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Les Libanais ont le droit de riposter à Israël

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 18 mars 2014

Le gouvernement libanais s’est finalement mis d’accord sur une feuille de route concernant l’épineuse question de la résistance nationale, liée au Hezbollah. Le texte réitère le devoir de l’Etat et des citoyens à « résister à l’occupation israélienne ».

Un mois après sa formation, le gouvernement du premier ministre, Tammam Salam, rassemblant les deux camps rivaux du pays, s’est mis d’accord sur un texte de compromis concernant le droit de la résistance à l’occupation israélienne, point de désaccord.

« En vertu de la responsabilité de l’Etat en matière de sauvegarde de la souveraineté, de l’indépendance du Liban et de l’unité de son territoire (...), le gouvernement souligne le devoir de l’Etat de libérer (les territoires libanais encore occupés par Israël) par tous les moyens légitimes », a indiqué le texte publié dans la nuit de vendredi à samedi par le ministère de l’Information.

Selon le texte, les citoyens libanais ont eux aussi « le droit de résister à l’occupation israélienne, de riposter à ses agressions et de récupérer le territoire occupé ». Beyrouth considère comme occupées par Israël les Fermes de Chebaa, les collines de Kfarchouba et la partie libanaise du village de Ghajar, toutes dans le sud et le sud-est du Liban.

La formule concilie deux logiques, en glissant l’expression « le devoir de l’Etat » dans le texte, sans omettre le droit à la résistance, et remplace la formule « le droit du peuple libanais à résister » par « le droit des citoyens libanais à résister ». Par rapport aux déclarations et aux feuilles de route des gouvernements précédents, ce compromis ne confie pas explicitement au Hezbollah la résistance contre l’occupation israélienne, mais il reconnaît le droit à recourir aux armes hors de l’autorité de l’Etat.

Le 15 février, le Liban s’était enfin doté d’un gouvernement de compromis réunissant les deux blocs rivaux, après un blocage de près d’un an exacerbé par le conflit en Syrie voisine qui divise profondément le pays. Mais depuis, le camp mené par le Hezbollah, allié du régime syrien, et la coalition emmenée par l’ex-premier ministre, Saad Hariri, hostile au pouvoir à Damas, n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur la politique du gouvernement, si bien que le premier ministre a menacé de démissionner cette semaine.

La coalition libanaise hostile au Hezbollah, le « 14 Mars », réclamait que le Hezbollah, qui prône également la lutte contre Israël, ne soit pas autorisé à agir unilatéralement et que son action soit conditionnée à un aval préalable de l’Etat, ce que refuse le parti. Par ailleurs, l’arsenal du Hezbollah est la principale pomme de discorde entre les deux camps politiques du Liban, les détracteurs du parti l’accusant de se servir de sa puissance militaire pour imposer sa volonté sur le pays.

En revanche, ce dernier texte n’a pas été rejeté par le Hezbollah, même s’il ne lui a pas donné clairement le droit à la résistance « ce texte a sauvé la face du Hezbollah qui ne jouit plus de la même force qu’auparavant », explique Rabha Seif, spécialiste dans les affaires libanaises. Selon elle, « la situation critique du Hezbollah, après sa participation unilatérale dans la guerre en Syrie aux côtés du régime Bachar, ne lui donne pas l’occasion de refuser et d’imposer son point de vue ».

En outre et selon des observateurs, tous les partis du Liban cherchent la stabilité par la formation d’un nouveau gouvernement, la formulation du texte a, pour l'heure, apaisé les tensions. « Le Hezbollah est occupé par l’affaire syrienne et ne veut pas ouvrir de nouveau conflit au Liban », conclut Rabha Seif.

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