Après la reconnaissance de l’Etat de Palestine par deux de ses membres, l’Union Européenne (UE) cherche, en dépit de ses divisions, à s’assurer une place dans l’après-guerre entre Israël et les Palestiniens. L’UE se dit favorable à la solution de deux Etats, un Israélien et un Palestinien vivant côte à côte, pour assurer une paix durable dans une région déchirée par un conflit qui dure depuis plus de 70 ans. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré dimanche 26 mai, en recevant à Bruxelles le premier ministre palestinien, Mohammed Mustafa, que seule une Autorité palestinienne « forte » était à même de garantir la paix. Borrell a appelé les Palestiniens à engager les réformes nécessaires, y compris en matière de renforcement de l’Etat de droit, et réclamé d’Israël de mettre fin à l’expansion de ses colonies, contraires au droit international. « La cause palestinienne est devenue de plus en plus complexe. Personne ne va accepter que le Hamas retourne à Gaza et gouverne l’enclave une nouvelle fois. La réconciliation entre les Palestiniens a échoué à plusieurs reprises. Une dizaine d’accords de réconciliation ont été signés, aucun d’entre eux n’a vu le jour. Le gouvernement israélien est divisé sur l’arrêt de la guerre. Une grande confusion plane sur la situation à Gaza. De leur côté, les Européens ont commencé à parler de l’après-guerre avant même qu’un accord de cessez-le-feu ne soit appliqué », analyse Dr Mona Soliman, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire. Et d’ajouter : « La Conférence arabo-européenne a invité le ministre palestinien des Affaires étrangères à envoyer un message clair au Hamas selon lequel il n’est pas question que le mouvement retourne une autre fois à Gaza. Le comité conjoint arabo-européen prépare l’Autorité palestinienne à diriger Gaza après la fin de la guerre, les pays donateurs et les ONG vont aider à la reconstruction de Gaza, mais après le départ du Hamas ».
Intensifier les efforts pour mettre fin à la guerre
Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont retrouvé à nouveau leurs homologues d’Arabie saoudite, du Qatar, de l’Egypte, des Emirats arabes unis et de la Jordanie, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe.
Le groupe ministériel arabe avait été chargé par le Sommet extraordinaire conjoint arabo-islamique de Riyad de trouver les moyens de mettre fin à la guerre à Gaza. Une rencontre arabo-européenne s’est tenue en Arabie saoudite le 29 avril, mais sans décisions concrètes. Une deuxième réunion a eu lieu dans la capitale belge, dimanche et lundi derniers, toujours pour discuter de la guerre à Gaza. Il a été convenu d’intensifier les efforts internationaux visant à un cessez-le-feu immédiat et complet à Gaza, garantissant la protection des civils et la fourniture d’une aide humanitaire adéquate et durable dans la bande de Gaza.
Le comité ministériel arabe conjoint a été formé après le Sommet de Riyad en novembre 2023, un mois après le déclenchement de la guerre à Gaza, dans le but d’arrêter la guerre et de trouver une solution à la cause palestinienne. L’UE a décidé de travailler avec le comité arabe pour tenter de rétablir la paix dans l’enclave palestinienne.
L’UE et le comité ministériel arabe ont évoqué aussi les plans pour l’avenir de Gaza et le reste des territoires palestiniens. « La bande de Gaza est devenue, après la guerre, un sujet inquiétant mais essentiel. Plusieurs questions demeurent sans réponses, à savoir qui gouvernera la bande et qui sera responsable de sa sécurité et de sa reconstruction », affirme Dr Mona Soliman. Et d’expliquer que le Hamas ne va pas céder et quitter la bande de Gaza facilement. « Les pays arabes doivent exercer une forte pression sur le Hamas , celui-ci peut se transformer en parti politique, mais il n’est pas question qu’il reste un mouvement ».
La pression s’accentuera aussi sur le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, pour qu’il présente un plan clair pour l’après-guerre. Son gouvernement veut maintenir le contrôle de sécurité israélien, établir une administration américaine, européenne, arabe et palestinienne qui gérera les affaires civiles dans la bande de Gaza et jettera les bases d’une future alternative loin du Hamas et du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, conclut Mona Soliman.
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