Après des semaines marquées par l’inquiétude au sujet des fronts israélo-libanais et israélo-iranien, ainsi que par l’inaction au sujet du front de Gaza, pourtant toujours enflammé, les efforts ont repris cette semaine. Les médiateurs égyptiens et qataris s’efforcent de faire bouger les choses en relançant les négociations pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza. Cette semaine, Le Caire et Doha ont reçu des délégations du Hamas, d’Israël et des médiateurs américains. Des réunions se tiennent ici et là dans l’espoir de mettre fin à la guerre que subit Gaza depuis plus d’un an.
Dimanche 27 octobre, l’Egypte a présenté une trêve de deux jours. Une initiative évoquée par le président Abdel Fattah Al-Sissi lors d’une conférence de presse avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, en visite au Caire, qui consiste en la libération de quatre otages israéliens contre celle d’un nombre de prisonniers palestiniens. Un préalable avant d’engager « sous dix jours des négociations » en vue d’un « cessez-le-feu complet et (de) l’entrée de l’aide humanitaire » dans le territoire palestinien assiégé et en proie à un désastre humanitaire, a ajouté le président Al-Sissi.
Le même jour, le directeur de la CIA, Bill Burns, et le chef du Mossad, David Barnea, se sont entretenus à Doha, au Qatar, pour discuter de la possibilité de reprendre les négociations sur le cessez-le-feu à Gaza et l’échange des otages et des prisonniers entre le mouvement palestinien Hamas et Israël.
« Les parties ont discuté d’un nouveau cadre unifié qui intègre de précédentes propositions et prend aussi en compte les principaux enjeux et les évènements récents dans la région », a indiqué un communiqué publié lundi par le bureau du premier ministre israélien. D’après le texte, les discussions se poursuivront dans les prochains jours « entre les médiateurs et le Hamas pour examiner la faisabilité des pourparlers et continuer à tenter de les faire avancer vers un accord ».
Les efforts avaient déjà repris le jeudi 24 octobre, lorsqu’une délégation sécuritaire égyptienne de haut niveau a rencontré au Caire une délégation du Hamas pour examiner la situation actuelle à Gaza et les moyens de surmonter les obstacles entravant la conclusion d’une trêve. Le chef du Mossad était aussi au Caire pour rencontrer des officiels égyptiens. Le même jour, une autre réunion a eu lieu à Doha entre le premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, et le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, pour annoncer la reprise des négociations en vue d’un cessez-le-feu et d’un accord d’échange des prisonniers.
Ballet diplomatique
Cette relance des efforts de paix intervient alors que l’armée israélienne poursuit ses crimes dans le nord de Gaza. Mais elle intervient surtout après l’assassinat, par l’armée israélienne, du chef du Hamas, Yahya Sinwar, au sud de Gaza. Une liquidation qui, selon de nombreux observateurs, pourrait faciliter les efforts de paix. C’est dans ce cadre que le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, s’est rendu le 22 octobre à Tel-Aviv dans une dernière visite avant la présidentielle américaine.
Or, selon les observateurs, l’heure de la paix n’a pas encore sonné. Mohamed Ezz El-Arab, chef de l’unité des études arabes et régionales au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, écarte tout espoir d’arriver à un consensus, d’autant que la donne n’a pas changé. « Ni Israël, ni le Hamas n’ont changé leurs exigences. Le fossé est toujours aussi profond », estime l’analyste, tout en expliquant que l’absence de vraies pressions américaines sur Israël n’arrange pas les choses. « Washington ne force pas Israël à changer de position au sujet de Gaza. En revanche, Israël a répondu aux demandes américaines de ne pas infliger à l’Iran une attaque d’envergure », ajoute l’analyste.
Du côté du Hamas, la position reste inchangée malgré les pertes qu’il a subies. Un responsable du mouvement a déclaré, le dimanche 27 octobre, au journal Al-Sharq que le Hamas exige toujours un accord global mettant fin à la guerre immédiatement et organisant le retrait d’Israël de la bande de Gaza en conjonction avec un échange des détenus israéliens. « Nous n’accepterons aucun accord qui ne prévoit pas la fin totale de la guerre », a-t-il ajouté, affirmant que le mouvement rejette les propositions israéliennes d’exclure les leaders du mouvement à l’étranger sans promesse israélienne de mettre fin à la guerre et de se retirer de la bande de Gaza.
Par ailleurs, le timing de ces efforts de médiation est à la fois important et n’augure pas de résultats imminents : ils interviennent à quelques jours des élections américaines prévues le 5 novembre. Ce qui laisse croire qu’aucune décision importante ne sera prise par Israël avant de savoir qui sera le prochain locataire de la Maison Blanche. D’après Mohamed Abdel Wahed, expert sécuritaire, Israël n’a pas l’intention de renoncer à ce qu’il a gagné, surtout en ce qui concerne la présence sécuritaire à Gaza. Mais il a d’autres intentions derrière sa participation aux récentes réunions de médiation. « Le fait de participer à des négociations est dans l’intérêt d’Israël dans la mesure où cela apaise les familles des otages et donne le signal à la communauté internationale qu’Israël cherche à négocier. Mais en fait, ce n’est qu’une tentative de sa part de gagner du temps », conclut Abdel Wahed, tout en ajoutant que les Etats-Unis n’ont préparé aucune approche politique mûre et réaliste qui puisse amener à un apaisement global.
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