rend la situation de plus en plus compliquée », estime Mme Rabha.

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