« Trois jeunes
ont disparu, mais en échange, l’armée israélienne a kidnappé 300 Palestiniens, a détruit plus de 150 maisons palestiniennes, a mené des incursions dans les villes, villages et camps de réfugiés palestiniens ». Telle est la déclaration du ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad Al-Malki, concernant l’opération menée par Israël en Cisjordanie, sous prétexte de trouver les trois Israéliens enlevés il y a près de deux semaines. Le président palestinien a condamné les opérations israéliennes et a appelé la communauté internationale à intervenir pour trouver une issue à cette crise. Au cours de ces opérations, l’armée israélienne a fait 5 morts civils palestiniens et a annoncé avoir arrêté au total plus de 340 suspects, en grande majorité des membres du mouvement islamiste
Hamas. Ces derniers sont accusés de l’enlèvement de trois Israéliens du 12 juin, qui n’a cependant pas fait l’objet de revendication jugée crédible.Cette offensive, visant surtout à démanteler les infrastructures du
Hamas en Cisjordanie, constitue le plus important déploiement israélien depuis la fin de la deuxième Intifada en 2005 dans ce territoire palestinien occupé.
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a fermement condamné l’enlèvement des trois jeunes Israéliens, étudiants d’écoles religieuses juives, et s’est engagé à une coopération totale de ses services de sécurité pour les retrouver, a néanmoins déploré l’effusion de sang et les destructions provoquées par l’opération israélienne. Défendant ces opérations, le premier ministre israélien a assuré disposer de preuves irréfutables de l’implication du Hamas et a promis qu’elles seraient rendues publiques. Il a annoncé que « les déclarations de Abbas condamnant les ravisseurs m’obligeront alors à agir non seulement pour les ramener, mais aussi pour dissoudre le gouvernement d’unité avec le Hamas, qui les a enlevés et appelle à la destruction d’Israël ».
Au grand dam d’Israël
Ainsi, Israël voit dans cet enlèvement un nouvel argument dans sa campagne contre la formation du nouveau gouvernement palestinien. En effet, le mouvement islamiste palestinien, qui contrôlait depuis 2007 la bande de Gaza, et l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), présidée par Abbas et où le Fatah est majoritaire, ont conclu fin avril un accord de réconciliation qui a donné naissance le 2 juin à un gouvernement d’union composé de personnalités indépendantes. Ce gouvernement avait été bien accueilli par la communauté internationale, au grand dam d’Israël qui réclame la dissolution de l’alliance entre Abbas et le Hamas. Selon des commentateurs, Israël est déterminé à faire échouer la réconciliation palestinienne. Une dirigeante de l’OLP, Hanane Achraoui, a accusé Israël de se servir de l’enlèvement comme « prétexte pour appliquer son plan préétabli d’annexion de la Cisjordanie et se livrer à une attaque délibérée contre l’Etat de Palestine ».
Avis partagé par plusieurs analystes. Selon Ibrahim Abdel-Qader, professeur à la faculté de sciences politiques et économiques à l’Université du Caire, « Israël exploite cet enlèvement pour exercer une pression sur la communauté internationale afin de ne pas aider le nouveau gouvernement palestinien ».
« Déjà, la question palestinienne n’occupe plus la une des nouvelles ni des journaux mondiaux, au contraire il y a beaucoup de crises arabes et mondiales qui inquiètent l’Occident, et elle n’est plus la seule question qui le dérange pour qu’il agisse rapidement. Si l’Occident doit intervenir, il sera obligé de condamner les deux camps, car l’Etat hébreu a exagéré dans sa réaction. Du coup, la communauté internationale préfère faire la sourde oreille. Quant au processus de paix, il est déjà bloqué, et il n'y a aucune lueur d’espoir de le relancer prochainement », explique Abdel-Qader.
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