Samedi, 25 janvier 2025
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Tarek Fahmy : On est loin d’un règlement définitif de la crise libanaise

Maha Salem, Mardi, 21 septembre 2021

3 questions à Dr Tarek Fahmy, professeur de sciences politique à l’AUC, sur la situation au Liban.

Al-Ahram Hebdo : Le Hezbollah a annoncé l’arrivée des premiers camions de fioul iranien et continue donc d’agir comme un Etat dans l’Etat …

Dr Tarek Fahmy : Cette attitude est très critique. Le Hezbollah tient à montrer qu’il est plus puissant que l’Etat libanais. Avant la formation du gouvernement, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait demandé à l’Iran de lui envoyer du fioul pour répondre à la crise énergétique et aux pénuries, mais aussi et surtout pour que ces approvisionnements parviennent à ses partisans et aux institutions sous son contrôle (hôpitaux, stations d’essence, etc.). L’Iran a évidemment accepté d’aider son allié et des hommes d’affaires chiites libanais ont payé les frais de transport. Les camions sont arrivés à travers les frontières avec la Syrie contrôlées par le Hezbollah. Le but de Nasrallah est, d’un côté, de montrer sa puissance et, de l’autre, d’augmenter sa popularité. Et la communauté internationale ferme les yeux. Il a dû y avoir un accord tacite : un gouvernement en échange de l’entrée du fioul iranien, puisque l’on sait que le Hezbollah entravait la formation de l’exécutif.

— La Banque du Liban a annoncé le versement de plus de 1 milliard de dollars par le FMI. Est-ce le début de la fin de la crise économique ? Ou bien cela reste-t-il tributaire du climat politique et des réformes attendues ?

— Le Liban a besoin de 12 milliards de dollars pour redresser son économie. Et le versement de ce premier milliard dépend de l’application de certaines réformes. Tout comme la manière dont la somme sera dépensée et qui sera contrôlée par le FMI. Les réformes prendront beaucoup de temps. Il faut relancer le tourisme, reconstruire entièrement le port de Beyrouth. On est donc loin d’un règlement définitif de la crise.

— De vraies réformes en profondeur, notamment sur la question du confessionnalisme, sont-elles illusoires ?

— Bien sûr, mais cette question est très délicate, voire intouchable. Certes, lors des manifestations de ces deux dernières années, des Libanais ont appelé à son annulation. Mais entre ces revendications et l’application concrète, il y a un monde. Le confessionnalisme est un tabou. Tous les aspects de la vie des Libanais tournent autour de cela.

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