Cinq semaines après la gigantesque explosion qui a ravagé le port de la capitale libanaise, un incendie est venu détruire ce qui reste, ou presque. L’incendie a pris jeudi 10 septembre dans un entrepôt utilisé notamment par la Croix-Rouge internationale pour stocker des milliers de colis alimentaires et un demi-million de litres d’huile. Il n’a été maîtrisé que le lendemain, après avoir détruit de l’aide humanitaire cruciale et ravivé le douloureux traumatisme d’une population sous le choc après l’explosion dévastatrice du 4 août dernier. « L’incendie ne peut en aucun cas être justifié », a tweeté vendredi 11 septembre le premier ministre libanais désigné, Moustapha Adib, qui planche sur la formation d’un nouveau gouvernement, le précédent ayant démissionné dans la foulée de l’explosion. Il a plaidé pour que les responsables « rendent des comptes », « une condition essentielle pour empêcher que de tels événements douloureux ne se reproduisent ».
Pas suffisant pour les Libanais : l’explosion puis l’incendie du port ont attisé la colère de la population, fustigeant une classe dirigeante quasi inchangée depuis des décennies et jugée responsable de cette catastrophe de par sa corruption et son incompétence. Samedi 12, d’ailleurs, des manifestants contre le président Michel Aoun ont fait face à ses partisans à Beyrouth. Malgré le déploiement de centaines de militaires, dont des commandos de l’armée et des policiers anti-émeute, la tension était forte sur la route menant au palais présidentiel. Les contestataires ont accroché des potences sur l’un des panneaux routiers traversant une autoroute menant au palais présidentiel, réclamant justice pour les victimes de la catastrophe du 4 août, qui a fait 192 morts et plus de 6 500 blessés. Et ce ne sont pas que les Libanais qui s’impatientent. Le commissaire européen chargé de la gestion des crises, Janez Lenarcic, a appelé, samedi 12, à la formation dans les plus brefs délais d’un gouvernement « crédible », condition sine qua non au déblocage de la deuxième phase de soutien de l’Union Européenne (UE) à un Liban en crise. Arrivé à Beyrouth à bord d’un vol humanitaire, le troisième affrété par l’UE après l’explosion dévastatrice début août au port n’a pas mâché ses mots : « La phase suivante sera celle de la reconstruction mais elle devra aller de pair avec des réformes, car la communauté internationale n’est pas disposée à soutenir les pratiques qui ont conduit à l’effondrement financier et à la crise économique. La classe politique libanaise doit répondre aux demandes des gens, et c’est aussi ce que la communauté internationale attend ».
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