Entamée lundi dernier, la nouvelle séance du dialogue national libanais semble se diriger vers un échec. Avant même son lancement, le député du
Hezbollah, Mohammad Raad, a annoncé le boycott de son parti. Une annonce suivie d’une série de désistements similaires de la part des alliés comme des adversaires du gouvernement.
Le Hezbollah avait laissé planer le doute sur sa participation ou non à la reprise de ces discussions entre les différentes forces politiques, axées notamment sur la stratégie de défense du Liban et la place du Hezbollah dans cette stratégie. Cette fois, c’est officiel, il n’ira pas. Le chef des Forces Libanaises (FL), Samir Geagea, a réagi à cette annonce en disant que son parti ne participerait pas non plus à cette réunion. Il a indiqué que la « décision du Hezbollah de ne pas participer à la table de dialogue règle la non-participation des FL », considérant que le Hezbollah n’était pas prêt au dialogue. Le chef du Parti Social National Syrien (PSNS, allié du Hezbollah), le député Assaad Hardane, s’est aussi désisté.
Des absences qui n’augurent rien de bon, les dossiers chauds ne pouvant être discutés sans la présence des principaux acteurs de la vie politique libanaise.
Plan sécuritaire
L’objectif principal de ce dialogue, qui a débuté en septembre 2012, est de déterminer une stratégie de défense pour le Liban. En effet, le pays du Cèdre traverse une zone de turbulence d’un côté en raison de la situation politique intérieure, de l’autre en raison de la crise syrienne.
Dimanche dernier, un nouveau plan de sécurité est entré en vigueur pour affronter la vague de violence qui secoue le pays. Approuvé par le gouvernement, le plan prévoirait de neutraliser les groupes fanatiques qui mènent la lutte contre les forces de sécurité. Un déploiement militaire a déjà commencé dans la région de Tripoli. Ensuite, une intervention militaire est également prévue pour la poursuite des éléments armés, la remise de toutes les armes et l’exécution des mandats d’arrêt dont font l’objet les hauts responsables du Parti arabe démocratique, notamment Rifaat et Ali Eid, mais aussi certains cheikhs islamistes. Si par ailleurs des heurts devaient survenir entre l’armée et des groupes de combattants, la décision serait aussi de neutraliser ces groupes. Le mufti de Tripoli et du nord, cheikh Malek Chaar, a assuré que ce plan répond à l’attente des Libanais. Partageant le même avis, le député Mohammad Kabbara l’a qualifié d’ultime espoir des Tripolitains. Plus sceptique, le membre du bureau politique du courant du Futur, Moustapha Allouche, a souhaité que ce plan soit sérieux, efficace et complet, pour protéger le Liban des guerres itinérantes. Les analystes aussi partagent les mêmes avis. Certains voient que l’application de ce plan sera difficile car le désarmement de ces gens et l’exécution des mandats d’arrêt sont une mission très lourde à accomplir.
L’idée de ce plan a commencé après que plusieurs attaques ont frappé les frontières avec la Syrie entre partisans et adversaires du régime de Damas. « L’armée sait qu’elle est aujourd’hui plus que jamais visée par le terrorisme qui veut l’empêcher d’établir l’autorité de l’Etat et de circonscrire la dissension », a annoncé l’institution militaire dans un communiqué. Selon ce dernier, l’armée libanaise s’est dite déterminée à combattre le terrorisme. « Le commandement de l’armée continuera de combattre et de poursuivre les terroristes et est déterminé à mettre à exécution le plan de sécurité, quels que soient les sacrifices », affirme le texte.
L’engagement du Hezbollah au côté du régime dans la guerre en Syrie a exacerbé les tensions confessionnelles au Liban, où la plupart des sunnites appuient la rébellion tandis que les chiites sont en majorité partisans du pouvoir de Damas. Trois soldats ont été tués et quatre autre blessés samedi dernier dans un attentat suicide contre un barrage militaire à Ersal. Cette localité sunnite est majoritairement favorable à la rébellion syrienne et accueille un grand nombre de réfugiés fuyant les violences en Syrie, ainsi que des rebelles blessés au combat. Cet attentat de samedi est intervenu quelques heures après un discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a justifié de nouveau l’engagement de son parti en Syrie.
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