Après des années de déchirement, l’accord de réconciliation de juin dernier était censé sceller la fin de la division entre les deux directions palestiniennes : celle de l’Autorité palestinienne dirigée par le président Mahmoud Abbas en Cisjordanie occupée, et celle du
Hamas qui a pris le pouvoir par la force en 2007 dans la bande de Gaza.
Or, depuis, le chef du gouvernement d’union nationale, Rami Hamdallah, reconnaît qu’il n’a jamais pu s’imposer à Gaza où, selon M. Abbas, le Hamas maintient un « gouvernement parallèle ». « C’est comme si on m’avait attaché pieds et poings liés et qu’on me disait maintenant, nage », résume à l’AFP le premier ministre palestinien. Plus virulent, le président palestinien a déclaré samedi dernier au Caire: « Nous n’accepterons pas de partenariat avec le Hamas si la situation reste ainsi à Gaza, où un gouvernement parallèle de 27 membres gouverne le territoire ».
En fait, la réconciliation palestinienne n’a jamais été solide. Et les différends n’ont jamais disparu. Mis de côté durant l’offensive israélienne contre Gaza, ils refont aujourd’hui surface. L’Autorité accuse le Hamas de ne pas laisser le gouvernement d’union opérer à Gaza et le mouvement islamiste reproche à l’Autorité de Ramallah de ne pas payer les salaires de ses quelque 45000 fonctionnaires à Gaza. Or, selon M. Hamdallah, le gouvernement palestinien est menacé de « boycott » par la communauté internationale s’il paie les fonctionnaires du mouvement islamiste Hamas à Gaza, ce dernier étant considéré par les Etats-Unis et l’Union européenne comme une organisation « terroriste ». Ce boycott concernerait notamment l’aide internationale versée aux Palestiniens, et M. Hamdallah a dit redouter « de graves conséquences pour le secteur financier palestinien ». En même temps, toujours selon le premier ministre palestinien, le Hamas pose comme condition au travail du gouvernement d’union à Gaza que les salaires soient payés. En guise de réponse, le Hamas a accusé lundi M. Abbas d’anéantir la réconciliation et de tenir des propos qui servent les intérêts d’Israël.
Au-delà de ces différends, c’est toute la question des relations épineuses entre les deux principales factions palestiniennes qui est remise en question avec, en tête, une lutte acharnée pour le pouvoir. En effet, ce qui a permis la conclusion de l’accord de réconciliation en juin dernier, c’était l’affaiblissement du Hamas, notamment en raison de la conjoncture régionale: chute du régime des Frères musulmans en Egypte et déclin du rôle régional respectif de la Turquie et du Qatar.
Depuis l’offensive israélienne de Gaza, le Hamas s’est à nouveau imposé comme acteur politique incontournable. Fort de ce qu’il considère comme une « victoire » face à Israël, l’ex-premier ministre du Hamas a rétorqué au maître du Fatah que « les dirigeants responsables sont ceux qui sont prêts à affronter la guerre pour leur peuple ». Les responsables du Hamas se targuent en effet d’avoir obtenu des gains politiques solides suite à l’offensive israélienne, même si Israël refuse catégoriquement de se plier aux exigences du Hamas et que la levée du blocus de Gaza semble loin.
En effet, selon les analystes, après avoir connu l’isolement politique et l’étranglement économique, le mouvement islamiste est à nouveau devenu un interlocuteur qu’il n’est plus possible de négliger, notamment en s’imposant à la table des négociations de cessez-le-feu en Egypte. Un atout dont il compte bien tirer profit.
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