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Revirement stratégique dans le Golfe

Abir Taleb avec agences, Lundi, 02 juin 2014

L’émir du Koweït s’est rendu cette semaine en Iran. Une visite historique qui devrait contribuer à la sécurité et à la stabilité dans la région du Golfe.

Entre l’Iran et les pays du Golfe, les relations n’ont jamais été au beau fixe. Divergences sur la Syrie, ingé­rences prêtées à Téhéran en Iraq et à Bahreïn, différends territoriaux entre l’Iran et les Emirats arabes unis, et sur­tout lutte d’influence entre les deux pôles majeurs de la région, à savoir l’Arabie saoudite et la République islamique. C’est, en effet, depuis la révolution isla­mique iranienne que les relations entre les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) et l’Iran se sont nettement détériorées. Depuis, elle sont ponctuées par des périodes de crise suivies d’accal­mie et ainsi de suite.

Ces dernières années, avec la montée en puissance des chiites en Iraq (depuis la chute du régime de Saddam Hussein), soutenus par Téhéran, et avec la crise syrienne, les divergences se sont accen­tuées: Téhéran soutient le régime de Bachar Al-Assad alors que la majorité des pays du CCG, Arabie saoudite en tête, appuient les rebelles. Avec en toile de fonds, l’antagonisme chiites/sunnites.

Or, une nouvelle donne est venue s’ajouter: l’amorce d’un rapprochement entre l’Iran et les grandes puissances, qui doivent reprendre à Vienne le 16 juin leurs négociations, en vue d’aboutir à un accord définitif sur le programme nucléaire controversé iranien. En effet, lancées il y a cinq mois, les négociations entre Téhéran et le groupe 5+1 devraient permettre une « réconciliation » entre l’Occident et la République islamique. Ce qui changerait la carte géostratégique de la région, où l’Arabie saoudite et le CCG sont les principaux alliés des Etats-Unis. Cette nouvelle donne a forcé les monar­chies du Golfe à se diriger vers un dégel avec l’Iran, en dépit de toutes leurs diver­gences.

C’est dans ce contexte que s’inscrit la visite, cette semaine, de l’émir du Koweït, cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, à Téhéran, qualifiée d’« un tournant décisif dans l’approfondissement » des relations entre les deux pays par le président ira­nien Hassan Rohani, et ce voyage « profi­terait aux deux pays » par l’émir du Koweït. Les relations bilatérales s’étaient déjà améliorées depuis l’élection du pré­sident Rohani en juin 2013, après plu­sieurs années de tensions.

Aussi, le Koweït tente d’agir en média­teur pour améliorer les liens entre Téhéran et Riyad. L’Arabie saoudite avait jusqu’alors ignoré les appels en vue d’un réchauffement des relations. Mais le 13 mai dernier, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, avait annoncé que son pays était prêt à « négocier » avec son voisin iranien pour améliorer les relations bilaté­rales.

En effet, selon les analystes, l’Arabie saoudite n’a pas de choix: les Occidentaux aussi, bien que certains pays du CCG commencent une politique d’ouverture avec Téhéran. Cela dit, si les deux grandes puissances régionales, chiite et sunnite, se voient aujourd’hui forcées à se parler, les problèmes ne sont pas réglés pour autant et la concurrence entre les deux capitales pour le leadership du monde musulman demeure .

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