Les mouvements palestiniens rivaux, le Fatah et le Hamas, ont annoncé, jeudi 24 septembre, être parvenus à un accord visant à résoudre plusieurs points d’achoppement dont le plus important, l’organisation des élections générales d’ici à 6 mois. Le président de l’Autorité palestinienne doit annoncer, samedi 3 octobre, les dates des deux scrutins présidentiel et législatif, qui, s’il a lieu, sera le premier depuis 2005. Réunis en Turquie, le Fatah, à la tête de l’Autorité palestinienne basée à Ramallah en Cisjordanie occupée, et le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, se sont mis d’accord sur la tenue en premier lieu des élections législatives, puis de l’élection du président de l’Autorité palestinienne et, enfin, des élections du conseil central de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) au cours des six prochains mois. Au cours des 15 dernières années, ces élections ont été reportées plusieurs fois, faute de consensus.
« Les deux parties semblent avoir décidé de laisser de côté leurs différends et leurs intérêts personnels, car les divisions palestiniennes constituent un vrai obstacle à la question palestinienne », indique Dr Tarek Fahmy, politologue et professeur de sciences politiques à l’Université du Caire et à l’Université américaine du Caire. « Il est vrai que les deux rivaux ont déjà signé plusieurs accords de réconciliation, dont le dernier en 2017 au Caire, et que tous ces accords sont restés lettre morte. Mais, cette fois, on peut dire qu’il y a une lueur d’espoir, car c’est peut-être leur dernière chance de réconciliation. En plus, les deux camps sont aujourd’hui conscients qu’ils se sont affaiblis, épuisés économiquement et politiquement de cette division qui est restée longtemps sans règlement. Les deux vont présenter des concessions. Le Hamas a peur d’être touché indirectement par les sanctions imposées sur ses alliés, l’Iran et le Hezbollah », explique Dr Tarek Fahmy.
L’OLP, signataire des accords de paix d’Oslo avec Israël, regroupe de nombreuses factions palestiniennes, y compris le Fatah, mais pas le Hamas. Or, l’accord commun de jeudi prévoit que le Hamas pourrait joindre ce regroupement. Un pas important, alors que le bras de fer entre les deux camps avait donné lieu à des affrontements armés.
La dernière élection présidentielle palestinienne remonte à 2005. A l’époque, le successeur de Yasser Arafat à la tête du Fatah, Mahmoud Abbas, aujourd’hui âgé de 84 ans, avait remporté le scrutin avec 62% d’appuis et dirige depuis l’Autorité palestinienne. Un an plus tard, le Hamas avait remporté les législatives, mais ces résultats avaient envenimé les relations entre les deux camps. Depuis, les deux camps sont à couteaux tirés. « C’est un pas en avant, mais qui doit être encadré par une médiation les poussant à appliquer le plan de réconciliation. Une difficulté demeure: le délai de 6 mois, c’est trop court », explique Dr Tarek Fahmy.
Avant les réunions tenues en Turquie, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a organisé une réunion à Ramallah groupant des hauts responsables des 14 principales factions palestiniennes pour la première fois depuis près d’une décennie. Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Djihad islamique, Ziyad Al-Nakhalah, se sont joints par vidéoconférence depuis Beyrouth. Dans son discours à la fin de cette réunion, Abbas a appelé à la formation d’un comité de suivi ainsi qu’à un dialogue national pour créer les mécanismes qui mettront fin à la division. Cette réunion a porté sur les efforts de réconciliation entre les Palestiniens et sur la décision des Emirats et de Bahreïn de normaliser leurs relations avec Israël.
D’ailleurs, l’accord n’est pas sans lien avec cette normalisation. Jibril Rajoub, un haut responsable du Fatah, a déclaré: « Nous nous sommes mis d’accord pour la tenue des élections générales. Cet accord intervient alors que les factions palestiniennes tentent d’unir leurs forces pour contrer la normalisation des relations entre Israël et des pays du Golfe ». « Nous sommes parvenus cette fois à un vrai consensus. Les divisions ont causé du tort à notre cause nationale et nous travaillons à y mettre fin », a indiqué, de son côté, Saleh Al-Arouri, un cadre du Hamas.
Parallèlement à l’accord de réconciliation, Mahmoud Abbas a réclamé, vendredi 25 septembre, à l’Onu une conférence internationale sur le conflit israélo-palestinien début 2021, dans l’espoir d’un nouveau départ. « Cette conférence doit avoir toute l’autorité nécessaire pour lancer un processus de paix sincère sur la base du droit international, en vue de mettre fin à l’occupation israélienne », a dit le président palestinien.
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