« La Syrie est en train de se transformer en Etat fantôme où les chefs de guerre font la loi, ce qui fait peser une grave menace pour l’avenir du Proche-Orient ». Tel est le constat de l’ancien représentant spécial des Nations-Unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi. Il a aussi prévenu que toute la région risque d’exploser si une solution politique au conflit qui déchire le pays depuis plus de trois ans n’est pas rapidement trouvée. Pire encore, M. Brahimi prédit à la Syrie un destin à la somalienne, où deux décennies de conflit ont détruit toutes les structures étatiques. «
Elle (la Syrie) ne va pas être divisée, comme beaucoup le pensaient. Elle va devenir un Etat déliquescent dominé par les chefs de guerre », dit-il. L’ancien représentant onusien accuse le régime de Bachar Al-Assad et les rebelles de se rendre quotidiennement coupables de crimes de guerre en utilisant la famine comme arme de guerre, des civils comme boucliers humains, ou encore en ayant recours aux armes chimiques.
Un constat amer qui intervient suite à la réélection fortement contestée du président syrien Bachar Al-Assad. Selon les chiffres officiels, Assad a obtenu 88,7 % des voix dans un scrutin où un taux de participation a atteint plus de 73%, mais que personne ne semble reconnaître, à part Damas et ses alliés. Washington a, en effet, parlé de « non-élection », et Londres a dénié toute légitimité au scrutin, alors que Moscou et Téhéran, alliés indéfectibles de M. Assad, l’ont salué, les deux camps affichant de nouveau leurs divergences sur la guerre qui ravage la Syrie.
Un constat qui reflète également l’impuissance de la communauté internationale face à la crise syrienne. Cela fait des mois, en effet, que l’on se contente de tirer la sonnette d’alarme sans pour autant suggérer la moindre solution. « Bachar n’avait pas d’autre solution que de s’accrocher bec et ongles au pouvoir, autrement, il sera poursuivi de crimes de guerre. Et surtout, il profite de la paralysie de la communauté internationale », explique M. Moataz Salama, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire. Dans le même temps, la communauté internationale n’a pas confiance en la rébellion en raison de la montée des groupes extrémistes liés à Al-Qaëda.
Face à ce constat d’impuissance, l’opposition en exil, qui est soutenue par l’Occident et qui a jugé illégitime ce scrutin, s’est engagée à poursuivre la révolte lancée il y a plus de trois ans pour faire tomber le régime Assad. « Le peuple poursuivra sa révolution jusqu’à la réalisation de ses objectifs pour la liberté, la justice et la démocratie », a indiqué l’opposition dans un communiqué. Essayant de trouver une issue à leur situation, elle a demandé une nouvelle fois à la communauté internationale d’accroître son aide à la rébellion et s’est félicitée de la promesse faite par le président américain, Barack Obama, d’accroître le soutien de son pays aux adversaires du régime de Bachar. En attendant que ce soutien se transforme en quelque chose de concret.
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