Les combats de vendredi 26 et samedi 27 août à Tripoli ont fait au moins 32 morts. (Photo : AP)
Scènes de guerre à Tripoli. Rafales de tirs et bombardements. Voitures calcinées et bâtiments criblés de balles ou incendiés. Colonnes de fumée grisâtre dans le ciel de la capitale libyenne. Vendredi 26 et samedi 27 août, des combats de rue ont éclaté dans plusieurs quartiers de Tripoli. Les combats ont opposé des milices rivales, sur fond de chaos politique avec deux gouvernements. Au moins 32 personnes sont mortes et 159 ont été blessées, selon le dernier bilan officiel. Six hôpitaux ont été touchés par les frappes tandis que les ambulances n’ont pas pu accéder aux zones de combats, a également annoncé le ministre de la Santé.
L’ambassade américaine à Tripoli s’est dite « très préoccupée », tandis que la mission de l’Onu en Libye a appelé à « un arrêt immédiat des hostilités » en dénonçant des « affrontements (…) dans des quartiers peuplés de civils ».
Le lendemain de ces affrontements, un calme précaire régnait sur la ville. Mais la tension est là, palpable. Ces nouveaux affrontements sont les plus graves depuis juin 2020. Ils font craindre une nouvelle guerre en Libye. Dimanche 28 août également, le chef du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, est apparu dans une vidéo, entouré de ses gardes, en train de saluer des combattants qui se sont rangés de son côté. Le gouvernement basé à Tripoli a accusé le premier ministre rival, Fathi Bachagha, basé provisoirement à Syrte (centre) et soutenu par le chef de l’armée, Khalifa Haftar, d’avoir voulu « mettre à exécution ses menaces » de s’emparer de la ville. Le bureau des médias de M. Bachagha a, en retour, accusé le gouvernement de Tripoli de « s’accrocher au pouvoir » bien qu’il soit « illégitime ». Il a aussi démenti toute négociation avec son rival en vue d’un accord.
Depuis sa désignation en février dernier par le parlement siégeant dans l’Est, M. Bachagha tente, sans succès, d’entrer à Tripoli pour y asseoir son autorité, menaçant dernièrement de recourir à la force. Les tensions entre groupes armés fidèles à l’un ou à l’autre des deux dirigeants se sont exacerbées ces derniers mois à Tripoli. Le 22 juillet, des combats y avaient déjà fait 16 morts, dont des civils, et une cinquantaine de blessés.
M. Dbeibah, à la tête d’un gouvernement de transition, a assuré à maintes reprises qu’il ne céderait le pouvoir qu’à un gouvernement sorti des urnes. Le gouvernement de Abdelhamid Dbeibah est né début 2020 d’un processus parrainé par l’Onu, avec comme mission principale l’organisation d’élections en décembre dernier, mais reportées sine die en raison de fortes divergences sur la base juridique des scrutins et la présence de candidats controversés. Ces élections constituaient pourtant la seule lueur d’espoir pour sortir le pays d’une crise qui dure depuis plus de dix ans.
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