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A Gaza, une catastrophe sanitaire de plus

Sabah Sabet , Mercredi, 21 août 2024

Dernière conséquence sanitaire de la guerre contre Gaza, la réapparition du virus de la poliomyélite vient s’ajouter à la longue liste des désagréments que subissent les Palestiniens à cause de la guerre.

A Gaza, une catastrophe sanitaire de plus

Les frappes israéliennes ne constituent pas le seul danger auquel sont confrontés les Palestiniens de la bande de Gaza. Après 25 ans de disparition, le virus de la polio est réapparu dans l’enclave. Un premier cas a été confirmé vendredi 16 août à Deir Al-Balah, dans le centre du territoire palestinien assiégé, à l’issue d’analyses d’échantillons de selles de trois enfants gazaouis « présentant une suspicion de paralysie flasque aiguë, un symptôme courant de la poliomyélite », a annoncé le ministère palestinien de la Santé basé à Ramallah, ajoutant qu’il s’agissait d’un bébé de 10 mois qui n’avait pas été vacciné. Le virus a été détecté en juillet dans des échantillons d’eaux usées collectés fin juin à Khan Younès, dans le sud de la bande et à Deir Al-Balah, rappellent l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF, alors que le territoire palestinien est exempt de cette maladie depuis 25 ans, selon l’ONU.

Le risque est tel que l’OMS et l’Unicef ont appelé à une pause humanitaire, afin de pouvoir lancer une campagne en deux phases pour vacciner plus de 640 000 enfants de moins de 10 ans à Gaza à partir de la fin d’août. « Il est impossible de mener une campagne de vaccination contre la polio au milieu de la guerre », a insisté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à la presse vendredi 16 août, tout en appelant toutes les parties à fournir immédiatement des assurances concrètes garantissant des pauses humanitaires pour la campagne de vaccination. L’ONU a indiqué que la couverture vaccinale doit être d’au moins 95 % à chaque campagne de vaccination pour empêcher la propagation de la polio. Une mission qui paraît difficile étant donné qu’Israël poursuit sa guerre sans relâche et que les frappes israéliennes ont déjà ciblé des équipes médicales, des secouristes et des personnels des organisations humanitaires. En plus, le manque de différents services pourra également entraver la campagne de vaccination, si elle peut avoir lieu. « Il faudra également de l’argent, du carburant pour les équipes de vaccination et des réseaux Internet et téléphonique fonctionnels pour informer la population, ainsi que l’entrée d’experts de la polio », a insisté Guterres.

Décès silencieux

La réapparition de la polio et la propagation d’autres maladies étaient prévisibles étant donné la dégradation catastrophique des conditions d’hygiène et l’eau polluée, ainsi que la perturbation des systèmes de santé et d’assainissement à Gaza. « L’agression israélienne en cours contre l’enclave a provoqué une catastrophe sanitaire », a martelé le ministère palestinien de la Santé.

Selon les observations des équipes de l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF), de nombreuses maladies se propagent et entraînent de multiples décès. « La malnutrition s’étend, les maladies transmissibles se propagent, l’eau potable est rare, ce qui aggrave les conditions de vie des populations », alerte la MSF. De même, dans ses derniers chiffres, le rapport de l’Integrated Food Security Phase Classification (IPC) indique que 96 % de la population sont confrontés à des niveaux de faim extrêmes dans la bande de Gaza. Cela se traduit par une malnutrition aiguë élevée, supérieure à la normale. De nombreux hôpitaux sont hors service et ceux qui parviennent encore à délivrer des soins le font avec une grande difficulté et un accès aux fournitures médicales extrêmement restreintes. Seuls 16 hôpitaux sur les 36 existant dans la bande seraient encore partiellement fonctionnels.

Une situation qui a poussé Mari Carmen Viñoles, responsable des programmes d’urgence de MSF, de lancer un cri d’alerte : « Combien d’enfants sont morts de pneumonie dans les hôpitaux débordés de la bande ? Combien de bébés sont morts à cause de maladies évitables ? Combien de personnes souffrant de diabète sont privées de traitement ? Qu’en est-il des conséquences mortelles de la fermeture des unités de dialyse dans les hôpitaux attaqués ? On ne parle jamais de ces décès silencieux à cause du chaos général. Ils sont la conséquence de l’effondrement du système de santé dans toute la bande de Gaza ».

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