La rencontre ne s'est pas démarquée des précédentes, avec quelques discours et un texte long d'une trentaine de clauses adopté après environ 4 heures, renouvelant ainsi d'anciens engagements. Dès le discours d'ouverture, Mohammed ben Salmane, président du sommet, a souligné l'importance primordiale de la question palestinienne pour les Arabes et les Musulmans, réaffirmant son statut de « priorité absolue pour le Royaume ». Cette position ne fait que confirmer la constance des sommets précédents. Le prince héritier saoudien a néanmoins tenu à rassurer « nos amis de l'Ouest et de l'Est que nous sommes engagés pour la paix ».
De son côté, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a déploré la tragédie vécue par son peuple depuis la Nakba en 1948. Il a vivement condamné « les crimes continus de l'occupation israélienne et l'expansion des colonies », exhortant la communauté internationale à « tenir les forces d'occupation pour responsables » et à « mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies relatives à la question palestinienne ».
Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, dont le pays vient tout juste de négocier une trêve entre les deux parties, a également dénoncé « l'escalade irresponsable d'Israël dans la bande de Gaza ». Il a averti que « la poursuite de la gestion militaire et sécuritaire du conflit ne peut qu'engendrer davantage d'escalade ».
Ainsi, sans grande surprise, la déclaration finale du sommet, adoptée par la Ligue arabe, a réaffirmé la place centrale de la cause palestinienne. Elle souligne l'identité arabe de Jérusalem-Est, occupée, en tant que capitale de la Palestine, et le droit absolu de la Palestine à la souveraineté sur l'ensemble de ses territoires occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est.
« L'Arabie saoudite, hôte du sommet, considère l'événement comme un catalyseur pour ses efforts diplomatiques, fondés sur la conviction que les États arabes peuvent résoudre leurs crises tout en priorisant leurs intérêts », affirme un diplomate à la Ligue arabe lors d'une interview accordée à l'Hebdo. Le Royaume, engagé dans la médiation de la crise au Soudan, la normalisation des relations avec l'Iran et la promotion de la réconciliation arabe avec la Syrie, souhaite cultiver un leadership diplomatique plus fort dans la région.
Nouvelle approche envers l'Iran
Le président Al-Sissi a appelé à un engagement envers l'unité et l'action collective. « Nous devons nous appuyer sur des efforts arabes communs et une intégration entre nous pour formuler des solutions, cela est devenu un devoir pour nous », a déclaré Sissi. Il a considéré le retour de la Syrie à la Ligue arabe comme « une activation de l'action arabe et le début d'un parcours arabe pour résoudre les crises ».
Au fur et à mesure que la réunion se déroulait, les discours d'ouverture ont chaleureusement accueilli Bachar Al-Assad, qui faisait son retour après une longue absence depuis sa participation au sommet de 2010, à l'exception du Koweït, du Liban et de la Libye, qui ont évité de mentionner son nom.
Le Qatar, qui refuse toujours de rétablir les relations avec Damas, n'est pas monté sur scène pour prendre la parole, confirmant ainsi son récent changement de politique consistant à ne pas s'opposer à la diplomatie saoudienne, selon un diplomate arabe à Djeddah.
Plus tôt ce mois-ci, lors d'une réunion ministérielle arabe au Caire, le Qatar avait retiré son opposition à l'initiative de Riyad visant à réadmettre la Syrie « pour ne pas raviver l'animosité avec ses voisins arabes après leur réconciliation récente », a précisé le diplomate présent aux réunions.
Bachar, lui, est monté sur scène pour prononcer un discours avec une touche philosophique. « Nous devons nous concentrer sur les problèmes majeurs qui contribuent à nos crises et traiter les raisons sous-jacentes plutôt que de chercher à traiter les symptômes », a-t-il déclaré.
Il a également appelé à la révision de la charte de la Ligue arabe et de son système interne afin de les aligner sur les exigences de l'ère moderne. « Le monde devrait laisser nos problèmes internes à nos peuples, et nous devrions rejeter les ingérences étrangères », a-t-il ajouté d'un ton victorieux, après avoir réussi à rejoindre l'organisation panarabe sans faire la moindre concession, et en profitant de l'occasion pour critiquer implicitement la Turquie et sa « vision expansionniste ottomane, mêlée à la pensée déviante des Frères musulmans ». Toutefois, il s'est abstenu de mentionner les interventions de l'Iran en Syrie.
« La situation dans le voisinage arabe et lors du sommet est calme, et les pays arabes proposent une détente », a déclaré le Secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, lors d'une conférence de presse à la fin du sommet. Il a souligné l'importance pour la Turquie et l'Iran, en particulier, de saisir cette opportunité, car bien que des décisions aient été prises, elles ont été formulées de manière atténuée dans le but de permettre aux pays voisins de tourner la page et d'inaugurer une nouvelle ère de coopération.
En effet, pour la première fois, le texte final adopte un langage moins hostile envers l'Iran. Dans la clause classique sur « l'ingérence iranienne », il souligne simplement l'importance de maintenir une coopération étroite entre les pays arabes et Téhéran, « basée sur le respect mutuel et la non-ingérence dans les affaires internes des pays arabes (...) et la nécessité de préserver la sécurité et la stabilité dans la région ».
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