« Aujourd’hui, avec la formation d’un gouvernement d’union nationale, nous annonçons la fin de la division palestinienne qui a fait beaucoup de tort à notre cause nationale » a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas à la Mouqataa, le siège de la présidence palestinienne à Ramallah (Cisjordanie), après la brève prestation de serment des ministres.
En effet, le nouveau gouvernement d’union nationale palestinien a prêté serment lundi dernier devant le président Mahmoud Abbas, un cabinet composé de personnalités indépendantes soutenu par le Hamas. Le président Abbas a d’ores et déjà promis que le nouveau gouvernement rejetterait la violence, reconnaîtrait Israël et respecterait les engagements internationaux, afin de rassurer la communauté internationale sur sa volonté de paix avec Israël.
Ce cabinet de consensus est dirigé par le premier ministre sortant Rami Hamdallah, un universitaire respecté mais relativement peu connu à l’étranger. Hamdallah assume également le portefeuille de l’Intérieur et, après un désaccord réglé à la dernière minute avec le Hamas, celui des Prisonniers. En effet, la mise en place de ce gouvernement avait été menacée jusqu’au dernier moment par un différend entre les nationalistes du Fatah d’Abbas et les islamistes du Hamas. Le mouvement de résistance islamique protestait contre la décision de Mahmoud Abbas de supprimer le ministère des Affaires pénitentiaires pour le remplacer par un comité qui n’aurait pas dépendu du gouvernement. Mais le portefeuille, chargé du sort des Palestiniens détenus par Israël, a finalement été maintenu et confié au premier ministre Rami Hamdallah. « Le Hamas a insisté sur la nomination d’un ministre concerné par le dossier de prisonniers pour annoncer son appui au nouveau gouvernement. Il pense qu’il doit y avoir un ministre chargé pour régler les problèmes et la libération des prisonniers », explique Mohamad Gomaa, analyste au Centre des études stratégiques et politiques d’Al-Ahram au Caire. Composé de 17 ministres, dont 5 de Gaza, ce gouvernement a une mission importante: préparer les élections présidentielles et législatives d’ici la fin de l’année. Il a été accueilli sans réjouissance particulière par la « rue palestinienne », échaudée par des échecs précédents.
Pour le mouvement Hamas, il a néanmoins salué un gouvernement d’union de tous les Palestiniens et lui a remis formellement le pouvoir qu’il détenait jusqu’à présent dans la bande de Gaza. « Le gouvernement palestinien de consensus national est le gouvernement d’un peuple et d’un seul système politique», a déclaré le premier ministre de facto du Hamas à Gaza, Ismaël Haniyeh, qui a remis sa démission et celle de son gouvernement tout en ajoutant que « nous quittons le gouvernement mais pas la Nation. Nous quittons les ministères mais pas les affaires de la Nation ».
Quant à l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), dominée par le mouvement nationaliste Fatah, le président Abbas a cherché à tranquilliser Washington en arguant que le nouveau gouvernement ne comportait aucun ministre du Fatah ou du Hamas. Le Fatah et le Hamas avaient signé le 23 avril un nouvel accord de réconciliation pour mettre fin à la division politique depuis 2007 entre la Cisjordanie, dont l’Autorité palestinienne administre les zones autonomes, et la bande de Gaza dirigée par le Hamas et sous blocus israélien.
En première réaction du côté israélien, le premier ministre Benyamin Netanyahu a exhorté les Etats-Unis et l’UE à ne pas « se précipiter » pour reconnaître un gouvernement palestinien soutenu par le Hamas. Les Israéliens s’opposent à cette réconciliation interpalestinienne en soulignant que le Hamas refuse de reconnaître son droit à l’existence et ne renonce pas à la violence. Ils ont menacé l’Autorité palestinienne de sanctions financières si ce gouvernement d’union est constitué.
Le cabinet de sécurité israélien s’est réuni durant la nuit de dimanche à lundi, selon le Jerusalem Post, et a confirmé la décision de geler toutes les négociations avec l’Autorité palestinienne, aussi longtemps qu’elle maintiendrait son accord avec le Hamas.
Le gouvernement israélien a déjà décidé de ne pas reconnaître le nouveau gouvernement palestinien ni de maintenir la moindre relation avec lui. En guise de rétorsion, le gouvernement de Netanyahu devrait bloquer une partie des taxes qu’il perçoit chaque mois au nom des Palestiniens, au risque d’aggraver la situation financière de l’Autorité palestinienne, selon les médias .
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