Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Hossam Zaki, est arrivé lundi 8 novembre au Liban à la tête d’une délégation diplomatique. La Ligue arabe vient jouer le médiateur dans la s évère crise diplomatique entre le Liban et les pays du Golfe, déclenchée la semaine dernière suite à des propos polémiques du ministre libanais de l’Information, Georges Kordahi, sur l’intervention saoudienne au Yémen. Une crise qui a pris de l’ampleur: l’Arabie saoudite, suivie des Emirats, du Koweït et de Bahreïn ayant retiré leurs ambassadeurs et pris des mesures de rétorsion contre le Liban.
Pour Beyrouth — qui a appelé au dialogue dès la semaine dernière — maintenir de bonnes relations avec les pays du Golfe est, en effet, une urgence. Car la question dépasse de loin la crise diplomatique, le rappel des ambassadeurs ou même les passes d’armes: cette épreuve fait craindre une aggravation de la situation économique, alors que le gouvernement libanais, formé il y a à peine 2 mois, tâtonne pour sortir de la crise. Pour le premier ministre libanais Najib Mikati, le retour de l’aide internationale est essentiel pour relancer l’économie. Et les pays du Golfe sont incontournables. Or, dans la foulée des mesures de rétorsion, Riyad a interdit les importations libanaises. Un coup dur pour une économie libanaise en plein naufrage. En 2020, les importations s’étaient élevées à près de 220 millions de dollars, soit au moins 6% du total des exportations libanaises. En pleine crise économique, Beyrouth ne peut pas se permettre de se passer de ces sommes, encore moins des transferts de la diaspora, qui représentent un tiers du PIB du pays. 500000 Libanais vivent dans les pays du Golfe, dont 350000 en Arabie. Chaque année, un milliard de dollars sont transférés au Liban depuis l’Arabie saoudite. Une bouffée d’oxygène tant pour la population que pour le gouvernement. Si elle devait être affectée, les conséquences seraient désastreuses.
Et les discussions avec le FMI ?
En frappant directement au portefeuille, Riyad rappelle donc aux Libanais que leur complaisance envers le Hezbollah peut leur coûter cher, dans le sens propre du terme, et qu’elle peut être un facteur d’isolement du Liban dans son environnement arabe. Fort heureusement, nul ne veut l’escalade, au contraire. Les Libanais attendent donc avec impatience les résultats de la médiation arabe. Mais ils attendent aussi ceux des négociations avec le Fonds Monétaire International (FMI). Les pourparlers préparatoires ont récemment repris, mais l’on ne sait pas encore si l’aide internationale va être débloquée. La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a rencontré le premier ministre libanais, et a indiqué que son institution reste prête à aider le pays des Cèdres. Sans plus. Le déblocage de l’aide internationale reste conditionné à la mise en place des réformes nécessaires, les réformes économiques et monétaires notamment. Or, nombreux sont ceux qui estiment que la communauté internationale n’accordera pas de « chèque en blanc » au Liban, d’autant plus que Beyrouth n’a pas tenu ses engagements pris lors des conférences de Paris I, II et III, tenues en 2020. Le Liban n’est pas au bout de ses peines.
chiffres
6 % du total des exportations libanaises vont en Arabie saoudite (2020).
500000 Libanais vivent dans les pays du Golfe, dont 350000 en Arabie. Un tiers du PIB du pays provient des transferts de la diaspora.
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