L'Iraq est secoué quotidiennement par des attentats meurtriers.(Photo:Reuters)
Plongé dans le chaos, la violence et les conflits, l’Iraq est en quête de soutien international, au moment où le pays semble oublié des priorités de la communauté internationale. Pas un jour ou presque en effet ne passe sans attentats, sans morts, et ce, dans l’indifférence la plus totale.
Cette semaine, l’Iraq a fait parler de lui non pas à cause des violences récurrentes, mais en raison de la visite du premier ministre, Nouri Al-Maliki, aux Etats-Unis. Deux buts officiels affichés pour cette visite : discuter de la coopération antiterroriste entre les deux pays et obtenir l’assistance des Etats-Unis pour contenir l’insurrection sunnite dans son pays, alimentée par la guerre civile en Syrie.
« Le but essentiel de cette visite est militaire. L’Iraq veut renforcer ses équipements. Quand les Américains ont quitté l’Iraq, ils l’ont laissé sans appui militaire. Aujourd’hui, l’Iraq souffre non seulement d’un manque de personnel compétent et formé, mais aussi de matériel militaire. Et Bagdad veut une aide américaine », explique Gamal Abdel-Gawad, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire. Et de poursuivre : « A cela s’ajoute un autre objectif non moins important de cette visite : Maliki cherche un soutien américain aux prochaines élections qui auront lieu dans quelques mois. Il sait que les Américains peuvent faire pression sur son adversaire sunnite, Iyad Al-Alloui ».
Lutte antiterroriste
Cela dit, officiellement, il a été question avant tout de terrorisme. Maliki a appelé la communauté internationale à mener une troisième guerre mondiale contre le « virus » Al-Qaëda. Répondant à ses revendications, Barack Obama a promis une aide américaine contre la résurgence d’Al-Qaëda dans le pays. « Tous nos efforts doivent être dirigés pour empêcher le succès d’Al-Qaëda et d’autres organisations terroristes. Nous avons parlé de la façon de contrer le terrorisme. Nous avons discuté des détails de notre coopération en la matière », a affirmé le premier ministre iraqien. Déclarations similaires de la part du président américain, Barack Obama : « Nous avons eu des discussions sur la manière de travailler ensemble pour repousser cette organisation terroriste (Al-Qaëda) qui opère non seulement en Iraq, mais présente également une menace pour l’ensemble de la région et pour les Etats-Unis ».
Or, pour Bagdad, les deux questions, à savoir les aides militaires et la lutte antiterroriste, sont étroitement liées. Dans un communiqué publié par les deux gouvernements américain et iraqien, ils ont reconnu que les forces de l’ordre iraqiennes ont un besoin urgent d’équipements supplémentaires pour mener des opérations dans des régions enclavées servant de repaires aux insurgés. Déjà, la délégation iraqienne a manifesté son souhait d’acheter des équipements des Etats-Unis pour renforcer les liens institutionnels avec les Etats-Unis, et a confirmé son engagement à respecter strictement les lois et les règlements américains sur l’usage de tels équipements. Le texte ne donne pas davantage de détails sur d’éventuelles ventes d’armements à l’Iraq par les Etats-Unis, alors que le gouvernement de Maliki a dit souhaiter recevoir des avions de combat F-16 et des hélicoptères Apache pour contrer les groupes liés à Al-Qaëda, rendus responsables d’une recrudescence des attentats sanglants en Iraq.
Du côté de Washington, l’aide militaire est aussi tributaire de l’établissement d’un gouvernement fort et stable. Ainsi, Obama a assuré que les Etats-Unis soutenaient l’idée d’un Iraq rassembleur, démocratique et prospère incluant toutes les communautés iraqiennes (chiite, sunnite et kurde), tandis que Maliki notait que la démocratie iraqienne était fragile, mais très importante, et promettait d’oeuvrer à la renforcer. Pour ce faire, une loi électorale doit être adoptée et des élections libres et justes doivent être organisées l’année prochaine afin « que le peuple résolve ses divergences par la politique et non par la violence », a ajouté Barack Obama.
Le principe d’une aide accrue à l’Iraq en matière de sécurité est soutenu par d’influents sénateurs républicains et démocrates. Mais ces derniers ont aussi critiqué Maliki, un chiite, lui attribuant la responsabilité partielle de la reprise des violences par sa politique sectaire et autoritaire. Ces poids lourds du Sénat ont aussi exigé d’Obama qu’il fasse comprendre à Maliki que l’influence pernicieuse de l’Iran au sein du gouvernement iraqien constitue un problème sérieux dans leur relation bilatérale. Selon eux, Téhéran utilise notamment l’espace aérien iraqien pour convoyer du matériel militaire au profit des forces du régime de Bachar Al-Assad en Syrie, pays en proie à une guerre civile qui menace de déborder dans l’ouest de l’Iraq voisin. Mais, Maliki a réaffirmé la neutralité de son pays dans ce conflit .
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