Ils sont déjà 85 prétendants à la candidature à avoir retiré les formulaires de souscription individuels auprès du ministère de l’Intérieur pour se présenter à l’élection présidentielle du 17 avril prochain en Algérie. Une première en Algérie. Au moment où, à cause du flou qui entoure le prochain scrutin et surtout de la candidature encore non confirmée du président Abdelaziz Bouteflika, des personnalités politiques connues sur la scène hésitent à se lancer dans le bain, ce sont des anonymes qui convoitent le fauteuil présidentiel.
Une pléthore de candidats, pour la majorité des outsiders, et aucun favori. En effet, la vraie course ne commencera qu’une fois que M. Bouteflika annoncera si oui ou non il sera candidat. Pour l’heure, le président algérien entretient le doute. Victime d’un accident vasculaire cérébral en avril 2013, Bouteflika, malade et affaibli, est quasi absent de la vie politique. Ses apparitions sont rares et son état de santé suscite évidemment les rumeurs et les interrogations. Tout comme sa possible candidature. Sera-t-il ou non en lice pour un 4e mandat ? Rien ne permet jusqu’à présent de répondre à cette question.
Pourtant, malgré son état de santé, M. Bouteflika a été invité par une trentaine de partis politiques à se représenter pour un 4e mandat. Un « groupe des 26 (partis) pour la loyauté et la stabilité » a annoncé sa création sous la houlette du ministre des Transports Amar Ghoul, un fidèle du chef de l’Etat, a rapporté samedi dernier la radio publique francophone Chaîne 3. « Nous sommes prêts à entrer de plain-pied dans la campagne électorale » au côté de M. Bouteflika, a dit M. Ghoul, président du parti TAJ, lors d’un rassemblement de ces formations à Sidi Fredj, station balnéaire à 30 km à l’ouest d’Alger, a ajouté la radio, sans préciser qui sont ces partis. M. Ghoul a appelé d’autres partis — il y en a plus de 45 autorisés dans le pays — à rejoindre son groupe.
Pendant un temps, c’est le nom de l’actuel premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a circulé dans les médias algériens comme futur candidat du Front de Libération National (FLN au pouvoir) en cas de renoncement de Bouteflika.
Or, le paradoxe, c’est que le mutisme du président algérien provoque une paralysie politique. Tant que le chef de l’Etat n’a pas levé le voile sur ses intentions, les acteurs politiques susceptibles de se joindre à la course présidentielle ne veulent pas se prononcer, à l’exception de Ali Benflis, ancien premier ministre et ancien chef de file du FLN en Algérie.
Et pour l’éditorialiste Madjid Makedhi, du journal francophone El Watan, « l’entretien du suspense autour de la candidature du président de la République à une quatrième mandature est fait dans une seule et unique visée : freiner les ardeurs des hommes politiques ambitieux et éliminer toute candidature sérieuse à la joute politique d’avril 2014 ».
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