Sur les quelque 24 millions d’électeurs algériens appelés aux urnes, samedi 12 juin, pour élire les 407 députés de l’Assemblée populaire nationale (parlement) pour cinq ans, seuls 30,2 % ont participé au scrutin, selon le président de l’Autorité Nationale Indépendante des Elections (ANIE), Mohamed Charfi. Peu importe, estime le président algérien, Abdelmadjid Tebboune. « Pour moi, le taux de participation n’a pas d’importance. Ce qui m’importe, c’est que ceux pour lesquels le peuple vote aient une légitimité suffisante », a-t-il déclaré.
Un taux de participation faible mais attendu, vu que le mouvement contestataire du Hirak et une partie de l’opposition ont décidé de boycotter ces élections anticipées, les premières législatives depuis le soulèvement populaire du Hirak, né le 22 février 2019, du rejet d’un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, poussé près de deux mois plus tard à la démission, après 20 ans de règne, et qui réclame un changement radical du « système » de gouvernance en place depuis l’indépendance (1962). Comme le Hirak, l’opposition laïque et de gauche a boycotté le scrutin. Un boycott expliqué par plusieurs raisons: la crise économique qui secoue le pays (les finances publiques sont exsangues, avec notamment une chute de 80% des réserves de devises étrangères depuis 2013, et un déclin des revenus énergétiques, principalement pétroliers, ces dernières années), mais aussi la répression du Hirak et l’arrestation de plusieurs centaines de ses figures.
En attendant l’annonce des résultats officiels prévue dans les prochains jours, « le Mouvement de la Société pour la Paix » (MSP, parti à mouvance islamiste) a proclamé sa victoire. Dans son communiqué signé par son président Abdelrazak Makri, le MSP « met en garde contre les nombreuses tentatives de modifier les résultats du scrutin comme cela se faisait avant ». « Nous prévenons que les conséquences seront dommageables pour l’avenir du pays et le futur de l’action politique et électorale », prévient ce parti, principale formation de l’opposition parlementaire, qui avait décidé de participer au scrutin. « Nous appelons le président de la République (Abdelmadjid Tebboune) à faire respecter la volonté populaire exprimée ainsi qu’il l’a promis », insiste le texte, alors que le MSP fait état de « tentatives » de fraude afin de « modifier les résultats de l’élection », ce qui pourrait avoir, selon lui, de « mauvaises conséquences » sur le pays, et « l’avenir de l’action politique et des élections ». Un autre parti, le Front de Libération Nationale (FLN), plus vieille formation politique en Algérie, a lui aussi revendiqué la victoire dans une déclaration annoncée par son président, Aboul-Fadl Baadji, tout en faisant savoir que son parti était à la tête des partis participants aux élections. Mais aucun résultat, même provisoire, n’a encore été annoncé par l’Autorité nationale indépendante des élections. Une déclaration de son président, Mohamed Chorfi, était prévue au lendemain du scrutin, mais elle a été repoussée. En raison du dépouillement « compliqué », il avait fait savoir, samedi 12 juin, que les résultats officiels pourraient ne pas être annoncés avant plusieurs jours .
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