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Gaza : Champ de ruine et odeur de mort

Abir Taleb , Mercredi, 30 octobre 2024

Alors que l’attention est tournée vers le Liban et l’Iran, la destruction de la bande de Gaza se poursuit dangereusement. Chiffres à l’appui, les agences de l’ONU tirent la sonnette d’alarme.

Gaza : Champ de ruine et odeur de mort

« Intolérable ». C’est le terme utilisé par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, pour décrire la situation des civils palestiniens « pris au piège dans le nord de Gaza ». Cela a été indiqué dans une déclaration écrite publiée dimanche 27 octobre par le porte-parole du secrétaire général, Stefan Dujarric. Guterres s’est dit choqué par le nombre effroyable de morts, de blessés et de destructions dans le nord de la bande de Gaza, critiquant les autorités israéliennes qui continuent, à quelques exceptions près, de refuser l’acheminement de l’aide humanitaire.

Il a souligné la situation critique à Jabalia, Beit Lahia et Beit Hanoun, où les civils sont piégés sous les décombres sans accès aux soins médicaux essentiels, à la nourriture ou à un abri.

Car sur place, la guerre est loin d’être finie malgré la reprise des efforts pour parvenir à un cessez-le-feu. Et avec elle, des destructions et les morts, quelque 43 000 depuis le début de la guerre. Selon les estimations d’une nouvelle évaluation du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) et de la Commission Economique et Sociale des Nations-Unies pour l’Asie Occidentale (CESAO), le développement dans la bande de Gaza fait un saut en arrière de 69 ans.

« Les projections de cette nouvelle évaluation confirment qu’au milieu des souffrances immédiates et des horribles pertes en vies humaines, une grave crise du développement est en train de se produire — une crise qui compromet l’avenir des Palestiniens pour des générations à venir », a déclaré Achim Steiner, administrateur du PNUD. Alors que Rola Dashti, secrétaire exécutive de la CESAO, a averti : « Nos évaluations servent à tirer la sonnette d’alarme concernant les millions de vies qui sont brisées et les décennies d’efforts de développement qui sont anéanties ».

En outre, l’ampleur des destructions est telle que, selon Balakrishnan Rajagopal, rapporteur spécial de l’ONU sur le logement convenable, la reconstruction de Gaza pourrait prendre 80 ans si Israël continuait son agression. D’après lui, cette année, entre 60 et 70 % des habitations ont été détruites à Gaza, un taux qui monte à 82 % dans le nord de l’enclave.

De son côté, le chef des droits de l’homme des Nations-Unies, Volker Türk, a déclaré, vendredi 25 octobre, que le moment le plus sombre du conflit de Gaza se déroule dans le nord de l’enclave palestinienne, où « l’armée israélienne soumet effectivement une population entière aux bombardements, au siège et au risque de famine, ainsi qu’au choix entre un déplacement massif et le fait d’être piégé dans une zone de conflit active ». « Il est inimaginable que la situation empire de jour en jour. Nous sommes confrontés à ce qui pourrait s’apparenter à des crimes atroces, voire à des crimes contre l’humanité », a-t-il lancé. C’est dans ce contexte également que l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a lancé un signal de détresse de son personnel dans le nord de l’enclave palestinienne où les assiégés vivent dans « des conditions désespérées, sans nourriture, ni eau, ni soins médicaux » et que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a mis en garde contre une situation « catastrophique » dans le nord de Gaza, soulignant l’impact grave des opérations militaires sur les établissements de santé, en particulier le récent siège de l’hôpital Kamal Adwan.

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