Manifestations à Damas
réclmant le départ de Bachar
Al-Assad. (Photo: Reuters)
Essayant de renforcer les pressions sur le régime syrien, l’UE a une nouvelle fois accentué ses sanctions contre Damas. L’UE a renforcé surtout son embargo sur les armes syriennes et a interdit d’accès au territoire européen un plus grand nombre de responsables syriens. Ce nouveau tour de vis décidé par les ministres européens des Affaires étrangères, le 19e depuis le début de la crise syrienne en mars 2011, gèle également les fonds de 28 partisans du président syrien. Ces derniers sont accusés d’être liés aux violences à l’encontre de l’opposition syrienne et de la population civile. Deux sociétés soupçonnées d’avoir acheté des armes et du matériel servant à la répression ont vu également leurs fonds gelés. Cette décision porte à 181 le nombre de personnes proches du régime et à 54 le nombre de sociétés ou d’administrations placées sur les listes noires de l’UE.
Par ailleurs, l’UE va interdire à ses ressortissants d’acheter des armes à la Syrie. Le but de la mesure est de priver le régime d’éventuelles sources de financement.
A ce jour, l’UE a décrété des embargos sur les armes et le pétrole, ainsi qu’une série de sanctions commerciales et financières contre Damas, dont le gel des avoirs de 53 sociétés et administrations et de 155 membres du régime ou leurs proches, également interdits de visa.
Ces pressions interviennent au moment où le médiateur international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, intensifie les efforts pour parvenir à un cessez-le-feu. Le diplomate algérien a appelé lundi à une trêve en Syrie durant la grande fête musulmane d’Al-Adha fin octobre, le jour même où le conflit dévastateur entrerait dans son 20e mois. L’appel de Brahimi, en tournée régionale, survient alors que les combats entre rebelles et troupes du régime de Bachar Al-Assad continuent de faire rage dans le pays et que les divisions persistent entre l’Occident et la Russie, un pays allié du pouvoir à Damas, sur les moyens de régler la crise. Lors de sa visite à Téhéran, où il a rencontré dimanche le président Mahmoud Ahmadinejad, un allié principal de M. Assad, Brahimi a appelé les autorités iraniennes à aider à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu en Syrie durant la fête musulmane de Eid Al-Adha. Cette idée a été acceptée par plusieurs pays arabes. Le Conseil National Syrien (CNS), principale instance de l’opposition en exil réunie au Qatar, a accepté le principe d’un cessez-le-feu si le régime l’applique. Ahmad Ramadan, chef du bureau d’informations du CNS, affirme que « l’une des idées envisagées (par M. Brahimi) est le déploiement de forces de maintien de la paix, mais cette question est encore à l’étude ».
L’opposition syrienne reste toutefois divisée. Le secrétariat général du CNS, qui regroupe 35 membres, débat actuellement dans la capitale qatari sous la présidence de son chef Abdel-Basset Sayda, de la situation sur le terrain et du problème des réfugiés. Selon Ramadan, il s’agit aussi d’évoquer la mise en place de mécanismes pour gérer les zones libérées et passées sous le contrôle des rebelles en Syrie. La restructuration du CNS, afin de l’élargir à d’autres courants politiques et représentants de la société civile, est également débattue. Selon Louay Safi, un autre membre du secrétariat général, une autre réunion se tiendra le 22 octobre au Qatar et sera élargie à d’autres parties de l’opposition syrienne et à des personnalités indépendantes de l’opposition. Par contre, une réunion de l’assemblée générale du CNS, initialement prévue le 17 octobre pour renouveler ses instances et tenter de fédérer les autres forces d’opposition, a été reportée au mois de novembre. L’assemblée générale du CNS devra notamment désigner un successeur à Sayda, un Kurde désigné en juin, et qui ne briguera pas un nouveau mandat.
Les divisions persistent au sein de l’opposition syrienne entre les groupes à l’intérieur du pays et ceux en exil. Le CNS, considéré comme un « interlocuteur légitime » par la communauté internationale, peine à rassembler et à imposer sa crédibilité. Les grandes puissances qui souhaitent la chute de Bachar Al-Assad exhortent régulièrement l’opposition à s’unir pour former un gouvernement transitoire représentatif de toutes les communautés et les sensibilités syriennes.
A cet égard, les brigades islamistes syriennes, qui rassemblent environ la moitié des forces rebelles en lutte contre le président Bachar Al-Assad, ont annoncé la création d’un front pour libérer la Syrie. Ce n’est pas la première fois que l’opposition, minée par les divisions, tente de regrouper ses forces. Cette nouvelle organisation devait à l’origine s’appeler le Front islamique pour libérer la Syrie, mais ses promoteurs ont décidé d’abandonner l’adjectif afin de ne pas s’aliéner les autres composantes du mouvement insurrectionnel. La formation de cette nouvelle organisation a aggravé les divisions. Certains dirigeants de l’Armée syrienne libre, qui regroupe d’autres forces en lutte contre Assad, ont dénoncé la création du Front et souligné que la tonalité islamiste de l’organisation serait perçue avec inquiétude par les minorités religieuses. Ces mêmes responsables déclarent que le Front est financé par des pays du Golfe, comme le Qatar et l’Arabie saoudite, qui prônent la même idéologie. Ils affirment que le Front dispose d’un meilleur accès aux armes venant de Turquie. Ainsi, aucun signe ne laisse présager une fin proche du conflit, les deux belligérants étant déterminés à en finir par la force et la communauté internationale, pays arabes et occidentaux d’un côté, et Russes et Chinois de l’autre, restant profondément divisée sur la manière d’agir.
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