Dans le cadre des efforts de désescalade menés par l’Egypte, le ministre des Affaires étrangères s’est rendu dimanche 18 août à Riyad. (Photo : AFP)
« L’opinion publique est en colère, et elle a raison de l’être », déclarait le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, en recevant son homologue français, Stéphane Séjourné, samedi 17 août. C’était la première fois depuis le début de la guerre israélienne à Gaza, qui entre désormais dans son 11e mois avec plus de 40 000 Palestiniens tués, qu’un responsable faisait explicitement référence à la colère croissante dans la rue arabe face aux massacres israéliens. « Aucun Etat ne doit être au-dessus de la loi », a-t-il ajouté, en faisant allusion à Israël.
Abdelatty, fraîchement revenu du Liban et avant de partir en Arabie saoudite, s’est entretenu au téléphone avec Ali Bagheri Kani, ministre des Affaires étrangères par intérim de l’Iran, pour la troisième fois. Pendant ce temps, Séjourné était au Caire après un séjour en Israël, tandis que son homologue américain, Antony Blinken, est arrivé lundi 19 août dans la région. Les négociations visent à atténuer les tensions régionales exacerbées par les récents assassinats israéliens du chef du Hamas à Téhéran et d’un commandant du Hezbollah à Beyrouth.
Pour éviter une riposte iranienne qui « pourrait déclencher une guerre régionale, nous travaillons d’arrache-pied avec nos partenaires internationaux, mais aussi avec les acteurs directement concernés pour les convaincre qu’une escalade ne profitera à personne », explique une source diplomatique. « Des calculs erronés pourraient conduire à une détérioration de la situation », a ajouté la source.
Tous espèrent désormais qu’un cessez-le-feu pourra contribuer à réduire les tensions et dissuader toute riposte de la part de l’Iran et de ses alliés dans la région. Le président Abdel Fattah Al-Sissi semble soutenir activement cette initiative, allant jusqu’à rompre avec le protocole traditionnel en recevant directement les chefs de la diplomatie qui transitent par l’Egypte. « Nous sommes convaincus qu’un cessez-le-feu contribuerait largement à faire baisser les tensions », a dit Stéphane Séjourné. « Il y a un consensus international sur la nécessité de l’arrêt immédiat des hostilités. Nous avons trop tardé. Nous avons atteint cet accord, mais à un prix élevé. Et il est temps que la communauté internationale impose sa volonté », a réclamé le chef de la diplomatie égyptienne.
Nouvelles discussions au Caire
« Nous demandons aux pays occidentaux de faire pression par tous les moyens afin de parvenir à des négociations sérieuses d’ici la fin de la semaine prochaine », a réclamé Abdelatty, alors que Le Caire s’apprête à accueillir jeudi un nouveau round de négociations indirectes entre Israël et le mouvement de résistance palestinien, le Hamas.
Des mois de négociations ont jusqu’à présent échoué à concrétiser les détails d’une trêve et le round de pourparlers de la semaine dernière à Doha s’est terminé sur une note de déception. Selon les responsables égyptiens, « il reste encore des écarts et des défis, mais ils sont en cours de traitement, et de nouvelles idées sont explorées pour combler ces différences ». Vendredi soir, l’Egypte, le Qatar et les Etats-Unis ont annoncé dans un communiqué commun que de hauts responsables des trois pays se réuniront au Caire avant la fin de la semaine pour un nouveau tour de négociations.
Selon le communiqué, les médiateurs des trois pays ont présenté au Hamas et à Israël une proposition qui réduit les écarts entre eux et s’aligne sur les principes énoncés par le président Biden le 31 mai 2024, ainsi que sur la résolution 2 735 du Conseil de sécurité de l’ONU pour mettre fin à la guerre qui dure depuis 10 mois.
Suite à cette déclaration trilatérale, le Hamas a demandé aux médiateurs de présenter un plan pour mettre en oeuvre ce qu’ils avaient proposé et ce sur quoi le Hamas s’était mis d’accord « afin de stopper la procrastination de Netanyahu et son imposition de conditions et d’obstacles supplémentaires pour parvenir à un accord, ce qui sert sa stratégie de prolongation de l’agression », selon un communiqué du mouvement. « Le problème est que chaque fois que le Hamas accepte quelque chose, Netanyahu revient avec de nouvelles exigences », a déclaré une source proche du dossier. Lors du dernier round, le premier ministre israélien a refusé de s’engager sur un cessez-le-feu à long terme et a insisté sur le fait que les prisonniers palestiniens potentiellement libérés des prisons israéliennes soient expulsés des territoires palestiniens.
Pour le Hamas, la nouvelle proposition est en accord avec les conditions de Netanyahu, en particulier son refus d’accepter un cessez-le-feu permanent, son insistance sur le non-retrait complet de la bande de Gaza et sa demande de continuer à occuper le carrefour de Netzarim, qui sépare le nord de Gaza du sud, le poste-frontière de Rafah et la route Philadelphie qui sépare Gaza de l’Egypte. Au Caire, et c’est l’idée partagée d’ailleurs par les Américains, on estime que Netanyahu vise davantage à prolonger la guerre le plus longtemps possible, afin de maintenir son pouvoir.
Lien court: