Au moins 40 personnes sont mortes dans la nuit de lundi à mardi dans une attaque israélienne à Khan Younès. (Photo : AFP)
Il ne reste que moins d’un mois pour que la guerre contre Gaza entre dans sa deuxième année. Et rien n’annonce une fin prochaine. Cette semaine encore, plusieurs zones de Gaza ont été soumises à des frappes aériennes et à des tirs d’artillerie intenses faisant des dizaines de victimes, alors que l’armée israélienne a ordonné lundi 9 septembre de nouvelles évacuations dans le nord-ouest de la bande de Gaza, des quartiers qu’elle considère comme des « zones de combat dangereuses ». Avec ces nouveaux ordres d’évacuation et les mouvements de population qui s’ensuivent, presque tous les Gazaouis ont été déplacés au moins une fois en près d’un an de guerre. Des dizaines de milliers de personnes quittent à chaque évacuation leurs logements ou abri de fortune, en emportant avec elles quelques affaires, sans savoir parfois où aller …
La situation n’est pas vraiment meilleure en Cisjordanie occupée, où l’armée israélienne a effectué le même jour un raid sur la ville de Tulkarem et le camp de réfugiés de Balata, selon l’agence de presse palestinienne officielle Wafa. Comme d’habitude, plusieurs véhicules militaires d’occupation, accompagnés de deux bulldozers lourds, sont entrés dans la ville par l’ouest, où ils ont démoli des infrastructures. Et ce, quelques jours après son retrait de Jénine, au nord de la Cisjordanie, à la suite d’une opération musclée et de dix jours de réoccupation de cette zone autonome censée être sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, laissant derrière elle un champ de ruine. Une opération qui aggrave une situation « calamiteuse » déjà exacerbée par les violences meurtrières de colons, comme l’a affirmé lundi le haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk.
La situation est d’autant plus tendue en Cisjordanie suite au meurtre par Israël, vendredi 6 septembre, d’une militante turco-américaine, alors qu’elle manifestait contre les colonies israéliennes dans le territoire occupé.
Nouvelle proposition américaine ?
Or, ni en Cisjordanie ni à Gaza la situation ne semble se diriger vers une pacification. En effet, les chances d’une trêve qui libérerait également les captifs détenus par le Hamas en échange de prisonniers détenus par Israël semblent minces, les deux camps restant obstinément campés sur leurs positions. Le Hamas exige un retrait israélien complet tandis que le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, insiste sur le fait que les troupes doivent rester sur le corridor de Philadelphie, le long de la frontière entre Gaza et l’Egypte (voir article page 8). Malgré le forcing américain, Israël persiste et signe. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a déclaré jeudi qu’« il incombe vraiment aux deux parties de parvenir à un accord sur les questions restantes ». Après quoi Washington a observé un véritable silence. Alors qu’un responsable israélien cité par le journal israélien Times of Israel a affirmé que son pays s’attend toujours à ce qu’une nouvelle proposition américaine pour un accord soit présentée à un moment ou à un autre. En effet, les Etats-Unis ont laissé entendre qu’une proposition de paix plus détaillée serait faite dans les prochains jours.
Mais l’affaire n’est pas gagnée d’avance. « Aucun accord n’est en cours de négociation », a lâché Benyamin Netanyahu sur la chaîne américaine Fox News. « Malheureusement, nous sommes loin d’y parvenir ». « Nous n’avons pas besoin de nouvelles propositions », a de son côté répété Khalil al-Hayya, membre du bureau politique du Hamas basé au Qatar. « Si l’Administration américaine et son président veulent vraiment parvenir à un cessez-le-feu et conclure un accord d’échange de prisonniers, ils doivent abandonner leur parti pris aveugle pour l’occupation sioniste et exercer une véritable pression sur Netanyahu », a-t-il lancé. Le Hamas insiste sur l’application en l’état du plan annoncé le 31 mai par le président américain, Joe Biden, qui prévoit une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien partiel et de la libération d’otages, puis à terme un retrait total israélien du territoire.
Dans le même temps, face à l’impasse dans les négociations et à l’intransigeance israélienne, le secrétaire général de l’ONU a indiqué lundi 9 septembre que les Nations-Unies avaient proposé de superviser un éventuel cessez-le-feu pour mettre fin à la guerre à Gaza. Dans des déclarations à l’agence Associated Press, Antonio Guterres a cependant ajouté qu’il était « irréaliste » de penser que l’ONU était en capacité d’administrer directement le territoire ou de proposer une force permanente de maintien de la paix et qu’il ne croyait pas qu’Israël accepterait un rôle plus large pour l’ONU.
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