Avant même la tenue du 32e sommet de la Ligue arabe, vendredi 19 mai à Djeddah, le retour de la Syrie sur la scène a fait la une. La participation de Bachar Al- Assad, président de la Syrie, dont le siège était vide depuis douze ans, a donc marqué le sommet. La Syrie marque ainsi son retour sur la scène diplomatique arabe dont elle avait été écartée depuis 2011. Damas est indéniablement le premier gagnant du sommet arabe. Cependant, les résultats escomptés n’ont pas tous été atteints. Selon plusieurs analystes, le chemin devant Damas est long et difficile, car de nombreuses questions restent à résoudre pour un retour à la normale : contrôle du trafic de drogue dans la région, démantèlement des milices agissant aux ordres de puissances étrangères, retour des réfugiés, et, surtout, dialogue avec l’opposition. Sans cela, la crise syrienne n’est pas près d’être résolue et Damas aura simplement « gagné » son retour au sein de la Ligue arabe.
Outre la Syrie, l’Arabie saoudite a su tirer profit du sommet. D’abord, en initiant le retour de la Syrie, ensuite en cherchant à renforcer son rôle et son influence, non seulement dans la région, mais aussi au niveau mondial, et ce, en invitant le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à participer en personne et à s’exprimer devant les dirigeants arabes. « C’est la première fois qu’un dirigeant non arabe prononce une allocation au cours d’un sommet de la Ligue arabe. Zelensky a été invité par le prince héritier Mohammad bin Salmane, c’est un message pour satisfaire Washington, l’allié stratégique de l’Arabie saoudite », explique Dr Tarek Fahmy, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, tout en ajoutant que la présence de Zelensky devant les dirigeants arabes révèle par ailleurs les ambitions de l’Arabie saoudite sur la scène internationale.
Renforcer l’action arabe commune
Outre ces deux présences qui ont marqué le sommet de Djeddah, les dirigeants arabes se sont penchés, comme de coutume, sur l’ensemble des maux dont souffre la région. Les dirigeants arabes ont insisté sur la nécessité de renforcer l’action arabe commune fondée sur les principes, les valeurs, les intérêts communs et le destin commun, et la nécessité d’unifier les positions et d’intensifier la coopération pour préserver la stabilité et la sécurité. Ils ont appelé, aussi, à la protection de la souveraineté des Etats et la cohésion de leurs institutions, à préserver leurs acquis, faire progresser l’action arabe et tirer parti des ressources humaines et naturelles dont jouit notre région pour relever les défis de la nouvelle ère afin de servir les objectifs et les aspirations vers un avenir prometteur pour les peuples et les générations à venir. La déclaration de Djeddah a précisé que les visions et les plans axés sur l’investissement des ressources et des opportunités et la résolution des défis sont capables de localiser le développement, d’activer les capacités disponibles et d’investir dans la technologie afin de parvenir à une renaissance industrielle et agricole arabe inclusive.
Certaines crises ont été mentionnées en particulier : la question palestinienne, le Soudan, le Yémen, la Libye et bien sûr la Syrie. Selon la déclaration de Djeddah, les pays arabes soutiennent la Syrie pour garder son unité territoriale, l’aider à surmonter sa crise, ainsi qu’à la reconstruction au niveau politique et économique. Plus généralement, la déclaration insiste pour mettre fin à l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures des pays arabes et rejette catégoriquement tout soutien à la formation de groupes armés et de milices en dehors du cadre des institutions étatiques. En insistant sur l’intérêt de renforcer l’action arabe commune fondée sur les principes, les valeurs, les intérêts communs et le destin commun, et la nécessité d’unifier les positions et d’intensifier la coopération pour préserver la stabilité et la sécurité, les dirigeants des Etats arabes ont appelé à la protection de la souveraineté des Etats et la cohésion de leurs institutions, et à préserver leurs acquis.
Autre question clé évoquée par la déclaration de Djeddah, la crise libanaise. Les dirigeants arabes exhortent toutes les parties libanaises au dialogue, à élire un président qui réponde aux aspirations du peuple libanais, à garantir le bon fonctionnement des institutions constitutionnelles et à adopter les réformes nécessaires pour permettre au Liban de sortir de sa crise. D’autre part, les participants au sommet estiment qu’il faut agir pour faire progresser l’action arabe et tirer parti des ressources humaines et naturelles dont jouit notre région pour relever les défis de la nouvelle ère afin de servir les objectifs et les aspirations vers un avenir prometteur. La déclaration mentionne l’augmentation et le renforcement des investissements, les partenariats, ainsi que la consolidation des accords entre les pays sur la base d’intérêts communs, la coopération pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) et mettre en oeuvre les visions ambitieuses de développement.
Les initiatives prises à Djeddah
Plusieurs comités ont été créés pour suivre les initiatives lancées dans la déclaration de Djeddah :
— L’initiative visant à enseigner l’arabe aux locuteurs non natifs, qui cible les enfants des deuxième et troisième générations d’émigrants arabes, d’une manière qui contribue à renforcer la communication culturelle entre les pays arabes et le monde et met en valeur et préserve l’ancienne civilisation et la culture arabes.
— L’initiative Culture et avenir vert, qui vise à élever le niveau d’engagement du secteur culturel dans les pays arabes envers les objectifs de développement durable, à développer des politiques culturelles liées à la durabilité, en plus de contribuer à soutenir les pratiques culturelles respectueuses de l’environnement et de les utiliser pour soutenir l’économie créative dans les pays arabes.
— L’initiative de recherche et d’excellence dans l’industrie du dessalement et ses solutions dans le but de stimuler la recherche scientifique et appliquée et l’innovation dans l’industrie de la production d’eau dessalée et les solutions d’eau pour les pays intéressés et nécessiteux. Tout cela en mettant l’accent sur la diffusion et le partage des connaissances et des expériences et en contribuant à améliorer les économies de cette industrie pour réduire les coûts et accroître l’efficacité des opérations et leur durabilité environnementale, et contribuer à la publication de spécifications et de normes et à la structure institutionnelle des secteurs de l’eau pour être une industrie stratégique pour les pays arabes.
— L’initiative visant à créer un contenant intellectuel pour la recherche et les études sur la durabilité et le développement économique, qui engloberait les nouvelles tendances et idées dans le domaine du développement durable et soulignerait l’importance des initiatives de développement durable dans la région arabe pour renforcer l’intérêt commun et multilatéral pour la coopération en matière de recherche et de partenariats stratégiques.
Lien court: