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Le Moyen-Orient dans tous ses états

Abir Taleb , Mercredi, 30 octobre 2024

Du Liban à l’Iran en passant par Gaza, la situation reste extrêmement volatile dans la région malgré les efforts diplomatiques pour apaiser les différents fronts. Le statu quo semble perdurer, au moins jusqu’à l’élection américaine.

Le Moyen-Orient dans tous ses états

C’est un enchevêtrement de crises et de conflits qui déchirent la région du Moyen-Orient par les temps qui courent. Avec au centre, Israël. La guerre se poursuit sur deux fronts, à Gaza et au Liban, tandis qu’avec l’Iran, la tension est à son comble et la menace toujours présente.

C’est dans ce contexte explosif qu’Israël souffle le chaud et le froid. Il continue de mener des frappes meurtrières au Liban et sur la bande de Gaza en même temps qu’ont lieu des discussions pour une accalmie. A Gaza, Israël poursuit sa guerre sans relâche et envoie des négociateurs au Caire et à Doha pour parler d’un accord de cessez-le-feu et d’une libération des otages.

Idem au Liban, les raids se sont intensifiés aux premiers jours de cette semaine, quelque 180 frappes aériennes ont ciblé diverses régions du Sud-Liban et de la Békaa De violentes frappes ont notamment touché la ville de Tyr, fief du parti Amal du président du parlement libanais, Nabih Berri. Tout un symbole. En signe de riposte, le Hezbollah a annoncé dans une série de communiqués avoir visé le même jour les colonies de Margaliot, Nahariya, Shomera et Even Menachem, ainsi que la base navale Stella Maris au nord-ouest de Haïfa, la base de surveillance aérienne de Meron et le site maritime de Ras al-Naqoura.

Tout ceci alors que le médiateur américain Amos Hochstein était lundi à Tel-Aviv pour discuter avec les responsables israéliens d’une possible cessation des hostilités au Liban. Selon des sources diplomatiques citées par la presse libanaise, Hochstein a pour mission de faire pression sur Israël pour accepter un cessez-le-feu conforme aux stipulations de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Mais rien n’a été encore annoncé sur un retour de Hochstein au Liban, ce qui signifie que Netanyahu reste intransigeant. Par contre, selon la presse libanaise, un haut responsable qatari est attendu à Beyrouth. L’objectif étant de rapprocher les vues en vue de l’application de la résolution 1701. Adoptée pour mettre fin à la guerre de 2006, celle-ci appelle notamment au respect de la souveraineté libanaise dans le sud du pays.

Une réunion et une passe d’armes

Mêmes tergiversations israéliennes au sujet de l’Iran. Bien que tous les analystes s’accordent à dire que l’attaque israélienne contre l’Iran, samedi 26 octobre, était intentionnellement limitée pour éviter une plus grande escalade, Israël continue à hausser le ton contre l’Iran. A la Knesset, Netanyahu a accusé l’Iran de chercher à fabriquer des bombes nucléaires pour « détruire Israël », laissant entendre que rien n’est fini d’autant plus que Tel-Aviv ne cesse de réitérer son droit à l’autodéfense.

C’est dans ce contexte aussi que s’est réuni, lundi 28 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU, convoqué à la demande de Téhéran après des frappes israéliennes sur des sites militaires iraniens. Une réunion pour rien, à part qu’elle s’est transformée en une passe d’armes entre l’Iran et Israël, chacun des deux pays mettant en avant son droit à se défendre et accusant l’autre de menacer la paix régionale. Les représentants de l’un et de l’autre se sont ainsi livrés à de virulents échanges. Et comme de coutume, la réunion n’a abouti à rien et la représentante américaine s’est nettement placée du côté des Israéliens. « Notre message à l’Iran reste clair : s’il opte pour de nouveaux actes agressifs contre Israël ou le personnel américain dans la région, il y aura des conséquences graves. Nous n’hésiterons pas à agir en légitime défense », a déclaré l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield, tout en assurant que Washington voulait éviter toute « nouvelle escalade » dans la région.

Un soutien inébranlable, on le sait. « Toutefois, tous ces fronts resteront figés jusqu’à la présidentielle américaine », comme l’explique Mona Soliman, professeure de sciences politiques. « Le statu quo perdurera plusieurs semaines encore. Si Donald Trump remporte l’élection, on peut s’attendre à plus de tensions avec l’Iran ; si c’est Kamala Harris, on peut se diriger vers une accalmie, voire un nouveau deal avec l’Iran sur le nucléaire en contrepartie de moins d’appui iranien aux milices chiites de la région. Ce qui aura une incidence sur les autres fronts », conclut-elle.

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