Barack Obama a reçu lundi Benyamin Netanyahu pour l’exhorter à accepter un accord-cadre sur les négociations de paix avec les Palestiniens à l’approche d’une date butoir. Mais le premier ministre israélien veut résister aux pressions. «
Le président américain doit traiter le dossier israélo-palestinien avant la fin de son mandat. C’est pourquoi il tente de pousser les deux parties à s’asseoir à une table de négociations, même si ces négociations sont inefficaces », explique Mohamad Gomaa, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’
Al-Ahram au Caire.
En effet, les pourparlers de paix, qui ont repris en juillet 2013 après quasiment trois ans d’interruption, sont censés déboucher d’ici au 29 avril sur un « accord-cadre » traçant les grandes lignes d’un règlement définitif sur les questions dites de statut final : les frontières, les colonies, la sécurité, le statut de Jérusalem et les réfugiés palestiniens.
Toutefois le secrétaire d’Etat John Kerry a fait savoir que les discussions se poursuivraient probablement au-delà de la date butoir alors que les Palestiniens sont opposés à toute prolongation des négociations au-delà de l’échéance du 29 avril.
« Obama veut enregistrer une avancée dans cette question pour redorer son image », affirme Gomaa. « Cela dit, pour qu’Israël accepte de rester à la table de négociations avec Palestine, les Etats-Unis ont dû promettre de lui accorder des avantages et des privilèges économiques, financiers ou politiques », ajoute-t-il.
Or, rien ne garantit à l’heure actuelle que les efforts d’Obama puissent aboutir à quoi que ce soit de concret. D’un côté, les Etats-Unis continuent à soutenir Israël et à réitérer le sacro-saint concept de la « sécurité » d’Israël. De l’autre, le soutien des Etats-Unis à la sécurité d’Israël, le président Obama a aussi prévenu : « Si les Palestiniens arrivent à la conclusion qu’un Etat palestinien souverain et contigu n’est plus possible, alors notre capacité à gérer les conséquences internationales sera limitée ».
En fait, les Etats-Unis veulent avant tout que les deux parties reprennent langue, même si les pourparlers s’éternisent. M. Kerry avait déjà provoqué la colère de la droite israélienne en mettant en garde début février contre les risques de boycottage d’Israël si ce dernier ne concluait pas rapidement la paix. « Netanyahu doit prendre une décision sur le processus de paix », explique Alan Elsner, vice-président du groupe progressiste J Street, partisan d’une solution à deux Etats. « Ce n’est pas facile pour lui parce qu’il y a des coûts politiques induits, mais le coût de l’inaction est bien plus grand pour Israël », ajoute ce responsable en allusion à la coalition de Netanyahu qui va des centristes laïques à l’extrême droite religieuse. Avant de quitter Israël, le premier ministre, qui entretient des relations personnelles peu chaleureuses avec Obama, a estimé que ces dernières années, l’Etat d’Israël avait fait l’objet de diverses pressions. « Nous les avons rejetées. Nous l’avons fait dans le passé, nous allons le faire à l’avenir », a-t-il ajouté. Le premier ministre a exprimé son inquiétude vis-à-vis de la tournure des pourparlers entre les grandes puissances et l’Iran après qu’un accord intérimaire eut été trouvé en novembre sur le programme nucléaire de la République islamique.
Après des mois de navette de Kerry entre les deux camps, certains analystes prévoient que la communauté internationale, surtout les Américains vont exercer une forte pression sur les Palestiniens et non sur les Israéliens. « La communauté internationale veut que le camp palestinien fasse plus de concessions, mais ce dernier ne peut rien céder, il a avancé beaucoup de concessions et ne pourra pas faire de plus », explique Gomaa en ajoutant que les Américains veulent que le camp palestinien abandonne une des questions critiques comme la question des réfugiés palestiniens. Une demande irrecevable pour les Palestiniens.
A cet égard, Obama recevra le président palestinien, Mahmoud Abbas, deux semaines après la visite de Netanyahu le 17 mars. Les Palestiniens ont manifesté leur hostilité à un accord-cadre qui inclurait l’exigence d’une reconnaissance de la judéité de l’Etat d’Israël comme Etat-Nation juif, élément cardinal d’un accord de paix pour Netanyahu.
Le président Abbas a récemment pris acte de l’échec « jusqu’à présent » de la diplomatie américaine, qualifiant d’« inacceptables » les idées avancées par Washington. Les Palestiniens rejettent notamment l’exigence d’une reconnaissance de la judéité de l’Etat d’Israël comme Etat-Nation juif, estimant que cela reviendrait à renoncer « sans contrepartie au droit au retour des réfugiés, ainsi qu’à leur propre histoire ». Le premier ministre israélien a fait de cette reconnaissance un élément cardinal d’un accord de paix.
Mais ni Netanyahu ni Abbas ne sont enthousiastes vis-à-vis des tentatives américaines de les rapprocher. Les deux font de leur mieux pour éviter d’apparaître comme les obstacles à l’avancée du processus de paix .
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