L'avenir est incertain aux yeux des enfants syriens.
(Photos: Reuters)
Après des accusations mutuelles d’avoir utilisé des armes chimiques, entre l’opposition et le régime syrien, l’Onu a finalement réussi à envoyer une mission d’inspecteurs. Le mandat de ces derniers, conduits par le Suédois Aake Sellström, est d’évaluer s’il y a eu utilisation d’armes chimiques ou non, mais pas de déterminer qui en est responsable. Ainsi, les experts de l’Onu sont arrivés dimanche dernier à Damas, après l’acceptation par le gouvernement des modalités proposées pour la sécurité et l’efficacité de la mission. Un responsable au ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé que son gouvernement était « prêt à accorder toutes les facilités pour que l’équipe puisse mener à bien sa mission. La Syrie n’a rien à cacher ». Quant à l’opposition, elle a affirmé que les enquêteurs pourraient accéder sans entraves aux sites sous son contrôle où des armes chimiques auraient été utilisées.
Les deux parties en conflit font ainsi preuve de bonne volonté, espérant tirer profit de la mission onusienne pour renforcer leur position. Reste à savoir si cette mission pourra réellement mener à bien sa tâche. L’équipe de l’Onu, composée de plus de 10 inspecteurs, est arrivée moins d’un mois après une première visite de 2 envoyés spéciaux onusiens, Aake Sellström et Angela Kane, consacrée à cette même question, mais qui n’a abouti à rien.
Aussi pour l’heure, on ne sait rien des détails de la mission. Khaled Al-Masri, porte-parole de l’Onu à Damas, a dit ignorer quand les experts débuteront leur mission et dans quels secteurs ils se rendront. De même, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a réaffirmé que l’objectif de l’Onu était une « enquête totalement indépendante et impartiale ».
Plus de soutien international
La question des armes chimiques n’est pas nouvelle. En juillet 2012, le régime du président Bachar Al-Assad avait reconnu pour la première fois posséder des armes chimiques, menaçant de les utiliser en cas d’intervention militaire occidentale, mais « jamais contre sa population ». En première réaction, le président américain, Barack Obama, avait alors affirmé que l’utilisation de telles armes reviendrait à franchir une « ligne rouge ». L’opposition mise ainsi sur la mission de l’Onu, pour prouver que cette ligne rouge a été franchie et avoir plus de soutien international pour faire chuter le régime de Bachar Al-Assad.
Parallèlement à cette tentative, l’Armée Syrienne Libre (ASL) essaie aussi de gagner la bataille sur le terrain. Lançant un nouvel appel à la communauté internationale, le chef de la Coalition syrienne, principale composante de l’opposition, a demandé aux pays le soutenant de fournir des armes modernes aux rebelles de l’ASL. « Avant nous combattions une armée du régime, affaiblie et découragée, sujette à de nombreuses défections. Aujourd’hui nous combattons une armée possédant les armes les plus sophistiquées et conduite par les gardiens de la révolution, le Hezbollah », a justifié le chef de l’opposition syrienne, Ahmad Jarba.
Quant à la question des armes chimiques, le débat est loin d’être tranché. Pour le moment, l’Onu n’a reçu l’autorisation de Damas pour enquêter que sur 3 sites. Les experts devraient se rendre à Khan Al-Assal près d’Alep (nord), où le régime affirme que les rebelles ont fait usage d’armes chimiques le 19 mars, tuant au moins 26 personnes, dont 16 soldats syriens. En revanche, l’autre camp, l’opposition a accusé le régime du président Assad d’avoir commis cette attaque. Les deux autres sites seraient Ataybah près de Damas, où une attaque avait été signalée en mars, et Homs, pour une attaque suspecte le 23 décembre dernier. L’Otan et les Etats-Unis mettent en garde contre le recours à ces armes, qui entraînerait « une réaction internationale immédiate », un responsable américain affirmant que le régime de Damas mélange les composants nécessaires à la militarisation du gaz sarin.
Essayant de satisfaire la communauté internationale, Damas avait demandé une enquête de l’Onu dès le mois de mars, mais insistait pour qu’elle se concentre uniquement sur le site de Khan Al-Assal. Ban Ki-moon souhaitait, par contre, un accès plus large et des enquêtes sur d’autres sites. Selon l’Onu, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis lui ont signalé 13 attaques à l’arme chimique. Ces 3 pays ont affirmé que les attaques ont été le fait des troupes d’Assad, alors que la Russie, principale alliée du régime syrien, a affirmé que son enquête a révélé l’emploi de gaz sarin par les rebelles à Khan Al-Assal.
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