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Khaled Al-Bialy : Un report des élections n’est pas exclu

Maha Salem, Mardi, 07 septembre 2021

Les Libyens pourront-ils organiser les élections générales le 24 décembre prochain comme prévu malgré les nombreux obstacles qui persistent ? Dr Khaled Al-Bialy, chercheur au CEPS d’Al-Ahram, tente d’y répondre.

Un report des élections n’est pas exclu
La ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Al-Mangoush, a affirmé, mardi 31 août à Alger, que la réunion ministérielle des pays voisins de la Libye avait adressé « un message clair de soutien à la Libye. (Photo : AFP)

Al-Ahram Hebdo : De violents affrontements à l’artillerie lourde ont éclaté il y a quelques jours entre deux unités de l’armée près de Tripoli. Que signifie cela ?

Dr Khaled Al-Bialy : Ces affrontements sont importants pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la force militaire des combattants montre qu’ils sont bien équipés et bien financés. Ces affrontements ont eu lieu entre les milices armées avec de lourdes armes et des chars. Les milices ont bloqué les routes et ont occupé des quartiers dans la capitale. Ces milices font partie de l’armée formée par le premier ministre, Abdel-Hamid Dbeibah. Ce dernier a voulu profiter des combattants étrangers présents en Libye en les rassemblant en un seul camp pour les intégrer plus tard dans l’armée nationale libyenne. Ces combattants ont voulu exprimer leur colère, car ils n’ont pas été payés depuis 2 mois, ils ont voulu montrer leur capacité de menacer la sécurité du pays. Ces affrontements montrent que le premier ministre est incapable de contrôler ces forces. De même, le timing de ces affrontements est un indice important, car ils interviennent à l’approche de la date prévue pour la tenue des élections.

— Justement, l’échéance approche, et avec elle, se multiplient les craintes de ne pas pouvoir tenir les élections et les conséquences que cela peut avoir …

— En effet, tout le monde se demande s’il sera possible d’organiser les élections à la date prévue. La stabilité et la sécurité sont les critères essentiels pour la tenue du scrutin. Mais les affrontements de Tripoli laissent planer le doute sur cela, et si c’est le cas à la capitale, la situation dans le reste du pays risque d’être pire dans la période à venir. Il faut noter que la Mission d’appui des Nations-Unies en Libye a appelé les autorités à assumer leurs responsabilités en assurant la protection des civils et en exerçant un contrôle sur leurs unités armées. Ce qui signifie que la communauté internationale exercera de fortes pressions pour la tenue des élections en décembre prochain. D’ailleurs, l’ambassadeur des Etats-Unis à Tripoli a rappelé que la stabilité en Libye passe par l’impératif de tenir les élections générales à leur date prévue. Aussi, ces affrontements ont eu lieu au lendemain de la réunion ministérielle des voisins de la Libye qui s’est tenue en Algérie.

— Et quel était le résultat de cette réunion ?

— Tenue la semaine dernière, cette réunion avait pour objectif d’aider les Libyens à parachever le processus de réconciliation nationale à travers, notamment, la tenue, dans les délais, des élections générales. Mais elle n’a pas donné lieu à des décisions précises. Le plus important est que les pays voisins ont accepté de surveiller les élections et qu’ils vont envoyer des observateurs pour superviser le scrutin et garantir sa transparence, et ce, afin que les résultats soient légitimes et reconnus par la communauté internationale.

— La communauté internationale fait pression pour la tenue des élections générales, mais comment le gouvernement s’y prépare-t-il ?

— Suite aux affrontements de cette semaine, le premier ministre a déclaré que l’unification des institutions sécuritaires est le seul moyen qui garantira la tenue des élections dans de bonnes conditions. Il a demandé à tous les camps d’obéir aux décisions du gouvernement pour que ce dernier tienne entre ses mains toutes les responsabilités et pour qu’il puisse contrôler la situation. Il a répété que l’unification des institutions est primordiale, que ce soit les institutions sécuritaires ou financières, et ce, pour sauver l’économie. Mais il a admis que cette unification des institutions sécuritaires est difficile à réaliser. Le premier obstacle est la diversité des nationalités au sein des groupes armés présents sur le terrain. Le problème des mercenaires reste un gros obstacle, il y a les djihadistes envoyés par la Turquie, ceux qui ont combattu en Syrie, il y a aussi des Iraqiens, des Tchadiens et d’autres nationalités. Alors, ils n’ont aucune loyauté envers l’Etat libyen. Et il y a aussi les différentes tribus et factions, nombreuses et bien organisées. Bref, les obstacles sont nombreux.

— Quels sont les scénarios prévus ?

— Le premier scénario est le report des élections de six mois, surtout si des affrontements comme ceux de cette semaine se répètent. La ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Al-Mangoush, n’a pas écarté la possibilité d’un report des élections si le parlement tardait à entériner la loi électorale. Le parlement examine la loi électorale. Les dirigeants libyens insistent sur le cadre juridique pour que les résultats soient approuvés. Autre scénario, la tenue des élections d’une façon séparée, c’est-à-dire région par région, pour garantir la sécurité. Le premier ministre doit négocier avec les chefs des tribus et des factions libyennes pour les faire intervenir dans l’opération électorale et leur garantir une tenue réussie du scrutin.

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