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Incertitudes au Liban

Abir Taleb , (avec Agences) , Mercredi, 29 janvier 2025

Comme prévu, un délai supplémentaire a été annoncé pour le retrait israélien du Sud-Liban. En parallèle, la formation du gouvernement fait face à des difficultés.

Incertitudes au Liban

Dimanche 26 janvier, 22 morts. Plutôt que de célébrer le départ des forces israéliennes initialement prévu ce jour-là, les Libanais ont enterré leurs morts. L’incident a eu lieu alors que des centaines d’habitants du Sud-Liban tentaient de retourner dans leurs villages toujours occupés par les forces israéliennes. Non seulement elles n’ont pas quitté les lieux, mais aussi elles ont ouvert le feu en direction des civils.

Alors qu’il était prévisible qu’Israël ne respecte pas ses engagements, les Etats-Unis sont intervenus et une médiation américaine a permis le prolongement de 22 jours de la mise en oeuvre de l’accord de cessez-le-feu avec Israël, soit jusqu’au 18 février prochain. « Le gouvernement libanais réaffirme son engagement (…) à poursuivre la mise en oeuvre de l’accord de cessez-le-feu », a déclaré le premier ministre sortant du Liban, Najib Mikati, dans un communiqué publié peu après celui de la Maison Blanche.

Quant aux autorités israéliennes, elles se sont contentées de prétexter le non-respect du délai initial, estimant que l’armée libanaise et le Hezbollah n’ont pas respecté les termes de l’accord, notamment en ce qui concerne le retrait des forces du Hezbollah et le démantèlement de toute infrastructure militaire restante dans le sud. Israël « ne mettra pas en danger ses localités et ses citoyens » dans le nord du pays, a ainsi lancé le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. De son côté, le Hezbollah, par la voix de son député Ali Fayyad, a déploré « les prétextes invoqués par Israël » visant, selon lui, à « poursuivre une politique de la terre brûlée » pour rendre « le retour des habitants (dans le sud) impossible ».

On est donc loin de l’euphorie qui a prévalu ces dernières semaines au Liban, après l’accord de trêve, l’élection de Joseph Aoun à la tête de l’Etat et la nomination d’un nouveau premier ministre, Nawaf Salam. D’un côté, les tergiversations israéliennes suscitent des inquiétudes quant aux réelles intentions d’Israël et quant à l’avenir de la trêve, du reste violée à plusieurs reprises. De l’autre, la formation du gouvernement se fait attendre et fait face à des difficultés. Car si Nawaf Salam a déclaré, dès sa nomination, vouloir en finir avec les quotas politico-confessionnels, une tradition qui a longtemps entravé le travail des gouvernements libanais successifs, le Hezbollah — malgré son affaiblissement — et son allié Amal, le tandem chiite, ainsi que d’autres groupes politico-confessionnels entendent garder le même système. Ce qui risque de retarder la formation du cabinet ou de le rendre, une fois formé, inefficace. Ainsi, si la chute du régime de Bachar Al-Assad, la déconfiture du Hezbollah et le cessez-le-feu à Gaza apportent une lueur d’espoir, celle-ci demande à être confirmée. Car si le Liban est tributaire de la conjoncture régionale, c’est aussi un pays multiconfessionnel et complexe régi par un système qui ne facilite pas les choses.

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