Selon l’Onu, le conflit au Yémen a causé la mort de près de 380 000 personnes, dont une majorité de décès liée à la faim et au manque d’eau potable.
C’est une lueur d’espoir. Les Yéménites ont accueilli le premier jour du mois sacré du Ramadan avec la nouvelle de l’entrée en vigueur, le 2 avril, d’une trêve de 2 mois entre les forces progouvernementales et les rebelles houthis, en guerre depuis près de 8 ans. « En vertu de cette nouvelle trêve, qui peut être renouvelée avec le consentement des belligérants, toutes les offensives militaires aériennes, terrestres et maritimes doivent cesser dès ce soir », a précisé le 2 avril Hans Grundberg, émissaire de l’Onu, dans un communiqué. En vertu de cette trêve, qui représente un succès pour l’Onu, 18 pétroliers sont autorisés à entrer dans le port stratégique de Hodeida (ouest) et deux vols commerciaux auront accès à l’aéroport de la capitale Sanaa. Cette dernière est aux mains des rebelles de même que les ports de la province de Hodeida, sur la mer Rouge, qui est d’une importance capitale, car il sert de point d’entrée à l’aide humanitaire et à environ 70 % des importations commerciales. Hodeida est la seule région du Yémen à faire l’objet d’un accord de démilitarisation, signé sous l’égide de l’Onu en 2018. « L’objectif de cette trêve est de donner aux Yéménites un répit pour recevoir l’assistance humanitaire et l’espoir que ce conflit puisse se terminer, ce qui est le plus important », a dit le diplomate, en assurant que les belligérants avaient accepté de se rencontrer sous l’égide de l’Onu pour ouvrir des routes à Taïz et d’autres régions du Yémen.
En fait, l’émissaire de l’Onu tente depuis des mois de parvenir à une trêve et de relancer les négociations en vue d’un règlement au Yémen où les puissances régionales rivales, l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, se livrent à une guerre par procuration. Les Houthis, soutenus par l’Iran, affrontent les forces gouvernementales appuyées, depuis 2015, par une coalition dirigée par l’Arabie saoudite, et incluant notamment les Emirats arabes unis. Dans ce conflit, qui a fait des centaines de milliers de morts selon l’Onu et qui a poussé ce pays pauvre de la péninsule arabique au bord de la famine, une précédente trêve convenue en 2016 entre les belligérants et d’autres décidées unilatéralement avaient fait long feu.
Par ailleurs, les efforts en vue d’une trêve se sont intensifiés après une recrudescence des attaques houthies contre l’Arabie saoudite. Le 25 mars, ils ont lancé 16 attaques contre des cibles dans le Royaume dont l’une a provoqué un gigantesque incendie dans un site pétrolier à Djeddah (ouest) proche du circuit qui accueillait le Grand Prix de formule 1. Ces attaques n’ont pas fait de victimes. En représailles, l’aviation saoudienne a bombardé des zones contrôlées par les Houthis. La coalition contrôle l’espace aérien et maritime du Yémen et seuls les vols de l’Onu sont autorisés à atterrir à Sanaa.
La trêve conclue cette semaine sera-t-elle respectée et donnera-t-elle lieu à un règlement de la crise au Yémen ?
Dr Abou-Bakr Al-Dessouqi, analyste au Centre des Etudes politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, explique que « toutes les parties ont subi des pertes, et donc cette trêve est l’occasion pour elles de revoir leurs positions et de penser à d’autres solutions autres que la guerre, surtout avec la situation humanitaire désastreuse au Yémen », en insistant sur le rôle de la communauté internationale, surtout les Etats-Unis, pour exercer des pressions sur tous les acteurs du conflit, afin de respecter la trêve et la faire suivre par d’autres actions visant à trouver une issue à la crise.
Plus de garanties
Pour l’émissaire de l’Onu, le succès de cette initiative dépendra de la volonté des belligérants à faire respecter la trêve et à appliquer les mesures humanitaires.
Le président américain, Joe Biden, a salué l’annonce de la trêve, mais a jugé que « ce n’est pas assez », estimant dans un communiqué que « les négociateurs doivent entreprendre la difficile et nécessaire démarche vers un compromis politique pouvant apporter une paix durable à tous les habitants du Yémen ».
Selon l’Onu, le conflit a causé la mort de près de 380 000 personnes, dont une majorité de décès indirects liés à la faim, aux maladies et au manque d’eau potable, tandis que des millions d’autres ont été déplacées. Une grande partie de la population, notamment les enfants, est confrontée à une faim aiguë, avec des situations proches de la famine.
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