Démolition des maisons de Palestiniens accusés d’attaques anti-israéliennes, suppression des droits à la sécurité sociale des « familles de terroristes qui soutiennent le terrorisme », et peut-être même révocation de leurs cartes d’identité, décision de faciliter l’obtention de permis de port d’armes pour les civils, afin de « se défendre » contre les Palestiniens, de placer les forces de sécurité en état d’alerte maximale et de renforcer les effectifs en Cisjordanie … Il n’aura pas fallu beaucoup de temps à Israël pour qu’il lance une série de mesures répressives et coercitives à l’encontre des Palestiniens, quitte à outrepasser la loi. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, à la tête du gouvernement le plus extrémiste de l’histoire de l’Etat hébreu, a promis une réponse « forte » et « solide » au « terrorisme ». Et il l’a fait.
Pourtant, les deux attaques qu’Israël veut venger, menées vendredi 27 janvier à Jérusalem- Est, dont l’une a fait 7 morts près d’une synagogue, sont intervenues au lendemain d’une opération israélienne à Jénine, en Cisjordanie occupée. Une opération qui a fait une dizaine de morts côté palestinien, portant à 35 le nombre de morts pour le seul mois de janvier. Un détail que Tel-Aviv veut faire oublier pour mener à bien sa politique. « Avec un tel gouvernement, l’escalade est tout à fait possible, car il ne fait qu’attiser les tensions par ses politiques, et on risque de se trouver ainsi dans une surenchère, une spirale de la violence : la violence israélienne donnant lieu à des violences palestiniennes qui, à leur tour, entraînent des ripostes israéliennes », estime Dr Ahmed Sayed Ahmed, politologue.
Comme c’est le cas depuis des années, depuis qu’Israël a tout simplement décidé d’en finir avec le processus de paix, les Israéliens sont dans une logique purement sécuritaire et leur réponse n’est que sécuritaire. Avec toutes les conséquences néfastes qui s’ensuivent sur les Palestiniens. Chez ces derniers, la frustration s’attise chaque jour un peu plus, alors que tout espoir de paix part en fumée. Il ne faut pas s’étonner alors qu’un enfant de 13 ans, puisque c’est comme cela qu’il faut l’appeler, décide d’attaquer, seul, des Israéliens …
La retenue, pas la paix
Comment, dans ces conditions, attendre que le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, en tournée dans la région, parvienne à calmer les esprits ? Certes, Washington, ainsi qu’autres capitales occidentales, ont appelé les deux parties à la retenue pour éviter l’escalade, toujours estil que le mieux que l’on puisse espérer est un retour à un calme fictif. Dans une conférence de presse conjointe avec le premier ministre israélien, lundi 30 janvier à Tel-Aviv, le secrétaire d’Etat américain a exhorté « toutes les parties à prendre des mesures urgentes pour un retour au calme et une désescalade », disant vouloir « rétablir un sentiment de sécurité pour les Israéliens comme pour les Palestiniens qui, bien sûr, fait cruellement défaut ». Et ce n’est que timidement que Blinken a évoqué la solution à deux Etats. Face à un Netanyahu tout sourire, le responsable américain a rappelé les « valeurs communes et les intérêts communs » des Etats-Unis et d’Israël. C’est tout dire … La marge de manoeuvre de Blinken paraît limitée, disent les uns. Sa volonté de faire avancer les choses fait défaut, disent les autres. « Je ne pense pas qu’il puisse parvenir à des résultats tangibles. Un retour au processus de paix, c’est chimérique. Parce que le conflit israélo-palestinien ne figure pas en tête des priorités américaines, et que Biden se prépare déjà aux prochaines élections, parce qu’aussi la règle numéro un des Américains, c’est un soutien indéfectible à Israël et à sa vision de la paix. Or, il y a un fossé entre la vision israélienne et la solution à deux Etats telle que promue par la communauté internationale, seule voie vers une paix durable », estime Dr Sayed Ahmed, ajoutant que « parallèlement à leur soutien à Israël, les Etats-Unis doivent faire pression sur les Israéliens, au moins pour faire baisser les tensions et stopper les infractions contre les Palestiniens ». L’heure est donc au retour du rôle américain, si ce n’est pour relancer la paix, au moins, pour éviter le pire. Car « une nouvelle intifada n’est pas à exclure, parce que la politique israélienne pousse à l’extrémisme chez les Palestiniens », affirme Sayed Ahmed.
L’Iran avant tout
Force est de constater que Washington va uniquement oeuvrer à calmer la situation, sans pour autant s’atteler à instaurer une paix définitive.
En effet, la visite d’Antony Blinken en Israël, si elle a été prise de court à cause des récents développements, était prévue bien avant. Intervenant après celle du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, elle traduit la volonté de Washington de renouer avec Benyamin Netanyahu. Et l’Iran, ennemi numéro un d’Israël, a sans aucun doute dominé les discussions, malgré l’escalade dans les territoires occupés. D’ailleurs, la question a été abordée au cours de la conférence de presse. « Nous nous accordons sur le fait que l’Iran ne doit jamais être autorisé à acquérir l’arme nucléaire », a dit Antony Blinken.
Sa visite en Israël, il ne faut pas l’oublier, est intervenue deux jours après une attaque de drones contre un site militaire iranien, où Israël est pointé du doigt. Washington et Tel-Aviv semblent préparer une action contre l’Iran, plutôt que parler paix avec les Palestiniens … .
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