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Moscou : Le retour des Tsars

Abir Taleb avec agences, Mercredi, 04 décembre 2013

Après la Syrie et l’Iran, Moscou accumule ses succès diplomatiques internationaux au détriment de l’Occident.

Depuis la chute de l’Union soviétique en 1991, jamais Moscou n’a été aussi présent sur la scène internationale. Jamais la Russie n’a accumulé autant de succès. Pourtant, il y a quelques mois à peine, la Russie battait en retraite sur tous les fronts diplomatiques. La Syrie était sur le point d’être attaquée et une offensive contre l’Iran n’était pas invraisemblable. En même temps, en Europe, l’Ukraine avançait à toute vitesse vers la signature d’un accord d’association avec l’Union Européenne (UE).

Aujourd’hui, tout a changé. Plutôt que d’être le « loser » de la scène internationale, Moscou est devenu l’un des acteurs les plus couronnés de succès. Le dernier succès en date est la suspension, par Kiev, des négociations sur l’accord d’association avec l’UE. Face aux pressions russes, l’Europe a en effet échoué à convaincre l’Ukraine de signer un accord historique scellant son rapprochement avec l’Ouest. Et l’UE n’a pas caché sa colère. « Le temps de la souveraineté limitée est révolu en Europe », a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, en référence à l’époque de l’URSS, ajoutant qu’elle n’acceptait pas de « veto » de la Russie sur ses relations avec les ex-républiques soviétiques.

En effet, la Russie de Vladimir Poutine sait manier la carotte et le bâton, et peut encore influencer la vie politique dans un certain nombre d’anciennes républiques soviétiques. C’est justement ce qu’elle fait pour dissuader les six anciennes républiques soviétiques que l’Europe veut attirer dans son projet de partenariat oriental. Car aux yeux de la Russie, ce projet, lancé en 2009 à Prague, a comme dessein de l’isoler encore un peu plus.

Les Russes, de leur côté, savourent leur succès en silence. Outre la lutte d’influence dans les ex-républiques de l’Est, Moscou peut aussi se targuer d’avoir un rôle de plus en plus important dans les crises internationales, notamment au Moyen-Orient. Et ce, alors que l’Europe est complètement absente de la région.

C’est en effet grâce à l’intervention de la Russie et au compromis sur le démantèlement des armes chimiques qu’une frappe militaire contre la Syrie (alliée de Moscou) a été évitée de justesse en septembre dernier. Depuis, la communauté internationale semble se pencher vers une solution diplomatique incluant le maintien de Bachar Al-Assad, au moins jusqu’aux prochaines présidentielles syriennes. S’ensuivit l’accord sur le nucléaire iranien conclu entre Téhéran et les Six il y a une dizaine de jours, une autre victoire diplomatique à mettre au crédit de la Russie, seule nation parmi les négociateurs internationaux à avoir entretenu des relations suffisamment proches avec l’Iran pour permettre, comme l’a toujours souhaité le président Vladimir Poutine, de dégager une solution acceptable pour les deux parties.

Bien après la fin de la Guerre froide, pour les Russes, les relations internationales sont toujours une lutte permanente pour le pouvoir et le prestige. Cependant, malgré les victoires de ces derniers mois, il n’est pas sûr que la Russie tienne longtemps avec de simples coups tactiques.

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