Afin de résoudre la crise des assiégés syriens, un projet de résolution va être déposé au Conseil de sécurité des Nations-Unies pour exiger des accès humanitaires aux populations civiles dans les villes syriennes assiégées. «
Il est absolument scandaleux que l’on discute depuis pas mal de temps et que l’on continue à affamer les populations tous les jours et donc, en liaison avec d’autres pays, nous allons déposer une résolution en ce sens », a déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
Assiégés par l’armée depuis 20 mois, plusieurs centaines de civils syriens ont été évacués dimanche dernier par l’Onu des quartiers rebelles de Homs, malgré les violences qui ont perturbé la première opération humanitaire du genre dans cette ville dévastée.
Une équipe de l’Onu et du Croissant-Rouge arabe syrien a mené dimanche cette opération grâce à un cessez-le-feu de trois jours décrété depuis vendredi selon un accord conclu entre rebelles et régime par l’intermédiaire de l’Onu. Des militants ont annoncé dimanche que la trêve avait été prolongée de 72 heures et que l’opération d’évacuation s’est poursuivie lundi.
Après ce premier groupe de 83 civils évacués vendredi, 611 civils (dont 210 femmes et 180 enfants) ont été sortis dimanche des quartiers de la vieille ville de Homs (centre), assiégés depuis juin 2012 par l’armée. Selon l’ONG, parmi eux 130 jeunes hommes se sont rendus aux autorités syriennes, sous la supervision de l’Onu et ils seront remis en liberté bientôt. L’opération a été mise en difficulté par une chute d’obus et seule une partie de l’aide a pu être fournie, selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH). Régime et insurgés se sont accusés mutuellement de ces violences. En revanche, le chef du Haut-Commissariat de l’Onu pour les Réfugiés (HCR), Antonio Guterres, a affirmé que l’Onu et le Croissant-Rouge continueront de faire parvenir de l’aide urgente à ceux qui ne l’ont pas encore reçue.
En effet, la ville syrienne de Homs, surnommée « capitale de la révolution » a payé au prix fort son soulèvement contre Bachar Al-Assad, avec des quartiers rebelles asphyxiés depuis la mi-2012 par un siège qui a plongé près de 3 000 personnes dans la famine. Des organisations de défense des droits de l’homme et des militants ont dénoncé à plusieurs reprises la terrible situation humanitaire dans ces quartiers, où les habitants se nourrissent d’olives et d’herbes et manquent de médicaments. Haut lieu de la contestation du régime depuis la mi-mars 2011, Homs a été la cible de nombreuses opérations de l’armée qui se sont intensifiées à partir de septembre 2011, avant plusieurs semaines de pilonnage dévastateur en février 2012.
Et à partir de juin 2012, l’armée a imposé un siège étouffant, reproduisant une tactique utilisée dans d’autres villes de Syrie pour tenter de faire plier les rebelles et la population qui les soutient.
La puissante armée de l’air bombarde également au quotidien les secteurs rebelles, en particulier la vieille ville, ce qui a permis à l’armée de reprendre plusieurs secteurs en 2013.
La province de Homs est la plus grande et la plus stratégique du pays. Frontalière du Liban, de la Jordanie et de l’Iraq, située non loin de Damas, elle relie le nord et le sud de la Syrie.
Dans cette ville divisée en quartiers sunnites, alaouites, chrétiens et mixtes quasiment étanches se concentrent les tensions confessionnelles du pays. Les sunnites se considèrent comme les vrais habitants de Homs et n’ont pas apprécié l’arrivée massive d’alaouites, une branche du chiisme dont est issu le clan Assad, à partir de la fin des années 1960. Troisième ville de Syrie, Homs est également le poumon industriel du pays, avec des raffineries de pétrole et des champs gaziers à l’ouest et à l’est de la ville, ainsi qu’un important carrefour routier.
Difficiles négociations à Genève
Opposition et représentants du gouvernement syrien se retrouvent à nouveau depuis lundi dernier avec le médiateur de l’Onu, Lakhdar Brahimi, après une semaine de pause pour la conférence de Genève-2. Le premier round n’avait permis aucune avancée en vue d’un règlement du conflit qui a fait plus de 136 000 morts et des millions de réfugiés et déplacés en près de trois ans.
Brahimi doit s’entretenir d’abord séparément avec chaque délégation, avec pour objectif que tous se retrouvent à la même table. Au terme d’une laborieuse première session de la conférence, ce vétéran de la diplomatie avait admis que les résultats étaient modestes, le principal acquis étant que les belligérants, pour la première fois en trois ans de conflit, s’étaient parlé par son intermédiaire et avaient accepté de continuer à le faire.
Brahimi a promis un dialogue plus structuré pour la seconde session, qui a commencé dès lundi et durera jusqu’à vendredi prochain, les participants décidant alors de la suite à donner à leurs pourparlers.
Seul point concret à ce dialogue, l’Onu avait essayé d’arracher une mesure humanitaire de confiance, un accord entre opposition et gouvernement pour venir en aide à la population de la vieille ville de Homs. Il ne s’était pas concrétisé à la fin de la première session.
Le régime à Damas, qui assimile les rebelles à des terroristes, insiste sur le fait que la priorité des discussions à Genève est la question du « terrorisme », alors que pour l’opposition, le dossier central est la transition dans le pays excluant Assad.
Le communiqué de Genève-I adopté en 2012 par les grandes puissances prévoit « l’arrêt de la violence sous toutes ses formes » et la formation d’une autorité gouvernementale de transition, sans mentionner le sort d’Assad.
Selon le chef de la diplomatie, Walid Mouallem, un retour de la sécurité et la stabilité en Syrie nécessite que l’on discute de l’arrêt du terrorisme et de la violence, comme indiqué dans le communiqué de Genève-I. Pour préparer cette deuxième session de Genève, les deux co-parrains de la conférence, la Russie et les Etats-Unis, qui n’ont pas ménagé leurs efforts ces dernières semaines pour réunir les belligérants à la même table, se sont à nouveau concertés samedi dernier.
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