C’est à petits pas que les pays occidentaux commencent à reconnaître la Palestine. Tout a commencé par l’initiative, sans précédent pour un pays d’Europe occidentale, du premier ministre suédois, Stefan Löfven, qui avait annoncé, au début du mois passé, la reconnaissance par le Royaume de Suède de l’Etat de Palestine. Quelques jours plus tard, le 13 octobre, par le vote d’une motion, la Chambre des communes du Royaume-Uni enjoignait le gouvernement britannique de suivre la voie suédoise. Dans la foulée, les socialistes français ont présenté une proposition de résolution à l’Assemblée nationale (Parlement), invitant le gouvernement à reconnaître l’Etat palestinien. Le vote aura lieu le 28 novembre prochain. Le vote ne vaudrait pas reconnaissance par le gouvernement, mais il serait forcément très symbolique après celui du Parlement britannique, et alors que la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, ne cesse de plaider pour un Etat palestinien depuis son entrée en fonction. Lors de sa récente visite à Gaza la semaine dernière, Mme Mogherini avait ainsi estimé qu’il fallait un Etat palestinien, et affirmé qu’elle discuterait avec chacun des pays membres de l’Union européenne d’une possible reconnaissance.
Et en attendant que l’axe Paris-Londres concrétise ses voeux, voilà que Helsinki entre en ligne et annonce son intention de reconnaître l’Etat de Palestine. Par la voix de son chef de la diplomatie, la Finlande n’exclut plus la possibilité de reconnaître la Palestine comme un Etat indépendant. Sans oublier que plusieurs autres Etats européens avaient déjà reconnu l’Etat de Palestine avant qu’ils n’intègrent l’UE.
De telles initiatives ne sont évidemment pas pour plaire ni à Israël, ni aux Etats-Unis. Tel-Aviv dénonce toute reconnaissance « unilatérale » d’un Etat palestinien, alors que Washington, allié inconditionnel d’Israël, fait tout pour dissuader les Palestiniens contre une nouvelle démarche au sein du Conseil de sécurité pour réclamer la fin de l’occupation israélienne.
Ces reconnaissances interviennent aussi alors que la perspective d’un règlement du conflit n’a jamais été aussi lointaine depuis 1993, lorsque Yasser Arafat et Ytzhak Rabin avaient lancé des négociations. Et que, faute d’avancée, les Palestiniens se tournent désormais vers les instances internationales pour légitimer leurs droits. En effet, la reconnaissance de la Palestine, jusque-là envisagée par certains pays occidentaux comme l’aboutissement de négociations de paix, pourrait être utilisée comme un moyen de pression diplomatique. Elle coïncide aussi avec le 26e anniversaire de la proclamation d’indépendance. C’est en effet à Alger que le Conseil national palestinien adopte le 15 novembre 1988, lors de sa dix-neuvième session, la déclaration d’indépendance de la Palestine. Dès lors, s’ensuit une série de reconnaissances de la quasi-totalité des pays arabes et africains ainsi que de ceux du bloc des non alignés et du bloc soviétique. Il faudra attendre les années 2 000 pour voir une nouvelle vague de reconnaissances venue d’Amérique Latine. Au total, ce sont 135 pays qui ont reconnu la Palestine à l’heure actuelle .
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